« Quelle place pour les crypto-monnaies dans un patrimoine diversifié ? »

« Quelle place pour les crypto-monnaies dans un patrimoine diversifié ? »

Tribune de Guillaume Eyssette, Directeur associé de Géfinéo.

« Quelle place pour les crypto-monnaies dans un patrimoine diversifié ? »
Crédit photo © Gefinéo

Longtemps, j’ai refusé la crypto-monnaie. Sur le principe d’abord, ensuite parce que c’était « trop tard ». Et puis depuis quelques années, j’ai observé ce secteur se développer et se renforcer. Longtemps le domaine des spéculateurs et des passionnés, ces actifs peuvent-ils intéresser aujourd’hui un investisseur raisonnable ? Et si oui, sur quelle crypto-monnaie se pencher ?

Abordons d’abord le Bitcoin, la plus connue des crypto-monnaies. La difficulté est qu’il est impossible à valoriser de manière fondamentale. Le Bitcoin n’a pas de valeur économique intrinsèque. Une entreprise, par exemple, fait des profits qu’elle peut ré-investir ou distribuer, on peut la valoriser. L’immobilier procure des loyers, c’est valorisable. Une terre agricole produira un certain tonnage de céréales à l’année etc… Le Bitcoin ne génère aucun revenu, ne produit rien, et n’a aucune utilité physique. Son prix reflète simplement l’espoir de trouver dans le futur quelqu’un à qui le revendre, ou qui l’acceptera en paiement.

L’or digital

Pour comprendre le Bitcoin faisons un détour par l’or. L’utilité industrielle de ce métal ne peut justifier son prix. Qui achète un lingot d’or, le fait dans l’espoir de trouver quelqu’un à qui revendre un jour ce bout de métal. En l’attente ce lingot ne produira rien, ne distribuera ni coupons, ni dividendes, ni loyers, ni utilité quelconque. Depuis des millénaires, les hommes attachent de la valeur à ce métal jaune, bien au-delà de son utilité physique. C’est une convention sociale quasi universelle, on accepte l’or comme moyen d’échange, et comme outil pour stocker sa richesse. C’est donc un pari raisonnable d’en détenir.

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Le Bitcoin est devenu l’or digital. Là aussi par convention sociale. Un phénomène bien plus récent que l’or physique, mais qui a pris une ampleur suffisante ces 10 dernières années pour qu’on puisse le prendre au sérieux. Comme l’or le Bitcoin est rare, comme l’or il est difficile et coûteux à extraire (« mining »), comme l’or les Banques Centrales ne peuvent pas en imprimer.

Mais en l’absence de valeur économique fondamentale, les prix du Bitcoin comme de l’or sont déterminés par les spéculateurs sans force de rappel en lien avec l’utilité économique réelle. L’investisseur fondamental peine à s’y retrouver.

Planche à billets

Pourtant, en ces temps où la « planche à billets » tourne à plein régime, où l’inflation pointe le bout de son nez, détenir une monnaie non officielle c’est intéressant ! Tout ce qui permet de se protéger du risque d’érosion monétaire est à regarder avec attention.

Oui à la diversification, mais comment ? La réponse idéale c’est une crypto qui sert à quelque chose, qui a une valeur d’utilité, qui n’est pas dépréciée par l’inflation, et idéalement qui rapporte un revenu au-delà des éventuelles plus-values attendues.

Ethereum

Quelle est cette crypto-monnaie dont on peut calculer la valeur économique fondamentale, qui produit des intérêts, et qui pèse déjà 400 milliards de dollars de capitalisation ? C’est l’Ether (ETH), la monnaie de la blockchain Ethereum. Cette monnaie qui est utile pour payer l’accès au réseau Ethereum sur lequel transitent chaque mois des dizaines de milliards de dollar de transactions financières. Etehreum est aussi le réseau de référence pour l’art digital (les NFTs) marché qui représente lui aussi des dizaines de milliards de dollars et qui est en pleine croissance. Enfin Ethereum est utilisé massivement par certains jeux en ligne, eux aussi en forte croissance et qui génèrent d’importants revenus. Tous ces utilisateurs doivent payer leurs frais de transaction en Ether.

Les détenteurs d’ETH pour le long terme peuvent via un mécanisme de Staking percevoir des intérêts (actuellement de l’ordre de 5% à 6% en ETH, monnaie non inflationniste). Alors oui, on peut aller vers certaines crypto-monnaies, sans tomber dans la béatitude extatique sur les promesses du « futur », ou s’enfermer dans un jeu de spéculation court-termiste rarement gagnant à long terme.

Une forte volatilité n’est pas gênante pour l’investisseur de long terme

Le secteur est encore jeune, il convient de s’adresser à des prestataires de premier plan et de redoubler de vigilance si l’on s’aventure hors des plus grandes crypto-monnaies. L’important est de rentrer progressivement en se donnant un horizon de long terme, et en faisant travailler ses crypto-monnaies dans l’intervalle pour percevoir des intérêts. Il faut s’attendre à une très forte volatilité des prix, qui ne sera pas gênante pour l’investisseur de long terme. Avec ces précautions on peut profiter de cette nouvelle classe d’actif pour diversifier progressivement son patrimoine.

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Guillaume Eyssette

Le parcours de Guillaume Eyssette

Dirigeant fondateur, Gefinéo

Diplômé de l’ESCE Paris et certifié CPGC, Guillaume Eyssette a travaillé 10 ans dans un grand cabinet de conseil intervenant auprès des acteurs de l’industrie financière. Après un passage par les outils de mesure de risque à destination des institutionnels, il crée en 2008 le cabinet Gefinéo Multi-Family Office. Spécialiste de l’investissement à long terme et très impliqué dans la communauté des investisseurs Value, il se consacre à l’accompagnement des investisseurs familiaux au sein de Gefinéo. Il reçoit en 2014, le Grand Prix de l’Allocation d’Actifs remis lors de l’assemblée Générale de l’Association Nationale des Conseils en Investissements Financiers.

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