TotalEnergies : la taxation des superprofits s’invite dans le débat de la réforme des retraites

TotalEnergies : la taxation des superprofits s’invite dans le débat de la réforme des retraites
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L’éventualité d’un nouveau coup de pouce à la pompe, annoncé par le président de TotalEnergies, n’évacuera pas la "polémique" des superprofits. Elle devrait s'inviter rapidement dans les débats de l'Assemblée nationale sur la réforme des retraites.

TotalEnergies : la taxation des superprofits s’invite dans le débat de la réforme des retraites
Crédit photo © TotalEnergies

Alors que le groupe a annoncé hier des résultats record – 19,5 milliards d’euros de bénéfices en 2022 engendrés en grande partie grâce à la flambée des prix de l’énergie – le président de TotalEnergies, Patrick Pouyanné a indiqué au Parisien son intention d’appliquer de nouveaux rabais à la pompe.

Dans une interview publiée mercredi, le PDG du géant pétrolier français a déclaré que « si le litre de gazole dépasse 2€, TotalEnergies pourrait mener de nouvelles actions ciblées de rabais à la pompe ».

« Plutôt que de partir dans un débat autour d’une taxe exceptionnelle sur les profits, nous préférons prendre des mesures de pouvoir d’achat que les Français ressentent directement », a-t-il précisé n’ignorant pas que les résultats exceptionnels du groupe – en pleine crise du pouvoir d’achat – remettraient au goût du jour le débat sur la taxation des « superprofits » des entreprises qui ont profité de la guerre en Ukraine.

Une annonce saluée par le gouvernement

Sans surprise, les déclarations de M. Pouyanné ont été accueillies favorablement par le gouvernement. Les remises à la pompe de l’Etat et de TotalEnergies, qui ont bénéficié à l’ensemble des automobilistes l’année dernière, ont été supprimées depuis le 1er janvier. A la place : une mesure publique plus ciblée et surtout moins coûteuse, "l’indemnité carburant travailleurs", est réservée aux ménages ne dépassant pas un certain plafond de revenus.

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Alors que le gouvernement entend mettre un terme à ses aides exceptionnelles (bouclier tarifaire des prix de l’énergie) mais que l’inflation devrait encore pénaliser fortement le pouvoir d’achat des Français cette année, l’intention de TotalEnergies est plus que bienvenue.

Le porte-parole de l’exécutif, Olivier Véran, a déclaré être « tout à fait enclin à accompagner cette annonce de TotalEnergies. Nous souhaitons que tous les efforts puissent être faits pour réduire le coût du carburant à la pompe pour les Français. » Mais a également reconnu que le montant des bénéfices engrangés par le groupe « puisse choquer » tout en soulignant que l’essentiel des bénéfices du groupe avait été réalisé à l’étranger…

200 millions d'euros d'impôt versés en France

L’éventualité d’un nouveau coup de pouce à la pompe n’évacuera pas la "polémique" des superprofits. Relancée avec la guerre en Ukraine et les premiers bénéfices exceptionnels des groupes ayant profité de la flambée des cours, la question de la mise en place d’une taxe sur les superprofits des entreprises avait été rejetée par le gouvernement l’année dernière.

Bercy étant opposé à tout alourdissement de la fiscalité, l’exécutif avait préféré s’aligner sur un dispositif européen moins gourmand, au titre duquel TotalEnergies a versé 2 milliards d’euros, sur un total de 33 milliards d’euros d’impôts versés pour 2022… mais seulement 200 millions en France.

En plein débat sur la réforme des retraites toutefois – dont l’exécutif justifie l’impérieuse nécessité pour des raisons financières – ces résultats exceptionnels, comme ceux de Vinci, mais aussi de l’ensemble des majors internationales qui ont profité de la guerre en Ukraine (ExonnMobil, Chevron, BP, Shell), n’ont pas manqué de faire réagir les responsables politiques.

Un amendement PS dans les cartons

Notamment réclamée par l’opposition de gauche et l’extrême droite, la mise en place de cette "super" taxe devait faire l’objet d’une proposition de loi de la Nupes présentée ce jour lors d’une niche parlementaire.

Le texte a finalement été retiré par les députés PS considérant qu’il n’avait aucune chance d’être adopté, mais ce jeudi matin, le groupe Socialistes de l’Assemblée nationale a fait savoir que dès vendredi et la reprise de l’examen sur la réforme des retraites, ses députés défendront « un amendement pour taxer les superprofits afin de financer notre système de retraite. »

L’idée fait également son chemin à droite. Certains députés de la majorité y sont favorables, tout comme le Modem, dont un amendement au projet de loi de finances prévoyant une surtaxe sur les super dividendes avait été adopté en séance, avant de passer à la trappe du 49.3.

Même le président du Sénat, Gérard Larcher, a ouvert la porte à de telles discussions. Saluant hier au micro de France Inter, les excellents résultats de TotalEnergies, M. Larcher a déclaré qu’il « faut toutefois se poser la question sur la répartition des dividendes avec les salariés, le partage de la valeur ».

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