« Un printemps de l’immobilier marqué par un durcissement des conditions d’octroi de crédit et l’attentisme des acheteurs »

« Un printemps de l’immobilier marqué par un durcissement des conditions d’octroi de crédit et l’attentisme des acheteurs »
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Tribune de Sandrine Allonier, porte-parole et responsable des Relations Banques de Vousfinancer.

« Un printemps de l’immobilier marqué par un durcissement des conditions d’octroi de crédit et l’attentisme des acheteurs »
Crédit photo © Vousfinancer.com

Ce printemps 2022 n’est pas celui de l’embellie pour les conditions d’emprunt… Remontée des taux de crédit, envolée des prix des matières premières, flambée des coûts de construction et prix de l’immobilier toujours élevés : comment ce contexte impacte-t-il les critères d’octroi de crédit des banques et le moral des acheteurs ? C’est la question à laquelle nous avons voulu répondre, en allant sonder ceux qui côtoient sur le terrain au quotidien tant les banques que les emprunteurs : les courtiers*. Depuis plus d’un mois maintenant, les agences du réseau Vousfinancer notent un durcissement des conditions d’emprunt de la part des banques mais aussi une inquiétude latente chez les potentiels emprunteurs, entrainant parfois des comportements attentistes.

Apport et épargne résiduelle

Depuis le début du mois de mars, dans un contexte marqué par le conflit en Ukraine, la hausse du coût des matériaux, de l’énergie et des matières premières, les banques sont plus attentives à la qualité des dossiers de prêt. Près de trois quarts des courtiers Vousfinancer ont constaté un durcissement dans la façon d’étudier les dossiers de crédits, essentiellement concernant l’apport personnel, aujourd’hui indispensable pour un montant minimum de 10% de la valeur du bien, mais aussi l’épargne après projet, qui ne sera pas utilisée pour l’achat. Cette épargne après opération, dont le montant varie d’une banque à l’autre mais correspond en général à 4 à 6 mensualités de prêt, servira à éviter la souscription d’un crédit à la consommation en cas de dépenses imprévues, comme des travaux de toiture ou l’achat d’une 2e voiture, en limitant ainsi le risque de surendettement ou de non remboursement du crédit.

Reste-à-vivre

Selon 60% des courtiers, les banques sont également plus exigeantes sur le reste-à-vivre afin de permettre aux emprunteurs de pouvoir faire face notamment à la hausse des dépenses d’énergie, du carburant et globalement à l’inflation. D’ailleurs, on note que les banques sont également plus attentives qu’auparavant à la localisation du bien et notamment l’éloignement par rapport au lieu de travail. Certaines limitent désormais l’endettement maximum à 30% au-delà d’une distance quotidienne de plus de 50 km aller-retour pour que l’emprunteur puisse faire face aux dépenses engendrées. Même si cela ne conduit pas systématiquement à des refus, le thème de l’éloignement domicile travail est désormais plus fréquemment abordé, ce qui peut se comprendre quand on sait que réaliser 100 km par jour chacun pour un couple représente un coût de 500 € par mois (hors péage) pour le ménage.

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Travaux et performance énergétique

Pour des raisons budgétaires assez proches, 60% des courtiers trouvent que les banques sont désormais plus attentives à la vétusté du bien (isolation, chaudière) et au montant des travaux potentiels dans l’ancien, en lien avec la hausse du coût des matériaux, mais aussi, selon 52% des courtiers, à la performance énergétique du bien. Et cela peut également impacter l’endettement des futurs acquéreurs afin d’anticiper un éventuel prêt travaux ou conso dans les mois ou années à venir. Elles sont par ailleurs attentives à ce que la part des travaux à financer ne soit pas démesurée par rapport à valeur du bien.

Les projets évoluent

Dans ce contexte, les emprunteurs sont également plus prudents. 86% des courtiers Vousfinancer ont constaté une inquiétude plus forte chez leurs clients, avec des interrogations notamment sur l’évolution des taux, des prix de l’immobilier et des matériaux. Un tiers des agences ont eu récemment le cas de clients ayant fait évoluer leur projet en raison du contexte, en achetant finalement un bien avec moins de travaux, moins loin de leur lieu de travail ou en modifiant leur projet de construction… Un tiers des courtiers notent également que les acheteurs sont plus attentifs au DPE et donc à la performance énergétique du bien qu’ils achètent, en vue de pouvoir maîtriser leurs dépenses futures.

Dans l’ancien ils craignent d’acheter à des prix actuellement au plus haut ou de ne pas pouvoir gérer le coût des travaux, et dans le neuf, certains doivent reporter ou modifier leur projet en raison de la hausse des coûts de construction. Si au global beaucoup d’emprunteurs s’interrogent sur l’évolution du marché immobilier dans les mois à venir, pour autant, on note que l’intérêt pour l’immobilier et l’envie d’acheter sont toujours présents ! Le marché reste dynamique, et il n’y a pas de réelle inflexion dans la demande… Pour l’instant !

* Sondage interne réalisé du 1er au 7 avril 2022 auprès des 200 agences et 550 conseillers du réseau Vousfinancer.

©2022-2024
L'Argent & Vous
Sandrine Allonier

Le parcours de Sandrine Allonier

Responsable des Relations banques, Vousfinancer.com

Diplômée d’un DEA et d’une maîtrise d’Economie Internationale de l’Université Paris IX-Dauphine, Sandrine Allonier a débuté sa carrière en 2005 comme journaliste économique avant de devenir responsable des études économiques et porte-parole de meilleurtaux.com. En 2014, elle rejoint VousFinancer.com pour entretenir et renforcer les relations avec les partenaires bancaires et contribuer ainsi au développement de ce courtier.

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