La trêve hivernale des expulsions locatives est prolongée de deux mois

La trêve hivernale des expulsions locatives est prolongée de deux mois

Alors que les procédures pour impayés de loyers se sont multipliées ces derniers mois, le gouvernement a décidé d’interdire les expulsions locatives pour une période de deux mois supplémentaires.

La trêve hivernale des expulsions locatives est prolongée de deux mois
Crédit photo © Reuters

Crise économique oblige, la trêve hivernale des expulsions locatives est à nouveau étendue cette année par le gouvernement, après avoir déjà été prolongée jusqu'en juillet en 2020.

Cette période, qui court normalement du 1er décembre au 31 mars, est allongée jusqu’au 31 mai prochain, a annoncé aujourd’hui la ministre déléguée au Logement.

Madame Wargon souhaite donner plus de temps au pouvoir judiciaire – en charge des procédures d’expulsion – pour « prioriser et échelonner les expulsions tout en veillant à ne pas expulser sans solution de relogement ou au moins d’hébergement », et en accompagnant les propriétaires lésés.

Explosion des procédures d’expulsion

Le gouvernement, qui avait déjà interdit ces expulsions jusqu’en septembre l’année dernière, a décidé de donner encore un peu d’air aux ménages menacés par de telles procédures face à une situation sociale en passe d'être explosive : 30 000 seraient actuellement en cours, c’est deux fois plus que la moyenne annuelle.

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Mais les situations de mal-logement concernent un nombre beaucoup plus large de Français : dans son rapport annuel publié lundi, la fondation Abbé Pierre estime que 4,1 millions de personnes sont concernées par des conditions d’hébergement dégradées, soit environ 200.000 de plus qu’un an auparavant.

Plongés dans une crise économique sans précédent, les ménages doivent se préparer à une année 2021 particulièrement difficile, alors que leur situation continue de se dégrader, prévient la fondation.

Une situation dégradée pour un Français sur trois

Premières victimes de la récession, les populations les plus précaires (étudiants, immigrés, femmes seules, familles monoparentales) affluent vers les banques alimentaires tandis qu’une partie de la classe moyenne, touchée par le chômage et des mois d’activité partielle, est également fragilisée.

« Le nombre de demandes de RSA a augmenté de 10% et les distributions alimentaires de 25 à 40%, selon les territoires », expliquait ce matin à France Info Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.

D’après un sondage Ipsos commandé par l’ONG, la situation financière de 32% des Français s’est dégradée depuis l’apparition du coronavirus, en premier lieu celle des 18-24 ans et des précaires.

Une vague d’impayés à prévoir

Même si la fondation note que les impayés de loyers n’ont pas explosé l’année dernière, celle-ci craint un effet boomerang en 2021 de la part de ménages qui auraient puisé pendant des mois dans leurs économies pour honorer leurs loyers, au détriment des frais de santé ou d’alimentation.

Elle s’inquiète également du coup d’arrêt porté à la construction de logements neufs qui devrait réduire le nombre d’attribution de logements HLM en 2021 ainsi que le déploiement du nouveau programme de rénovation urbaine en faveur des quartiers défavorisés.

Pour palier cette précarisation des mal-logés, la Fondation Abbé Pierre préconise en autres la mise en place d’un fonds de solidarité nationale pour les impayés de loyers, une mesure accueillie favorablement par Emmanuelle Wargon qui milite auprès de Matignon pour une enveloppe de 100 millions d’euros.

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