Crise sanitaire : faut-il redouter une chute du marché immobilier ?

Quel plan de relance pour le secteur immobilier ?

Quel plan de relance pour le secteur immobilier ?

Faut-il augmenter les traditionnelles aides à la pierre ou innover ? Comment redonner confiance aux acquéreurs ? Vaste débat…

Quel plan de relance pour le secteur immobilier ?
Crédit photo © PCA-STREAM / Philippe Chiambaretta

La cinquième conférence interactive du "Cercle des managers de l'immobilier", un rendez-vous hebdomadaire organisé depuis le début de la crise sanitaire par l’union des syndicats de l'immobilier (Unis), a donné la parole cette semaine à des responsables politiques afin de débattre sur un éventuel plan de relance pour le logement.

Amortir le choc

Après avoir rappelé le rôle moteur du secteur du logement dans l’économie française (en terme d’emploi et de retombées fiscales), l’ancienne Ministre du logement et de l’habitat durable, Emmanuelle Cosse, s’est bien sûr déclarée favorable à la mise en place rapide d’un plan de relance pour l’immobilier mais appelle à explorer de nouvelles mesures. Il faut par exemple accélérer la numérisation des permis de construire ou le transfert de décision aux intercommunalités, selon elle.

Ne pas bloquer la chaîne du financement

Grégory Monod, Président de l’union des Constructeurs, Promoteurs et Aménageurs de la Fédération Française du Bâtiment (LCA-FFB) partage bien sûr l’idée d’un plan de relance, sachant que la grosse inquiétude du moment provient du financement des ménages à l’heure où les taux remontent et où le resserrement des conditions d’octroi des crédits s’est exacerbé. Grégory Monod a cité l’exemple de banques qui exigent dorénavant non plus 50% de réservations mais 50% d’accords de prêts des clients pour débloquer des emprunts pour les opérations de promotion, la preuve que les banques elles-mêmes admettent que le financement des ménages devient plus difficile…

APL accession et PTZ élargi

Grégory Monod appelle donc les banques « à ne pas bloquer la chaîne du financement en appliquant des règles prudentielles trop fortes ». Pour resolvabiliser les ménages qui veulent acquérir un logement neuf, deux leviers bien connus pourraient être actionnés. Rétablir l’APL accession pour les ménages modestes est une première action qui aurait l’avantage de ne rien coûter en terme de budget puisque l’APL versée aux locataires est généralement bien supérieure à l’APL accesssion. Autre levier : le PTZ dont la quotité pourrait être rehaussée à 40% sur l’ensemble du territoire, permettant ainsi à aux primo-accédants éligibles des zones B2 et C de bénéficier d’une enveloppe supérieure à taux 0.

Comment restaurer la confiance et la consommation ?

Pour François Pupponi, Député du Val d’Oise et membre de la Commission des finances de l’Assemblée Nationale, il y aura de toute façon un plan de relance économique global dans lequel il ne faudra pas oublier l’immobilier. Selon lui, l’enjeu est de savoir « si on reste dans ce qu’on sait faire avec les traditionnelles aides à la pierre ou si on innove ». Car selon lui, il faudrait surtout inciter les français à consommer et investir sachant que le paramètre de la confiance est pour l’instant la grande inconnue de cette crise sanitaire. Construire différemment, faire baisser les coûts du foncier ou accélérer la territorialisation des projets de construction sont des pistes évoquées par l’ancien président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU).

Zonage à revoir

Lui aussi contre le système de zonage actuel (A, B1 ,B2, C) Yannick Borde, Président du réseau Procivis (spécialiste de l’accession sociale à la propriété) prône au passage un dispositif Pinel par territoires : « il y a des besoins locaux, il faut arrêter de parler de marchés globalement tendus ou détendus ».

Le débat sur les plus-values

Le Député des Pyrénées-Atlantiques Jean-Paul Mattei, membre de la Commission des finances de l’Assemblée Nationale et président du Conseil de l’Immobilier de l’État, appelle par ailleurs à une réflexion sur l’imposition des plus-values immobilières afin notamment de lutter contre la rétention foncière. Jean-Paul Mattei juge le système actuel des abattements pour durée de détention amenant à une exonération au bout de 30 ans obsolète. Souvent entrouvert mais pas tranché, le débat de l’imposition des plus-values reste donc ouvert…

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