L’Etat pourrait-il réellement geler les salaires ?

L’Etat pourrait-il réellement geler les salaires ?
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Un rapport franco-allemand le préconise. Mais si l'Etat a évidemment la main sur les rémunérations du secteur public, il lui est plus difficile de contrôler les salaires versés dans le privé

L’Etat pourrait-il réellement geler les salaires ?
Crédit photo © Reuters

Le rapport a fait réagir. Selon l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel », un rapport franco-allemand commandé par Berlin et Paris suggère d’assouplir les 35 heures et de geler les salaires pendant 3 ans pour redresser la compétitivité.

Bien entendu, il ne s’agit que d’un rapport et Bercy précise qu’il ne s’agit pas de propositions gouvernementales. Mais ce rapport soulève également une autre question : quelle peut être l’influence réelle de l’Etat sur les politiques salariales ?

Gel du point des fonctionnaires

Naturellement, l’Etat peut agir en premier lieu sur ses propres agents, en gelant la valeur du point d’indice (qui sert au calcul des rémunérations). Le gel est d’ailleurs de mise depuis 2010 et le gouvernement prévoit de le maintenir jusqu’en 2017.

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Autrement dit, du côté des fonctionnaires, le gel des salaires est déjà une réalité. Sur ce plan, la mise en place des suggestions du rapport n’apporterait donc rien de nouveau.

Une capacité de décision sur le Smic

Le gouvernement dispose d’un autre moyen d’action au travers du Smic. En théorie, il pourrait en effet choisir de ne plus revaloriser le Smic. Cela nécessiterait toutefois de changer la règle, qui lie le Smic à l’inflation subie par les 20% de ménages les plus modestes.

Compte tenu de la faible inflation actuelle, les revalorisations à venir devraient en tout cas être limitées et décider de faire encore moins en bloquant le Smic constituerait un pari politique risqué pour le gouvernement dans une période où les ménages modestes connaissent des difficultés.

Peu de moyens de contrôle sur le privé

En dehors du cas du Smic sur les bas salaires, l’Etat a en revanche peu de moyens de contrôle sur les salaires du privé. Les entreprises peuvent décider librement de leur politique salariale.

Le salaire constitue un élément de fidélisation et un argument lors des recrutements, notamment pour les postes soumis à une forte concurrence. Pour 2015, en dépit des difficultés économiques, les entreprises prévoient d’ailleurs des augmentations moyennes de 2%. Difficile d’en ces conditions d’imaginer des entreprises bloquant les salaires de manière autoritaire, quitte à voir partir leurs meilleurs éléments.

Dans les faits, annoncer un gel des salaires risquerait donc avant tout de créer un système à deux vitesses avec d’un côté des fonctionnaires et des bas salaires sous pression et de l’autre des salaires toujours en hausse pour les emplois du privé les plus qualifiés et les plus recherchés.

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