L’efficacité des aides à la rénovation énergétique reste perfectible

L’efficacité des aides à la rénovation énergétique reste perfectible

La plateforme Heero suggère des améliorations sur les conditions des aides, les travaux éligibles, leur cohérence et aussi l’ordre dans lequel ils sont réalisés.

L’efficacité des aides à la rénovation énergétique reste perfectible
Crédit photo © iStock

Alors que le budget annuel de MaPrimeRenov’ a été revu à la hausse de 2 milliards d'euros à 2,5 milliards pour 2023, la plateforme de rénovation énergétique Heero suggère des améliorations sur les conditions des aides à la rénovation énergétique, les travaux éligibles, leur cohérence et aussi l’ordre dans lequel ils sont réalisés pour une meilleure efficacité. Heero observe tout d’abord que les rénovations globales de logements sont encore rares, les demandes de financement traitées par la plateforme depuis le début de l’année concernant un montant moyen de travaux de 10.000 € pour 2.300 € d’aides. Le changement de fenêtres ou porte-fenêtre est d’ailleurs le geste le plus souvent demandé sur la plateforme Heero alors que son efficacité est souvent secondaire.

« On constate un intérêt croissant des Français pour la rénovation énergétique qui devient même, pour certains, une nécessité pour faire baisser leur facture énergétique. Pour autant, on note que les travaux réalisés via notre plateforme sont souvent isolés et concernent parfois et prioritairement uniquement un changement de fenêtres, perdant du coup en efficacité, d’autant qu’il y a d’autres gestes à effectuer avant. Il faudrait davantage encourager les démarches de multi travaux mais surtout les ordonnancer dans le temps », explique Pierre Leroy, fondateur de Heero.

L’isolation doit être priorisée

Si beaucoup de ménages ont tendance à mettre la priorité sur le changement de chauffage, Heero recommande, pour maximiser l’efficacité d’une rénovation, de commencer par l'isolation thermique puis d’installer un système de ventilation avant de s’occuper du système de chauffage et d’eau chaude. Or en matière d’isolation thermique, Heero considère que MaPrimeRenov’ ne va pas assez loin car elle n’est pas prévue pour l’isolation des combles perdus alors que ce geste essentiel doit être priorisé pour éviter la déperdition d’énergie dans une maison. « Concernant l’isolation par l’extérieur, nous observons qu’en moyenne ce type de travaux porte sur une surface de 120 m² alors que le dispositif MaPrimeRenov’ plafonne à 100 m² », note Romain Villain, directeur général de Heero.

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MaPrimeRenov’ et CEE

Romain Villain appelle aussi à une meilleure harmonisation des règles entre MaPrimeRenov’ et l’autre source d’aide à la rénovation constituée par les Certificats d’Economies d’Energie (CEE). Dans le cadre du dispositif MaPrimeRenov’, une rénovation est en effet considérée comme globale et prise en compte dans le calcul des aides à condition de diminuer la consommation annuelle d'énergie d'au moins 55% alors que dans le dispositif des Certificats d’Economies d’Energie une rénovation est dite globale si l’impact est de 35% sur la consommation annuelle d’énergie. « Ces différences de conditions ne facilitent pas la compréhension des propriétaires et peuvent être un frein au passage à l’action », déplore la plateforme.

« Les conditions financières des ménages font qu'ils doivent arbitrer avec d'autres dépenses et préfèrent donc espacer sur plusieurs années leur budget rénovation alors que le dispositif MaPrimeRenov’ exige que les travaux soient réalisés dans un délai de 24 mois, c’est trop court surtout dans le contexte d’importants délais d’approvisionnement des matériaux et de faible disponibilité des artisans. Le dispositif pourrait s’inspirer du plan pluriannuel de travaux existant pour la rénovation des immeubles en copropriété », ajoute Romain Villain.

Manque d’artisans RGE

Sachant que les travaux doivent être réalisés par un professionnel portant le label RGE (Reconnu Garant de l'Environnement) pour bénéficier des aides, Heero dénonce aussi le manque d’artisans RGE là où les besoins sont les plus importants. Environ 52.000 artisans sont labellisés RGE en France mais ils se concentrent avant tout autour des grandes aires urbaines, délaissant majoritairement les territoires plus ruraux, les plus sensibles aux problématiques énergétiques.

a savoir

A compter du 1er janvier 2023, Mon Accompagnateur Rénov' deviendra obligatoire pour tous les travaux de rénovation supérieurs à 5.000 € bénéficiant des aides à la rénovation énergétique de l'Agence nationale de l'habitat conditionnées à une amélioration de la performance énergétique globale du logement.

Mon Accompagnateur Rénov' est un assistant à maîtrise d'ouvrage. Lancé cette année afin de répondre à la demande des ménages qui ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir des réponses neutres et qui redoutent les pratiques abusives, ce service est aujourd’hui facultatif est surtout destiné à favoriser les rénovation globales grâce à un accompagnement global personnalisé.

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