Et si tous les Français bénéficiaient d’un revenu de base de 750 euros par mois ?

Verser un revenu mensuel à tous les Français quelle que soit leur situation… L’idée a plusieurs fois été soulevée et vient de refaire surface ce week-end. C’est la fondation Jean-Jaurès (proche du PS) qui s’est cette fois emparée du dossier.

L’intérêt de ce rapport réside surtout dans l’évaluation budgétaire qu’il produit. La fondation a en effet cherché à savoir comment pourrait être financé ce type de revenu. Pour ce faire, elle a imaginé trois niveaux de revenu universel (500 euros, 750 euros et 1.000 euros par mois), avouant sa préférence pour le scénario médian, un revenu de 500 euros étant jugé peu redistributif et une allocation de 1.000 euros trop désincitative sur le travail.

Un revenu modulé selon l’âge

Des simulations ont donc été faites sur un revenu type de 750 euros par mois, soit 9.000 euros par an. En réalité, dans ces projections, ce niveau ne concernerait que les adultes en activité. Pour tenir compte du soutien parental aux mineurs, les enfants de moins de 15 ans ne percevraient que 225 euros. Entre 15 ans et 18 ans, le revenu passerait à 375 euros.

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Quant aux retraités, ils bénéficieraient d’un revenu majoré de 50%, soit 1.125 euros. Cela compenserait la suppression des pensions de retraite (1.066 euros en moyenne en 2015 au régime général). Car l’idée directrice serait de substituer ce revenu universel à l’ensemble (ou presque) des prestations actuelles sont bénéficient les ménages.

Une enveloppe de 565 milliards d’euros

Le coût total a en tout cas de quoi impressionner. Un tel dispositif coûterait 565 milliards d’euros, c’est-à-dire 26% du PIB. Dans le mécanisme envisagé par la fondation, il faudrait même ajouter 66 milliards d’euros du fait du maintien des aides en cas de maladie de longue durée. Bref, l’Etat devrait débourser chaque année 631 milliards d’euros.

Côté recettes, le recyclage des dépenses actuelles permettrait d’économiser 604 milliards d’euros. Pour arriver à l’équilibre, la fondation ajoute qu’il serait possible de gagner 4,7 milliards d’euros via une hausse de la taxe carbone (à 50 euros la tonne) et 13 milliards au travers d’une hausse de la TVA (de 2 points).

Une réorientation entre les générations

Qui en sortirait gagnant ? Selon la fondation, les 18-24 ans verraient ainsi leur revenu moyen augmenter de 5.753 euros (de 20.638 à 26.391 euros), tandis que les 35-44 ans gagneraient en moyenne 5.109 euros de plus. En revanche, les 65-74 ans perdraient près de 12.500 euros du fait de la disparition des pensions. Pour la fondation, cela permettrait de « rééquilibrer l’incidence des dépenses de protection sociale, aujourd’hui fortement favorable au plus de 60 ans par rapport aux 18-25 ans ».

En théorie, la mise en place d’un revenu universel serait donc possible sur les plans technique et financier. Ceci étant, dans la pratique, elle se heurterait à coup sûr à de nombreuses réticences du fait de la redistribution des cartes entre les générations et du changement de modèle induit. Un revenu universel entraînerait en effet la disparition des retraites, des allocations chômage, des aides au logement, des dépenses de maladie ou encore des avantages accordés dans le cadre du pacte de responsabilité…