Concilier budget des Français et transition écologique : le grand défi du logement neuf

Concilier budget des Français et transition écologique : le grand défi du logement neuf
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Constructeurs, promoteurs et aménageurs du Pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) ont présenté leurs solutions au Challenge de l’habitat Innovant 2022.

Concilier budget des Français et transition écologique : le grand défi du logement neuf
Crédit photo © Groupe Pelletier

A l’occasion de leur séminaire technique annuel, le week-end dernier à Lisbonne, constructeurs, promoteurs et aménageurs du Pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) ont montré leur détermination à accompagner les nouvelles aspirations de logement des Français tout en respectant les contraintes de la transition écologique. Celles-ci se concrétisent désormais avec l’entrée en vigueur, dans quelques semaines, de la nouvelle réglementation environnementale RE2020 s’appliquant aux permis de construire (maisons et collectif) déposés à partir du 1er janvier 2022.

L’autre grand défi à l’avenir sera de parvenir à la difficile équation de la zéro artificialisation nette des sols d’ici 2050, à l’heure où les Français n’ont jamais autant préféré la maison individuelle avec jardin dans leur parcours résidentiel.

Il n’y a qu’à voir les dernières réalisations des adhérents du Pôle Habitat FFB présentées au Challenge de l’habitat Innovant 2022 pour comprendre que l’habitat individuel et collectif est en évolution constante. Il apparaît désormais loin des errements du passé avec les progrès effectués en matière de sobriété foncière, de densité, de qualité architecturale et de performance énergétique.

Prix spécial du jury

Limiter l’extension des zones périphériques au profit de la densification les zones pavillonnaires existantes, c’est par exemple le pari réussi par le Groupe BDL qui a remporté le Prix spécial du jury de cette édition 2022 du Challenge de l’habitat Innovant avec "Ma maison écotone", un projet étonnant consistant à rassembler deux anciennes maisons individuelles au moyen d’une structure en bois permettant de surélever l’ensemble sur 3 niveaux et de réunir 8 familles sur plus de 1.200 m² de surface de plancher. Composé de plusieurs espaces communs au profit des habitants (laverie, local vélo, terrasses...), ce projet met en avant des valeurs de partage, d’entraide, de recyclage, afin d’obtenir un espace de vie modulable et intergénérationnel, à mi-chemin entre l’univers de la maison et du logement collectif.

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Médailles d’or

Dans le même esprit, le constructeur Amex a remporté la médaille d’or de la catégorie "Ma solution de logement" avec une réalisation innovante composée de 3 maisons T4 groupées d’aspect identique mais de structure distincte anticipant chacune les niveaux exigeants de la RE2020 en termes d’isolation, de confort thermique et d’empreinte carbone (pour des prix abordables autour de 250.000 €). Toit terrasse végétalisé au-dessus des garages ou tuiles photovoltaïques distinguent cette réalisation située en plein centre de la commune normande de Val-de-Reuil.

Pour ceux qui douteraient des avantages de la construction modulaire hors site, le Groupe Pelletier est en train de terminer une opération pilote de 73 logements collectifs à Sales (Haute-Savoie) grâce à l’assemblage de 330 modules multi-matériaux (béton, métal et bois) pour former 3 bâtiments en R+2. Ces logements devraient être vendus autour de 3.200 € le m² et la prochaine étape de Groupe Pelletier verra l’investissement dans une nouvelle unité de production permettant une économie de 20% sur les coûts de construction et un gain d’1 an sur le délai de livraison des logements. Groupe Pelletier s’est vu décerner la Médaille d’or de la catégorie "Ma vision du métier".

Des coûts de construction en hausse

Les économies de coût de construction restent d’ailleurs une préoccupation majeure des professionnels du bâtiment, confrontés actuellement à une forte hausse de prix de beaucoup de matériaux ou de retards qui peuvent compromettre l’équilibre financier de leurs programmes. Les équipes de Pôle Habitat et de la Fédération Française du Bâtiment n’entrevoient pas de retour à la normale avant la mi-2022 pour cette crise des matériaux de construction. A cela s’ajoute les surcoûts qui viendront forcément accompagner les logements aux normes RE2020 avec des jalons progressifs prévus en 2025, 2028 et 2031. Idem pour les futurs appartements Pinel+ qui devront respecter à partir de 2023 les jalons 2025 de la RE2020.

Election présidentielle

Alors que les permis de construire continuent de chuter et que la perspective de se retrouver au-dessous de la barre des 400.000 logements neufs en 2022 devient de plus en plus probable, les professionnels du bâtiment attendent du futur chef de l’État qu’il décrète une politique publique en faveur du logement réellement à la hauteur des enjeux. Le président de la FFB, Olivier Salleron, estime qu’il faudrait produire au moins 500.000 logements par an pour répondre au déficit de logements dans le pays. Afin de faire du logement une grande cause nationale à l’approche de cette élection présidentielle, il plaide ainsi pour un « vrai ministère de la construction qui serait rattaché à Bercy ». Car jusqu’à présent, la politique du logement se heurte trop souvent à la vision budgétaire du ministère des Finances...

Opposer le parc social au parc privé, la construction neuve à la rénovation, la location à la propriété, l’aménagement rural à la densité urbaine n’a aucun sens selon Olivier Salleron. Dans le même esprit, Grégory Monod, Président du Pôle Habitat FFB, répète que les réponses aux besoins en logement des Français doivent être trouvées à l’échelle de chaque territoire. « On peine à comprendre les raisons qui poussent à opposer habitat individuel et collectif et à créer les conditions d’une nouvelle spirale inflationniste du coût du logement. Car c’est à la fois affaiblir l’accession à la propriété et l’offre locative privée au détriment des besoins en logements et du parcours résidentiel des ménages », souligne Grégory Monod.

Rétention foncière

Les deux représentants des professionnels de la construction se satisfont quand même de certaines décisions politiques qui vont dans le bon sens comme la pérennisation du fonds friches jusqu’en 2026. En subventionnant la réhabilitation de terrains pollués, ce fonds permet d’équilibrer des opérations de promotions qui ne seraient jamais faites, en prime sans artificialiser les sols. Ils espèrent aussi beaucoup de la mise en place de commissions de médiation auprès des préfets de département qui pourraient être saisies en cas de refus ou retrait de permis de construire pourtant conformes au PLU, sans oublier l’accélération du traitement des contentieux sur les refus et retraits et le renforcement de la lutte contre les recours abusifs.

Pour aller plus loin, ils proposent notamment d’engager une vraie réflexion sur la suppression des incitations fiscales à la rétention foncière, c’est à dire les abattements pour durée de détention qui incitent les propriétaires de terrains à les conserver pour réduire l’imposition de leurs plus-values.

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