Pauvreté : les centres-villes concentrent les inégalités

Pauvreté : les centres-villes concentrent les inégalités

Le taux de pauvreté y dépasse les 19%, soit 5 points de plus que dans l’ensemble de la métropole. Les écarts entre riches et pauvres y sont aussi plus flagrants

Pauvreté : les centres-villes concentrent les inégalités
Crédit photo © Reuters

Les études sur les revenus des ménages ont souvent une portée générale qui limite la finesse de l’analyse. Même si elles se réfèrent à 2012, les données publiées ce mardi dans la revue Insee Première apparaissent donc d’autant plus intéressantes. Pour la première fois, les auteurs ont en effet utilisé un nouveau dispositif qui permet une observation plus fine... jusqu’à l’échelle de la commune. Il en ressort que les centres villes des grands pôles urbains constituent un creuset d’inégalités.

Un taux de pauvreté qui flirte avec les 20%

Premier constat, le taux de pauvreté (voir définitions) dans les grands pôles urbains atteint 16,1%, soit bien plus que la moyenne nationale de 13,9%. Pire encore, il grimpe à 19,5% dans les villes qui constituent le cœur de l’agglomération.

La proche banlieue est quant à elle dans la moyenne tandis que la couronne des grands pôles urbains est bien moins touchée par la pauvreté (8,8%). Autrement dit, le taux de pauvreté est généralement deux fois plus élevé dans les cœurs d’agglomérations que dans les couronnes urbaines. A Mulhouse, l’écart est encore plus impressionnant avec des taux de pauvreté de 30% dans le centre-ville et de 4% en couronne.

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Une pauvreté plus intense

L’intensité de la pauvreté offre un autre angle d’approche. Elle mesure l’écart entre le seuil de pauvreté et le niveau de vie moyen des personnes pauvres. Sur l’ensemble du territoire, les personnes pauvres vivent en moyenne avec 20,5% de moins que le seuil de pauvreté (11.844 euros par personne). Mais dans les grands pôles urbains, l’écart passe à 22,1%, et même à 23,1% dans les villes-centres. A Paris par exemple, l’intensité de la pauvreté atteint 27,4%.

A l’inverse, l’intensité de la pauvreté est beaucoup moins élevée dans les couronnes urbaines (18,1%).

De forts écarts entre riches et pauvres

Mesurer les inégalités nécessite enfin de comparer la situation des personnes les plus pauvres à celle des plus aisées. Or, là encore les grands pôles font office de mauvais élèves. A l’échelle nationale, les 10% de Français les plus riches ont des revenus au minimum 3,5 fois plus élevés que ceux des 10% les plus pauvres.

Le rapport monte à 4 dans les grandes agglomérations et à 4,3 dans leur ville centrale tandis qu’il se limite à 2,9 dans les couronnes urbaines.

Des structures de revenus différentes

Du fait de ces différences, les aires urbaines ont aussi quelques particularités en matière de structures de revenus de leurs habitants. Dans les grandes villes, les 10% d’habitants les plus pauvres ont en moyenne des revenus constitués à 46% de prestations sociales, alors que sur l’ensemble du pays cette part se limite à 42%.

A l’autre bout de l’échelle, les plus riches obtiennent 25% de leurs revenus grâce à leur patrimoine. Mais la proportion passe à 30% dans les villes au cœur des pôles urbains.

Définitions

Ville-centre : ville qui constitue le cœur de l’agglomération

Pôle urbain : ville-centre et banlieue

Couronne urbaine : zone d’influence du pôle urbain

Niveau de vie : revenu disponible par personne du ménage (selon la règle de l’unité de consommation)

Seuil de pauvreté : niveau correspondant à 60% du revenu médian

Taux de pauvreté : part des ménages sous le seuil de pauvreté

Intensité de la pauvreté : écart entre le revenu moyen des ménages pauvres et le seuil de pauvreté

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