PrimesEnergie.fr dénonce la forte baisse de la prime CEE accordée à certains travaux jusqu’ici privilégiés par les Français comme l’isolation d’une toiture.
En matière de rénovation énergétique des logements, les aides évoluent souvent au niveau du fléchage des travaux, des subventions et du public visé. A côté de l’aide publique MaPrimeRénov’, la « prime énergie », basée sur le dispositif européen des certificats d’économies d’énergie (CEE), représente souvent des montants très significatifs. Financée par des acteurs privés mais selon des règles fixées par le gouvernement, la prime énergie n’a pas échappé à son lot d’évolutions.
Forte baisse des primes sur les mono-gestes
La plateforme d’aide à la rénovation énergétique des logements PrimesEnergie.fr dénonce ainsi la forte baisse de la prime accordée à certains travaux jusqu’ici privilégiés par les Français. L’isolation d’une toiture, responsable à elle seule de 30% des déperditions thermiques d’un logement, a par exemple vu sa prime baisser pratiquement de moitié en deux ans. La prime pour l’isolation des murs (20% des déperditions thermiques), chute en moyenne de 66% entre le premier trimestre 2021 et le premier trimestre 2023. Dans le même temps, la prime des chaudières à haute performance énergétique a fondu de 916€ en moyenne en 2021 à 263€ aujourd’hui.
Parallèlement, la prime pour une rénovation globale, encouragée par les pouvoirs publics au détriment des mono-gestes, a plus que doublé pour atteindre en moyenne près de 24.000€. Oui mais peu de Français optent pour une rénovation globale car le reste à charge reste souvent élevé. PrimesEnergie.fr observe que les rénovations globales ne représentent que 2,6% des chantiers de rénovation énergétique réalisés au premier trimestre 2023 alors qu’ils captent 39% de l’ensemble des primes reversées aux Français.
Choix politique
Ce choix politique a pour conséquence d’orienter les aides vers les ménages les plus aisés qui peuvent se permettre d’engager une rénovation globale. Le rythme des rénovations énergétiques financées via les primes énergie est d’ailleurs en chute libre avec à peine plus de 27.000 chantiers accompagnés par PrimesEnergie.fr au premier trimestre 2023 contre plus de 80.000 sur les trois premiers mois de 2021.
« La transition énergétique des logements se fait au détriment des ménages aux plus faibles revenus, qui sont précisément ceux qui ont le plus besoin d’accompagnement. Certes, un mono-geste est à court terme moins performant qu’une rénovation globale, mais il permet malgré tout de réaliser des économies d’énergie immédiates. Pour les ménages n’ayant pas les moyens d’engager une rénovation globale, il doit être possible de réaliser un projet sur le long terme, par exemple via un enchainement de mono-gestes successifs qui donnerait droit à des aides bonifiées », analyse Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEnergie.fr.
« La transition énergétique ne doit pas devenir un sujet d’injustice sociale. Donnons-nous les moyens de ne laisser personne au bord du chemin, et de structurer l’ensemble de la filière à la hauteur de l’enjeu qui est devant nous. D’autant que concrètement, le manque de main d’œuvre constaté dans le secteur du bâtiment rend l’hypothèse d’une massification de rénovations globales peu probable… », poursuit Nicolas Moulin.
a savoir
Le montant de la prime CEE est calculé en fonction des revenus du foyer, de la localisation du bien et du type de travaux effectués
