Réforme des retraites : l'exécutif face au bras de fer social

Réforme des retraites : l'exécutif face au bras de fer social
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La Première ministre a indiqué mardi soir que le report serait progressif, de trois mois par an, à partir de septembre prochain. Opposés à tout décalage de l'âge de départ, les syndicats ont annoncé une journée de grève le 19 janvier.

Réforme des retraites : l'exécutif face au bras de fer social
Crédit photo © iStock

B.V. avec Reuters

La Première ministre a présenté son projet de réforme des retraites ce mardi 10 janvier à l'occasion d'une conférence de presse, en annonçant, comme attendu, l'intention du gouvernement de reporter l'âge légal du départ en retraite à 64 ans.

L'exécutif souhaite le relever progressivement, à raison de trois mois par an à partir de septembre prochain, sur une durée de huit ans, pour atteindre 64 ans en 2030.

Ce report de l'âge légal s'accompagnera d'une accélération de la réforme Touraine, qui prévoit de porter la durée des cotisations à 43 ans (172 trimestres), d'ici à 2027, et l'âge de la décote restera inchangé à 67 ans.

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C'est un moment de vérité, a souligné Elisabeth Borne lors d'une conférence de presse, ajoutant que les concertations menées depuis octobre avec les partenaires sociaux et les forces politiques avaient permis d'amender la mesure d'âge.

Ce projet est meilleur qu'il n'était il y a six mois, a-t-elle estimé.

Nous avons examiné les différentes hypothèses [...] et regardé de près les propositions de chacun, notamment l'amendement voté depuis plusieurs années par le Sénat", a-t-elle déclaré pour expliquer avoir finalement retenu 64 ans plutôt que les 65 ans initialement prévus par le président de la République dans son programme électoral.

Dire que l'équilibre du régime n'est plus assuré n'est pas une posture. C'est un constat. (...) Il y a une réalité que chacun connaît : le nombre de ceux qui cotisent pour les retraites diminue par rapport au nombre de retraités. C'est un fait, pas un argument politique, a-t-elle souligné.

Selon le ministère du Travail, le déficit du régime de retraites pourrait atteindre 13,5 milliards d'euros en 2030, puis 43,9 milliards en 2050.

Carrières longues

Madame Borne a également annoncé un dispositif spécifique pour les carrières longues, avec un âge de départ anticipé pour les personnes ayant débuté leur carrière avant leur 20 ans. Pour une personne ayant commencé à travailler à 16 ans, par exemple, le gouvernement prévoit un âge de départ à compter de 60 ans.

Un ensemble de dispositions à l'intention des travailleurs exposés à des difficultés particulières ont été précisées par le ministre du Travail, Olivier Dussopt, comme le maintien du départ à taux plein à 62 ans pour les assurés en invalidité ou inaptitude, à 50 ans pour les travailleurs exposés à l'amiante, et à 55 ans pour les travailleurs en situation de handicap.

La nécessité d'améliorer l'emploi des seniors, a également été soulignée : Nous allons faciliter les transitions entre la retraite et le travail, le cumul emploi-retraite. Un retraité pourra demander une revalorisation de sa pension, ce qui n'est pas possible aujourd'hui, a expliqué le ministre du Travail.

Fin des régimes spéciaux

Certaines catégories de travailleurs, comme les militaires et les fonctionnaires, sapeurs pompiers, policiers, aides soignants de la fonction publique hospitalière pourront par ailleurs toujours partir de façon anticipée, a indiqué la Première ministre. Mais elle a également annoncé son intention de mettre fin aux principaux régimes spéciaux pour les nouveaux embauchés. Sont notamment concernés les employés de la RATP, d'EDF, de la Banque de France, les clercs de notaire.

Revalorisation de la pension minimale pour tous ?

Concernant la pension minimale à 85% du Smic net, soit environ 1.200 euros, celle-ci sera appliquée dès cette année, et indexée. Alors que le gouvernement avait d'abord envisagé d'exclure les retraités actuels de cette revalorisation, la Première ministre a déclaré ce soir que tous les retraités, finalement, en bénéficieraient, mais que cette mise en place demandera des travaux complémentaires".

La réforme, attendue en conseil des ministres le 23 janvier, sera présentée à l'Assemblée nationale début février dans un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, un véhicule législatif souple qui permet de limiter les débats dans le temps.

Le gouvernement table sur une adoption en mars et la mise en œuvre des principales mesures au 1er septembre.

Mobilisation sociale le 19 janvier

La gauche et l'extrême droite ont déjà annoncé leur opposition au projet, tandis que le gouvernement devrait compter sur le support de la droite, alors que le contenu du projet présenté est proche des propositions du Sénat. Un soutien qui devrait se faire non sans tractations : le président de LR, Eric Ciotti souhaite une réforme sur deux quinquennats avec un âge légal porté à 64 ans en 2032, une étape intermédiaire à 63 ans en 2027 et une clause de revoyure à cette échéance.

Du côté des partenaires sociaux, la riposte des organisations syndicales a été immédiate : CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires ont annoncé mardi soir, à l'issue d'une réunion à Paris, une journée de grèves et de manifestations le jeudi 19 janvier. Une mobilisation approuvée par six Français sur dix, selon un sondage Elabe pour BFM réalisé après les annonces de la Première ministre hier soir.

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