Bouclier tarifaire : ces banques qui ont déjà annoncé des efforts supplémentaires

Bouclier tarifaire : ces banques qui ont déjà annoncé des efforts supplémentaires

Le Crédit Mutuel, le Crédit Coopératif, BNP Paribas ou encore LCL iront plus loin que l'engagement de la profession de limiter la hausse des tarifs des frais bancaires de 2% au 1er janvier 2023.

Bouclier tarifaire : ces banques qui ont déjà annoncé des efforts supplémentaires
Crédit photo © Reuters

Suite à l’annonce conjointe du ministre de l’Economie et du président de la Fédération bancaire française d’une hausse limitée des frais bancaires à 2% en 2023, deux grands établissements ont fait savoir qu’ils iraient plus loin dans la modération de leurs tarifs l’année prochaine.

Première banque à avoir communiqué après l’intervention de Bruno Le Maire, mardi, le Crédit Mutuel, qui a déjà réduit l’offre dédiée à sa clientèle fragile à 1€ par mois depuis le 1er août et, surtout, supprimé pour ces profils les frais d’incidents bancaires, a indiqué hier après-midi que « les tarifs de [leurs] réseaux bancaires progresseront de manière très limitée au 1er janvier 2023, à moins de 2 % ».

Gel des tarifs pour le Crédit Coopératif, BNP Paribas

Mercredi matin, c’est le Crédit Coopératif qui a annoncé aller encore plus loin avec le gel de ses tarifs en 2023. « Bruno Le Maire a annoncé hier que les banques françaises se sont engagées à limiter à 2% la hausse des frais bancaires en 2023. Le Crédit Coopératif soutient ce dispositif qui contribue à l'effort commun pour soutenir le pouvoir d'achat des Français. En tant que banque engagée au service des transitions sociales et environnementales, nous souhaitons aller au-delà et annonçons ce jour le gel des tarifs de nos produits à destination de nos clients particuliers pour 2023 », a déclaré Benoît Catel, directeur général du Crédit Coopératif, dans un communiqué diffusé à la presse.

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Plusieurs grands établissements leur ont emboité le pas dans la journée en annonçant geler leurs tarifs pour toute ou partie de l'année prochaine. Un engagement pris par BNP Paribas pour la période de 2023, qui a rappelé par ailleurs disposer d'une offre gratuite spécifique pour sa clientèle fragile (mais non exemptée des frais d'incidents, plafonnés à 200€ par an), mais aussi par LCL, qui a indiqué geler les tarifs bancaires de sa clientèle de particuliers dès aujourd'hui et jusqu'au 1er septembre 2023.

Comme annoncé par la FBF, le réseau vient également d'abaisser l'offre destinée à sa clientèle fragile à 1€, et a également annoncé que cette clientèle serait exonérée totalement des frais d'incidents jusqu'au 1er septembre 2023 également.

Le gel ne concernera pas toutefois le réseau Crédit Agricole du même groupe qui pour sa part, se contentera de l'engagement de ne pas augmenter ses tarifs de plus de 2%.

Des grilles "globalement stables" pour la Société Générale

Enfin, du côté de la Société Générale, le réseau avait déjà annoncé cet été qu'il conserverait ses tarifs "globalement stables" en 2023, et avait déjà fait passer à 1€ l'offre spécifique dédiée à la clientèle fragile.

Tous les grands réseaux n'ont pas encore communiqué leur politique tarifaire pour 2023, et d'autres annonces pourraient suivre.

Pour rappel, la Fédération bancaire française s’est engagée mardi auprès du ministre de l’Economie à ce que les tarifs de leurs frais à destination des particuliers ne dépassent pas 2% de hausse en 2023, et que l’offre spécifique pour la clientèle fragile – aujourd’hui plafonnée à 3€ par mois – passe à 1€.

Concrètement, si cet accord n’empêche pas les banques qui le souhaitent de modérer davantage leurs prix, chacune pourra en fait moduler sa propre grille tarifaire un peu comme elle l’entend.

6€ d'économies annuelles en moyenne

« L’engagement négocié par le Ministre avec la profession bancaire prévoit un gel des tarifs les plus courants (cotisation carte bancaire, frais d’incidents bancaires, etc.) dans le cadre d’une hausse globale des frais limitée à 2 % en 2023 », explique Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir qui dénonce « un accord négocié avec Bercy [qui] a tout d’une mascarade ».

Pour l’association de consommateurs, ce deal est même contreproductif puisqu’il « constitue un cautionnement de leurs pratiques de tarifications outrancières bien en deçà d’un plafonnement légal et global pour tous les frais d’incidents que l’UFC-Que Choisir appelle de ses vœux ».

Après 2,5% de hausse des prix cette année en moyenne, le plafond maximum des frais bancaires devrait effectivement représenter une économie assez faible pour les ménages, évaluée par le site spécialisé MoneyVox à 6€ par an, alors que ces frais ne pèsent que 0,5% dans le budget global des Français, selon le président de la FBF.

Des frais d'incidents qui resteront élevés

Ce sont surtout les opérations relatives aux incidents, comme les frais de rejets de prélèvement, qui sont aujourd’hui très onéreuses pour les ménages. Touchant essentiellement les plus fragiles, ces prélèvements sont dans le viseur des associations de protection des consommateurs alors que la crise du pouvoir d’achat va continuer de rogner le budget des Français ces prochains mois.

« L’accord prévoit une baisse de 2 euros par mois des cotisations des 690.000 [personnes] équipées de l’offre spécifique dédiée à cette population, un montant très modeste en comparaison avec les 118 euros de frais d’incidents dont ils s’acquittent chaque année », souligne ainsi Alain Bazot.

Ces frais d’incidents ont déjà fait l’objet d’un premier geste de la part du gouvernement dans le cadre de la loi de protection du pouvoir d’achat, qui a interdit la pratique des doublons de rejets de prélèvement pour une même opération. Mais pour l’UFC-Que Choisir, il faut aller plus loin avec la mise en place d’un plafonnement.

En France, en moyenne, les frais de rejet de prélèvement (refus de la banque d’honorer pour le client une facture d’électricité, par exemple) ne coûtent pas moins de 20 euros par opération, « un montant 17 fois plus élevé qu’en Allemagne », précise Alain Bazot.

Des efforts jugés "significatifs" par Bruno Le Maire

Le président de MoneyVox, Maxime Chipoy, considère aussi que les annonces de la FBF sont décevantes. Le deal représente « une occasion manquée de mettre en place un plafonnement mensuel global des frais d’incident. Or, on sait qu’un conseiller ne passe pas dix fois plus de temps sur un client qui a dix rejets de chèque sur un mois que sur un client qui n’en n’a qu’un. Mais dans de nombreux cas, la facture des frais d’incident continue à grimper avec le nombre d’opérations ».

Du côté de Bercy et de la Fédération, on met en avant « la singularité française » du système bancaire pour expliquer que les efforts ne soient pas aussi ambitieux qu’un gel ou d’une baisse des tarifs : les emprunts immobiliers à taux fixe, la rémunération du Livret A et l’important maillage d’agences bancaires sur le territoire sont autant de spécificités du système bancaire national auxquelles le ministre de l’Economie s’est déclaré mardi « profondément attaché », mais qui ont « un coût ».

« Donnons l’ensemble du tableau : entre le livret rémunéré, les taux fixes qui protègent les emprunteurs et les agences bancaires, vous voyez que l’effort que fait la FBF me paraît un effort significatif qui protège nos compatriotes contre l’inflation », a-t-il considéré.

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