Plafonnement de l'état daté : le remède pire que le mal ?

Plafonnement de l'état daté : le remède pire que le mal ?

Dans un avis publié mercredi 4 mars, l'Autorité de la concurrence estime que certains syndics auront désormais tendance à augmenter leurs honoraires pour les aligner sur le nouveau plafond, fixé à 380 euros TTC.

Plafonnement de l'état daté : le remède pire que le mal ?
Crédit photo © Boursier.com

Après la CLCV, c'est au tour de l'Autorité de la concurrence d'apporter son bémol au décret du 21 février 2020, qui fixe à 380 euros TTC le prix maximal que les syndics sont autorisés à facturer à leurs clients pour l’établissement d’un état daté. Saisie le 28 novembre 2019 par le gouvernement, l'autorité a publié mercredi 4 mars son avis, dans lequel elle déplore que certaines des suggestions qu’elle avait formulées afin d’améliorer la méthode de fixation de ce prix n'aient « pas été reprises ».

Des honoraires qui ont tendance à s’aligner sur le plafond

Si les honoraires de l’état daté sont « souvent élevés et décorrélés de la réalité des coûts », la mise en place d’un plafond pourrait s'avérer contre-productive : « lorsqu’un plafond tarifaire est institué, les honoraires pratiqués ont tendance à s’aligner naturellement sur ce plafond, notamment pour les entreprises qui proposaient préalablement un tarif plus faible », relève l’Autorité de la concurrence.

Le maximum retenu par le gouvernement, qui correspond à la médiane des honoraires effectivement constatés pour l’établissement de l’état daté, pourrait impulser à la hausse certains tarifs : « les syndics qui pratiquaient jusqu’ici des honoraires inférieurs au plafond retenu (soit 50 % du total) auront désormais tendance à augmenter leurs honoraires pour les aligner sur le plafond, et ce au détriment des consommateurs ». Les syndics dont le montant des honoraires sera amené à baisser à la suite de l’imposition du plafond pourraient quant à eux « tenter de compenser cette perte en augmentant les tarifs d’autres prestations » : par exemple les lettres de relance et de mise en demeure adressées aux copropriétaires, comme le craint également l'association de consommateurs CLCV.

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Méthode du coût majoré

En conséquence, l’Autorité propose de remplacer le plafonnement tarifaire actuel par un nouveau dispositif législatif visant à « renforcer la négociation des honoraires de l’état daté par la copropriété ». Elle suggère de recourir à la méthode dite « cost plus », ou de coût majoré, qui consiste à retenir un niveau correspondant au coût moyen réellement observé, majoré d’une marge raisonnable. Une variation des honoraires pourrait même être envisagée « dans des cas exceptionnels, par exemple lorsque la durée nécessaire pour effectuer la prestation dépasse le temps qui y est habituellement consacré, à charge pour le syndic de dûment justifier alors ce dépassement d’honoraires ».

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