L’Etat pourrait-il racheter les autoroutes ?

L’Etat pourrait-il racheter les autoroutes ?
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152 députés le souhaitent. Le coût serait lourd (35 à 40 milliards d’euros avec la dette), mais les confortables dividendes servis par les sociétés d’autoroutes permettraient de rembourser rapidement l’investissement

L’Etat pourrait-il racheter les autoroutes ?
Crédit photo © Reuters

Les autoroutes n'en finissent pas de provoquer des débats. Après l’avis de l’Autorité de la concurrence dénonçant la rente des concessionnaires, c’est cette fois du côté de l’Assemblée que la pression est mise. 152 députés réclament au gouvernement le rachat des concessions, selon un courrier révélé par Les Echos.

Au-delà du symbole politique, on peut toutefois se demander si une telle opération serait réalisable d’un point de vue financier.

15 milliards d’euros au minimum... sans la dette

Concernant le prix, les six sociétés privatisées par le passé (APRR, AREA, ASF, ESCOTA, SANEF et SAPN) ont été vendue en 2006 pour 14,8 milliards d’euros. En se basant sur ce prix, l’Etat devrait donc débourser au minimum autour de 15 milliards d’euros, voire 20 milliards d’euros selon certains médias si on intègre une plus-value.

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Bien entendu ces sociétés sont endettées. Leur dette approche des 21 milliards d’euros si l’on se réfère à l’avis de l’autorité de la concurrence (23,8 milliards d’euros) et que l’on retranche la dette de Cofiroute (2,86 milliards d’euros), qui a toujours été une société privée.

Le coût total d’un rachat serait donc compris entre 36 milliards et 41 milliards d’euros dette comprise.  Inutile de dire que cela viendrait inévitablement alourdir la dette de l’Etat (d’au moins 550 euros par habitant), dans une période où la maîtrise de l’endettement public constitue un défi.

Un PER voisin de 10

Comment l’Etat pourrait-il amortir cette charge supplémentaire ? Difficile à dire sans avoir une vue précise des cash-flows. Toutefois, l’Autorité de la concurrence a déjà estimé que les cash-flows des sociétés d’autoroutes leur permettront de rembourser aisément leur dette d’ici à la fin des concessions. On peut donc supposer que la situation serait la même en cas de reprise par l’Etat... et par conséquent s’intéresser uniquement aux 15 à 20 milliards à débourser pour un rachat du capital.

Face à un chiffre d’affaires cumulé de 7,55 milliards d’euros, l’Autorité de la concurrence a estimé entre 20% et 24% la rentabilité nette des autoroutes en 2013, soit 1,5 milliard à 1,8 milliard d’euros de résultats nets cumulés par an. En milieu de fourchette, un prix d’achat de 15 à 20 milliards d’euros équivaudrait donc à 10 ans et demi de bénéfices.

9 à 12 ans pour couvrir l’achat via les dividendes

Depuis leur privatisation, ces mêmes sociétés ont par ailleurs distribué en moyenne 1,8 milliard d’euros de dividendes par an, selon l’Autorité de la concurrence. En supposant un maintien de ce niveau de distribution, et au vu des taux auxquels l’Etat emprunte aujourd’hui, on peut alors calculer qu’il suffirait de 9 à 12 ans pour que l’Etat rembourse un rachat des autoroutes.

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