Toujours sous-estimées les dernières prévisions d’inflation du Gouvernement à +4,9% en moyenne cette année et +2,6% en 2024 ? « Un peu », répond le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) dans un avis sur les prévisions macroéconomiques sur lesquelles repose le programme de stabilité budgétaire 2023-2027.
Chargé de vérifier la cohérence de la trajectoire de retour à l’équilibre des finances publiques avec les engagements européens, le Haut Conseil des finances publiques note que même si l’évolution des prix mesurée en glissement annuel devrait commencer à se replier dans le courant de l’année 2023, le reflux attendu par l’exécutif paraît rapide.
Prix des produits alimentaires et salaires
Alors que l’inflation était proche de 6% au premier trimestre 2023, le HCFP estime en effet qu’un tassement aussi important, en dépit de l’atténuation des tensions sur les prix des matières premières, « semble peu probable, alors que les prix des produits alimentaires devraient continuer à augmenter sous l’effet de la transmission des hausses passées de coûts de production et que les prix des services resteront soutenus par la forte progression des salaires, liée aux difficultés de recrutement et à la compensation de l’inflation élevée (revalorisations passées et à venir du salaire minimum de croissance (Smic) notamment) ».
La Première ministre Elisabeth Borne vient d’ailleurs de confirmer que le Smic sera revalorisé le 1er mai d’environ 2,2%, soit « une hausse de plus de 6% sur un an ». On peut aussi deviner que le Gouvernement semble peut-être optimiste sur les nouvelles négociations attendues entre les industriels et la grande distribution pour répercuter les baisses de prix des matières premières observées ces derniers mois.
Inflation sous-jacente
Pour 2024, la forte baisse de l’inflation à 2,6% envisagée par le Gouvernement s’appuie, selon le HCFP, à la fois sur une baisse de l’inflation volatile (alimentaire et énergétique), « qui semble plausible au vu du repli des cours des matières premières et des contraintes d’approvisionnement », et un reflux rapide de l’inflation sous-jacente (de 5% à 2,7%), « qui suppose des effets de second tour très contenus, soit une hypothèse favorable alors que le Gouvernement prévoit des hausses de salaires élevées en 2023 (+5,2% pour le salaire moyen par tête des branches marchandes non agricoles). »
L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) ou l’institut Rexecode ont d’ailleurs des prévisions nettement supérieures, respectivement de 3,8% et 3,1%.
Source : Haut Conseil des finances publiques | |||
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Date de publication | 2023 | 2024 | |
Banque de France | 20 mars | 4,9% | 2,5% |
Rexecode | 22 mars | 5,5% | 3,1% |
Consensus Forecasts | 11 avril | 5,3% | 2,7% |
OFCE | 13 avril | 5,8% | 3,8% |
Gouvernement | 20 avril | 4,9% | 2,6% |