Les "Cent Jours" feront assez peu pour le pouvoir d’achat des Français

Les "Cent Jours" feront assez peu pour le pouvoir d’achat des Français
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Le gouvernement promet de nouvelles baisses d'impôt pour les classes moyennes, sans donner plus de précisions. Le pic d'inflation s'éloigne un peu plus.

Les "Cent Jours" feront assez peu pour le pouvoir d’achat des Français
Crédit photo © iStock

Il faut reconnaître que la nouvelle feuille de route d'Elisabeth Borne ne manque pas d'envergure. Les Cent Jours tracés par la Première ministre pour tourner la page de la réforme des retraites présentés cette semaine couvrent un spectre très large de domaines, avec d’ambitieux objectifs : de la « refondation » des services publics à « l’accélération de la transition énergétique », en passant par la réindustrialisation et le plein emploi... Rien de véritablement nouveau toutefois en matière de priorité politique, alors que cette feuille de route reprend pour l’essentiel des engagements de campagne d’Emmanuel Macron à sa réélection.

Avec l’inflation galopante, cependant, et l’envenimement du dialogue social dû à la réforme des retraites, ces derniers mois, le gouvernement s'est résolu à y intégrer de nouvelles promesses en faveur du pouvoir d’achat. Pris entre la volonté de renouer le dialogue social, et celle de sortir de politique du "quoi qu’il en coûte", ses annonces n’augurent pas de mesures choc dans les prochains mois.

Une nouvelle promesse de baisses d'impôts

On retiendra de la feuille de route d’Elisabeth Borne la promesse de nouvelles baisses d’impôts pour les classes moyennes « d’ici la fin du quinquennat », sans plus de précisions. Après la suppression de la taxe d’habitation, de la redevance audiovisuelle, celles-ci pourraient passer par une nouvelle révision des tranches du barème de l’impôt sur le revenu – déjà réajusté en 2020 - le prolongement de dispositifs d’allègements fiscaux – avec un ciblage davantage favorable à ces classes moyennes – ou encore l’allègement des droits de succession, une mesure promise par Emmanuel Macron mais dont le gouvernement avait annoncé en fin d’année dernière qu’elle serait reportée dans la seconde partie du quinquennat en raison de son coût.

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"Clause d'impact classe moyenne"

La forme que prendra cet allègement fiscal s’appuiera notamment sur une « clause d’impact classe moyenne » que Gabriel Attal souhaite intégrer dans la prochaine loi de finance pour « mesurer l’impact de nos décisions sur les classes moyennes et de décider en conséquence ».

Le lancement d’une consultation publique sur la destination des impôts des Français offriront à Matignon et à Bercy un second baromètre de l’opinion publique, avec laquelle le gouvernement doit absolument renouer pour accélérer le rythme de ses réformes.

Renégocier les prix de l'alimentaire

Sur le volet du pouvoir d’achat, outre cette promesse de baisses d’impôt, la Première ministre a tapé du poing sur la table pour que de nouvelles négociations entre la grande distribution et les industriels ces prochaines semaines puissent aboutir à un ralentissement des prix dans les rayons alimentaires – impactés par une inflation de près de 16% en un an - mais le semi-échec des consultations, ces derniers mois, entre la filière et le gouvernement, sur un panier "anti-inflation", ont déjà montré le peu de poids des "exigences" de l’Etat face à ces entreprises.

Déjà prévu initialement, le maintien du bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie jusqu’à la fin 2023 devrait encore protéger les ménages d’une partie de la hausse des cours du gaz, qui restent encore supérieur à leur niveau d’avant la guerre en Ukraine.

Enfin, la transposition légale de l’accord entre les partenaires sociaux sur le "partage de la valeur", qui tend à développer les dispositifs d’épargne salariale, en particulier dans les petites entreprises, est promise « avant l’été ».

Un pouvoir d'achat sous la pression d'une inflation toujours galopante

Il fait peu de doutes que ces annonces ne suffiront pas à elles seules à endiguer autant qu’en 2022 l’impact de la hausse des prix sur le pouvoir d’achat des ménages. Si ce dernier avait été relativement épargné l’année dernière (-0,2% par unité de consommation) grâce à un dispositif de soutien assez complet (bouclier tarifaire gaz-électricité, remise à la pompe, chèques énergie exceptionnels, primes défiscalisées, plafonnement des hausses de loyers…), l'allègement d'une partie des aides publiques et la disparition d’une autre partie, à une période où l’inflation se concentre sur le poste alimentation, vont peser plus fortement sur le budget des Français en 2023.

D'autant que l'accalmie de la hausse des prix pourrait arriver plus tard que prévu : publiés ce vendredi matin, les données provisoires de l'Insee font état d'un rebond de l'inflation en avril, à +5,9%, contre +5,7% en mars !

Si le gouvernement prévoit +4,9% en moyenne sur l’année, cette projection est considérée par le Haut conseil des Finances publiques comme relativement optimiste. Certains instituts économiques, comme Rexecode ou l’OFCE, tablent encore sur des projections d'inflation supérieures à 5%, voire proches des 6%...

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