Supprimer la taxe télé, l’atout dans la manche du candidat Macron

Supprimer la taxe télé, l’atout dans la manche du candidat Macron
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Le président-candidat attaque sa campagne express sur une nouvelle promesse de baisse d’impôt : la suppression de la redevance audiovisuelle, dont s’acquittent 28 millions de Français.

Supprimer la taxe télé, l’atout dans la manche du candidat Macron
Crédit photo © Reuters

Officialisée la semaine dernière, la candidature d’Emmanuel Macron à sa propre succession s’est concrétisée lundi par un rassemblement au format "intimiste", devant quelque 200 personnes rassemblées au centre de direction artistique de Poissy, dans les Yvelines.

Sans surprise, le président de la République a attaqué sa campagne tardive par le pouvoir d’achat en lâchant ce qui devrait rester comme la mesure populaire de son programme en faveur des classes moyennes : la suppression de la redevance télé, impôt annuel de 138€ aujourd’hui supporté par quelque 28 millions de Français, qui s’en acquittent chaque automne en même temps que leur taxe d’habitation.

Taxe d'habitation

Suite logique donc, après la suppression de cet impôt local – dont la disparition progressive pour 80% des Français arrivera à son terme en 2023. C’est ainsi un autre prélèvement obligatoire, supporté par la grande majorité des foyers, que le locataire de l’Elysée promet de supprimer s’il est réélu.

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Une proposition populaire, dont les ménages pourront en mesurer immédiatement les effets, qui n’est d’ailleurs pas une idée "originale" de la campagne, la suppression de la redevance audiovisuelle étant déjà défendue par ses deux concurrents à l’extrême droite de l’échiquier politique, Marine Le Pen et Eric Zemmour. Mais là où ces deux derniers lient sa suppression à la volonté de privatiser l’audiovisuel public, Emmanuel Macron souhaite simplement déplacer la source de son financement (3,1 milliards d'euros de recettes en 2022 pour un budget global de 3,7Md€) pour alléger la facture fiscale des ménages.

Un financement de l'audiovisuel public transféré au budget de l'Etat

Invité de France Inter ce matin, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a assuré que le camps LREM promet « de supprimer l’outil, pas le financement de l’audiovisuel ». « Evidemment qu’on va continuer à financer l’audiovisuel public. « On a besoin d’un audiovisuel fort dans un contexte de désinformation » et de « financer la création française », a-t-il déclaré en évoquant l’idée d’un « système de financement de l’Etat où vous avez de la visibilité sur plusieurs années ».

Après les Gilets Jaunes et la crise sanitaire, la guerre en Ukraine est le troisième événement majeur à placer Emmanuel Macron face à 'l’enjeu' populaire du pouvoir d’achat des Français sous son mandat.

Avec sa casquette de chef de l’Etat-président de l’Union européenne, interlocuteur privilégié de la Russie dans le bras de fer diplomatique de l'invasion de l'Ukraine, Emmanuel Macron profite d'une belle progression dans les sondages, le conflit international lui assurant une visibilité écrasante, « phénomène classique de crise », comme le note Bruno Jeanbart, vice-président d’OpinionWay, à la lecture du dernier baromètre de l’institut réalisé pour Les Echos et Radio Classique.

Prime Macron triplée

La suppression de la taxe télé est une perche tendue à la frange droite et plutôt populiste de son électorat, à un moment où ses concurrents – en premier lieu Valérie Pécresse et Eric Zemmour – perdent du souffle dans les dernières enquêtes d’opinion.

Hier, le Chef de l’Etat a aussi promis d’autres mesures en faveur du pouvoir d’achat des Français : à sa droite, le triplement de la prime Macron car « le travail doit payer plus », à sa gauche aussi, « plus de moyens, plus de rémunération et plus de liberté pédagogique » aux enseignants afin de « décloisonner l’école ».

Plan de résilience

Enfin, il est aussi revenu sur le plan de résilience en préparation, dont les contours devraient être dévoilés dans les prochains jours, en évoquant « une amélioration des aides sur l’essence » et l’extension du gel des prix du gaz jusqu’à la fin de l’année.

La présentation de ce nouveau plan à un mois du premier tour lui permettra de terminer son quinquennat sur une dernière note "concrète" en faveur de la protection du porte-monnaie des Français et des entreprises.

Mais cet effort devrait n'avoir qu'un impact limité sur l'opinion publique - particulièrement critique sur son bilan en matière de pouvoir d'achat.

Car, en dépit d’une situation de guerre inédite, le gouvernement n’entend pas lâcher à nouveau les rênes des finances publiques façon « quoi qu’il en coûte ».

« La facture totale s’élève à plus de 20 milliards d’euros sur la seule protection de nos compatriotes contre la flambée des prix de l’énergie, a souligné lundi le ministre de l’Economie. Nous sommes prêts à faire davantage mais ce ne sera pas un quoi qu’il en coûte qui consisterait à verser de l’essence sur un incendie », a-t-il prévenu, promettant « des réponses ciblées, efficaces, sur ceux qui en ont le plus besoin ».

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