"Quel avenir pour l’assurance-vie ?"

"Quel avenir pour l’assurance-vie ?"

Antoine Dadvisard, Président du directoire de Matignon Finances

"Quel avenir pour l’assurance-vie ?"
Crédit photo © Matignon Finances

Depuis plusieurs mois maintenant, nous assistons à une recrudescence d’articles et d’opinions mettant en avant les risques liés à la détention de ses avoirs dans l’assurance vie. Indépendamment du fait que nous conseillerons toujours de diversifier ses avoirs, il nous parait intéressant de faire un point global sur ce mode de détention afin d’avoir une vue d’ensemble.

La diversification de ses placements et l’approche par le risque que chaque épargnant est prêt à supporter doivent rester le fil conducteur de toute décision d’investissement. La bourse, l’immobilier, les tableaux de maîtres, l’assurance vie ou les objets de collection par exemple sont des sources de placement plus ou moins rémunérateurs et risqués, plus ou moins liquides, que chacun doit évaluer à sa juste mesure en fonction de ses objectifs personnels.

Des mauvaises nouvelles…

L’assurance vie, depuis quelques années, accumule les mauvaises nouvelles. On peut citer dans le désordre la baisse des rendements des fonds euros, la crainte d’une crise de l’euro, la crainte d’une augmentation massive de la fiscalité, la volatilité des compartiments en UC qui n’incite guère à la prise de risque, la loi Sapin 2 qui pourrait retarder les rachats pendant au moins six mois, le risque (exagéré à mon sens) de solvabilité de certaines compagnies liée à la future (et certaine) hausse des taux d’intérêts, la fiscalité des rachats ou des successions, etc.

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…mais pas de risque d’explosion

Qu’en est-il vraiment ? Y a-t-il un risque d’explosion de ce mode de placement ? Nous ne le pensons pas et ce, pour plusieurs raisons.

Rappelons quelques idées simples : les français ont placé environ 1.600 milliards d’euros au travers de plus de 50 millions de contrats (source : Fédération Française de l’Assurance) dont une grande majorité en fonds euros (environ 80%). Les primes versées par les épargnants sur les fonds euros sont ensuite placées par les compagnies sur des emprunts d’Etat et autres obligations d’entreprises.

Le Trésor bénéficie donc d’un apport extrêmement important de capitaux issus des assureurs français. Il est difficilement concevable d’imaginer un gouvernement quel qu’il soit,  se priver d’une telle manne de financement si bon marché. Tant que l’Etat aura de forts besoins de capitaux (et le sujet risque de durer encore longtemps !), il aura besoin des assureurs pour souscrire à sa dette. Et en l’absence de souscripteurs, cela posera quelques problèmes.

Pire encore, si le chiffon rouge continue d’être agité sans cesse, la décollecte prendra le pas sur la collecte (encore positive en mars  2017) et  en période taux bas, cela est le pire des scenarios.

Un bon compromis

Pour l’épargnant qui souhaite avoir une certaine liquidité de ses avoirs, l’assurance représente un bon compromis entre risque bancaire (tout le monde à un compte) et risque assurance, entre Livret et Plan d’Epargne Logement d’un côté et fonds euros de l’autre.

Sur le plan fiscal, le contrat d’assurance vie reste équipé de nombreux avantages qu’il ne faut pas oublier. En termes de flux annuels, c’est la possibilité de ne pas être taxé sur les plus-values réalisées lors des arbitrages au cours d’une année. Si vous placez chaque année les gains réalisés par cette économie d’impôt (entre  30% et 55% selon la fiscalité de 2017) sur du fonds euro, vous sécurisez ainsi vos gains en acceptant une rémunération moindre  dont vous pourrez profiter ultérieurement au travers de rachats plus faiblement fiscalisés en faisant jouer les abattements annuels de 4600 euros ou 9200 euros pour un couple.

Un cadre successoral attractif

En termes de succession, c’est encore le mieux, malgré les coups de canifs des précédents gouvernements. Pour les nombreuses familles ou même les couples sans enfants, le mécanisme de la stipulation pour autrui vous permet de gratifier qui vous le souhaitez en évitant le règlement de droits de succession complètement disproportionnés dès qu’on s’écarte un peu du schéma parents-enfants.

En prenant soin de ne pas léser ses héritiers réservataires que sont les enfants, le souscripteur pourra ainsi transmettre son capital à qui bon lui semble avec une fiscalité plus douce. N’oublions pas que l’épargne constituée au fil des ans est ce qu’il reste après avoir payé tous les impôts annuels. Ne pas avoir la possibilité de transmettre ce qu’il reste sans être obligé de tout consommer est une insulte aux règles élémentaires de bon sens. L’Etat devrait inciter alors la transmission plus facile vers la génération suivante afin que l’argent revienne dans le circuit économique.

Des possibilités d’emprunt à bon prix

Sur la souplesse d’utilisation, le contrat d’assurance vie est aussi un merveilleux outil patrimonial avec effet de levier. En cas de besoin pour réaliser un investissement, il est préférable de ne pas racheter son contrat. En effet, pourquoi payer un impôt et des prélèvements sociaux sur la plus-value réalisée alors qu’il est possible de demander une avance à l’assureur.

Sans avoir à passer par le banquier, ce mode de financement, est, sans être moins cher, beaucoup plus rapide et à l’avantage de ne pas impliquer votre banque. Le coût d’une avance est en général, selon les compagnies, facturé à 1% de plus que ce qui est attribué pour la rémunération du fonds euros. Vous avez donc un emprunt qui vous coute 1%. Pourquoi s’en priver ?

L’assurance-vie a encore de l’avenir

En résumé, il est donc de bon ton de ne pas vider trop vite ses contrats d’assurance vie surtout si cela est destiné à remplir votre compte bancaire et d’en parler à votre conseiller habituel. La peur n’est jamais bonne conseillère et les mouvements brusques de capitaux ne sont jamais bons.

Racheter un contrat d’assurance vie ancien pour ces raisons là est la certitude d’un appauvrissement certain par le mécanisme de l’impôt, pour un risque qui n’est pas forcément avéré. Nous le disions en introduction, l’important est la diversification et c’est la raison pour laquelle nous sommes certains que l’assurance vie à encore de l’avenir car ce mode de détention correspond à un réel besoin de stabilité pour l’épargnant et de source de financement pour l’Etat.

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Antoine Dadvisard

Le parcours d'Antoine Dadvisard

Président du directoire, Matignon Finances

Diplômé de l’Université de Paris IX-Dauphine et de l’Institut National des Télécommunications, Antoine Dadvisard, débute sa carrière chez IBM dans les années 1990. Passionné depuis longtemps par les marchés financiers, il donne en 2009 une inflexion à sa carrière en devenant conseiller en gestion de patrimoine indépendant après l’obtention de son DESS de Gestion de patrimoine (Université de Clermont-Ferrand). En 2011, il prend la présidence du directoire de Matignon Finances lors de son rachat avec cinq autres associés.

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