Exil fiscal : "si d'autres Français veulent venir en Belgique !..."

L'exil fiscal de Gérard Depardieu n'a pas fini de faire du bruit ! Ce matin, le ministre belge des affaires étrangères affirme ainsi qu'il verrait d'un bon oeil l'arrivée d'autres Français en Belgique... Dans un entretien publié par 'Le Figaro', Didier Reynders déclare ainsi que "si d'autres Français veulent venir en Belgique, je n'y suis pas du tout opposé !". Il refuse toutefois que le Belgique serve de "bouc émissaire" au gouvernement français, et juge "fallacieux de faire croire que nous, Belges, ferions tout depuis des lustres pour attirer les Français. Non ! Il se fait que depuis des années, la France a librement choisi un système fiscal qui porte des conséquences et conduit des Français à quitter le pays".

M. Reynders, qui a été ministre des Finances pendant 12 ans, indique aussi ne pas avoir été informé d'une demande officielle de Paris en vue de réviser les conventions fiscales en vigueur entre la France et la Belgique... François Hollande avait évoqué cette possibilité vendredi à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles, mais "je n'en ai pas eu l'écho et je ne sais pas sur quoi elle pourrait porter", déclare le ministre belge. Il ajoute que le gouvernement belge est "prêt à examiner beaucoup de choses, à condition que soit respecté le principe supérieur de la libre circulation des personnes, des biens et des services dans l'UE (...) Tous les pays européens devraient accepter que leurs ressortissants décident de s'établir ailleurs...".

Au passage, M. Reynders se dit aussi "surpris" du ton "virulent" des échanges en France concernant l'exil fiscal de Gérard Depardieu : "Ce que j'ai entendu en France, ce sont des mots que nous n'utiliserions jamais en Belgique, même quand nous sommes vraiment fâchés. C'est un débat virulent", a-t-il constaté...

L'affaire Depardieu a pris des proportions inédites après la lettre ouverte de l'acteur publiée dimanche dans le 'JDD', où il a affirmé vouloir "rendre son passeport français", s'estimant injurié par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Ce dernier avait jugé "assez minable" l'exil fiscal de Depardieu en Belgique... En réponse à la lettre de l'acteur, plusieurs membres du gouvernement ont ensuite attisé la polémique par leurs déclarations : ainsi, Michel Sapin, ministre du Travail a évoqué une forme de "déchéance personnelle" et Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture s'est dite "tout à fait scandalisée" par l'attitude du comédien.

Hier, François Hollande a toutefois cherché à calmer le jeu, en estimant qu'il ne fallait pas "blâmer" les Français qui partent, mais "saluer le mérite" des Français les plus aisés "qui acceptent de payer leurs impôts en France". Et Jean-Marc Ayrault a rectifié le tir en affirmant que le qualificatif "minable" ne s'adressait pas à la personne de Depardieu ("un grand artiste, aimé par les Français") mais à son comportement fiscal...