Le resserrement monétaire, l’arme n°1 de la Banque de France pour "vaincre l’inflation"

Le resserrement monétaire, l’arme n°1 de la Banque de France pour "vaincre l’inflation"

Le gouverneur de la Banque de France a adressé une lettre au président de la République détaillant les préconisations de la Banque de France pour ramener l'inflation vers sa cible de 2% d'ici à la fin 2025.

Le resserrement monétaire, l’arme n°1 de la Banque de France pour "vaincre l’inflation"
Crédit photo © Romuald Meigneux/SIPA

Dans une lettre adressée au président de la République, rendue publique lundi 24 avril, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a exprimé ses recommandations pour lutter contre l’inflation en France et en Europe.

Avec l’objectif de ramener la hausse générale des prix « vers 2% d’ici fin 2024 à fin 2025 », M. de Galhau défend en premier lieu « l’arme monétaire » contre cette inflation, en poursuivant la sortie « des conditions financières exceptionnellement accommodantes qu’avait nécessitées antérieurement la trop faible inflation ».

« Selon nos prévisions pour la France, l’inflation totale atteindrait son pic au cours du premier semestre. En fin d’année, elle se replierait autour de 4%, avec une inflation sous-jacente encore élevée. En 2024, du fait du reflux du prix des matières premières énergétiques et alimentaires et de l’effet de la politique monétaire, l’inflation totale reculerait plus fortement autour de 2,5% avant de converger progressivement vers la cible de 2% d’ici fin 2024 à fin 2025 », rapporte François Villeroy de Galhau.

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Pour atteindre cet objectif, après avoir achevé « la première phase, celle de la normalisation monétaire », le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne a entamé en 2023 « la deuxième phase vers la stabilisation monétaire ».

« En mars, notre taux directeur a ainsi atteint 3%. Au-delà, nous avons annoncé le passage à un pilotage aux instruments selon trois cadrans économiques : les perspectives d’inflation totale, l’inflation sous-jacente et la bonne transmission de la politique monétaire », détaille le gouverneur dans sa lettre.

Les mesures de protection du pouvoir d'achat, un risque inflationniste à moyen terme ?

En parallèle de l’action de la politique monétaire, le gouverneur appelle en outre l’Etat à mettre fin à la politique budgétaire du quoi qu’il en coûte, dont les mesures, qui « ont protégé les ménages (en quasi-totalité) et les entreprises (en grande partie) [...] ne peuvent toutefois avoir qu’un effet temporaire ».

« Les prix de l’énergie ayant fortement décru depuis 2022, le soutien budgétaire doit, en étant d’abord beaucoup plus concentré vers ceux qui en ont le plus besoin, être rapidement réduit pour tendre vers zéro d’ici deux ans », exhorte le gouverneur, qui prévient qu’« à défaut, les mesures de soutien budgétaire sont mêmes susceptibles d’exacerber les tensions inflationnistes à moyen terme ».

D’après la Banque de France, le coût budgétaire net de ces mesures compensatoires contre l’inflation (bouclier tarifaire du gaz et de l’électricité, remise à la pompe, chèques énergie exceptionnels de fin d’année…) « devrait avoisiner 50 milliards d’euros pour la période 2022-2023 ».

Un coût important qui a contribué à maintenir la dette et le déficit budgétaire à des niveaux beaucoup plus élevés que ce qui était prévu avant la crise énergétique, souligne François Villeroy de Galhau, et sur lesquels il faut agir notamment en « stabilisant la fiscalité » : « Nous n’avons plus les moyens de baisses d’impôt non financées, et l’instabilité fiscale est un travers français peu efficace » souligne-t-il.

Orientation des dépenses publiques

Le redressement des comptes doit aussi passer par l’orientation des dépenses « pour les générations futures » en faveur de quatre transformations : publique, énergétique et climatique, numérique, et relative au travail… Sur ce dernier point, le gouverneur met en exergue le retard "quantitatif" accumulé par la France sur le marché de l'emploi.

« L’accès à l’emploi demeure aujourd’hui en retrait par rapport à nos partenaires européens. Ceci est particulièrement vrai pour les jeunes et les seniors qui ne doivent pas rester les laissés-pour-compte du marché du travail français ». Pour rattraper ce retard, l’accent doit être mis en priorité sur l’apprentissage des jeunes, mais aussi sur la place des séniors en entreprise, considère-t-il.

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