Une remontée des taux immobiliers finalement moins rapide ?

Une remontée des taux immobiliers finalement moins rapide ?
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Meilleurtaux estime que la perspective de hausse des taux immobiliers est un peu remise en question depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Une remontée des taux immobiliers finalement moins rapide ?
Crédit photo © iStock

La guerre en Ukraine est venue inverser la récente tendance de remontée des taux sur les marchés obligataires. Il n’y a qu’à voir le rendement français des OAT 10 ans, revenu autour de 0,4% après un pic à environ 0,80% à la mi-février. Ce contexte pourrait inciter les banques à modérer leur politique de remontée des taux d’emprunt immobiliers même si la volatilité actuelle ne permet guère de se projeter. Car comme l’a confié ce matin Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux, les banques avaient fait passer bien avant le déclenchement de la guerre un message de remontée graduelle des taux d’environ 0,10 point chaque mois. Dès février, la plupart des banques avaient ainsi rehaussé leurs barèmes de 0,10 point en moyenne et cela s’est poursuivi en mars, certains établissements relevant même leurs grilles de 0,20 point.

L’action des banques centrales en question

Avec ces hausses, les banques cherchent bien sûr à redresser leurs marges sur le crédit immobilier et anticipent le resserrement des politiques monétaires avec la remontée prochaine des taux directeurs dans un environnement inflationniste dont on ne voit pas la fin. Oui mais la guerre en Ukraine et les conséquences des sanctions contre la Russie, si elles attisent encore les dérives inflationnistes, remettent de l’incertitude économique que ne peuvent pas ignorer les banques centrales. Cela pourrait donc freiner ou décaler la hausse des taux directeurs.

« Dans la situation actuelle, la Banque Centrale Européenne (BCE) ne peut agir comme elle l’avait initialement envisagé », souligne par exemple Meilleurtaux. Autrement dit, la BCE pourrait finalement décider de ne pas augmenter ses taux en 2022. Maël Bernier estime ainsi que « la perspective de hausse des taux immobiliers est un peu remise en question même si une remontée progressive des barèmes reste le scénario le plus crédible ».

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Nette remontée des taux depuis février

En attendant, les taux moyens accordés sur 20 ans sont déjà remontés autour de 1,30% et il devient extrêmement rare, même pour les meilleurs profils, d’obtenir moins de 1%, ce qui était encore fréquent en janvier. Ces augmentations peuvent jouer assez vite sur le taux d’endettement des ménages et donc sur la capacité d’achat des emprunteurs, rappelle Maël Bernier.

Déjà en janvier 2022, plus de 3 dossiers sur 10 déposés sur Meilleurtaux se heurtaient à la limite de 35% d’endettement imposée par les banques (sauf dérogation portant sur 20% de leur production de crédits). Si plus de 20% de ces dossiers sont totalement infinançables en raison d’un endettement supérieur à 40%, environ 10% étaient déjà dans une zone critique très sensible à la moindre remontée des taux. Une proportion qui risque donc d’augmenter pour les ménages qui ne pourront pas mobiliser davantage d’apport personnel et qui n’auront guère d’autre choix que celui de revoir leur budget d’achat à la baisse.

La volonté d’acheter reste forte

Face à ces contraintes, Meilleurtaux observe une forte demande depuis le début de l’année avec un nombre de dossiers d’emprunt déposés à peine inférieur au niveau record du début 2021 et beaucoup plus dynamique qu’au deuxième semestre 2021. « L’envie d’acheter est toujours là, l’accès à la propriété reste perçu comme une valeur refuge », constate Maël Bernier.

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