« L’ISR, de 1970 à aujourd’hui : genèse, évolution et impact social »

« L’ISR, de 1970 à aujourd’hui : genèse, évolution et impact social »

Tribune de Jérôme Rusak, président de L&A Finance.

« L’ISR, de 1970 à aujourd’hui : genèse, évolution et impact social »
Crédit photo © L&A Finance

L'histoire de l'investissement socialement responsable (ISR) remonte à plusieurs siècles. Son orientation éthique et morale, consistait à ne pas investir dans les entreprises dont le commerce constituait un affront aux valeurs religieuses comme celles, liées à l’industrie de l’armement, du commerce de tabac, des jeux et de l’alcool. Par le passé, les investisseurs de diverses religions envisageaient déjà les conséquences de leurs actions économiques en rejetant les investissements qui étaient contraires à leurs convictions profondes. Depuis, la démarche ISR a pris de nombreuses formes et les approches choisies varient considérablement d’un pays à l’autre. En France, c'est en grande partie l'approche du "fonds de développement durable" qui prédomine.

D’où vient l’ISR ?

L’ISR prend réellement racine entre 1890 et 1917. Cette période marque la naissance d’un nouvel ordre social qui domine la vie politique en 3 principaux points : la moralisation de la conduite des individus, la protection sociale des plus défavorisés et la redéfinition des relations entre le gouvernement et les gouvernés, mais également, entre les grands industriels et la société. Le premier fonds ISR éthique français est créé sous l’impulsion de sœur Nicole Reille qui souhaitait la création d’un fonds investi dans des entreprises plus respectueuses de la place de l’Homme. Aujourd’hui, l’ISR fait face à une rupture majeure qui le positionne non plus en dehors du monde financier conventionnel mais au cœur de ce dernier, de par l’intégration de critères extra-financiers dans ses processus d’investissement.

L’écologie, un enjeu majeur pour L’ISR

En France, l'investissement socialement responsable se développe fortement depuis quelques années. Cette croissance de la gestion ISR est majoritairement portée par les investisseurs institutionnels qui représentent 82% du marché et qui sont sensibles aux préoccupations écologiques. Le label ISR est donc devenu un outil majeur pour accompagner, au niveau financier, la transition écologique et environnementale engagée par les différentes strates de la société en mettant en avant des investissements plus vertueux en matière de protection environnementale. Le label ISR accompagne désormais de nombreuses entreprises qui souhaitent allier performance financière et lutte contre le réchauffement climatique afin de répondre aux attentes de leurs actionnaires.

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L’investissement responsable, comment ça marche ?

L’ISR, c'est investir en intégrant dans sa réflexion et dans ses décisions de placements des critères extra-financiers, les fameux ESG : Environnement, Social, Gouvernance. L'objectif, valoriser les entreprises « éthiques ». Aujourd'hui, il existe trois grandes façons d'investir durablement. La première, consiste, pour un gestionnaire d'actifs, à intégrer les critères ESG dans l'évaluation d'une entreprise cotée, en les croisant avec les indicateurs de performance financière classique. La seconde forme de gestion ISR fonctionne sur le principe de l'exclusion de certaines activités ou secteurs entiers en inadéquation avec les principes du développement durable. La dernière stratégie ISR est la plus ambitieuse : son principe étant d'investir dans des sociétés capables de démontrer concrètement leur contribution positive à l'environnement ou à la société.

ISR et impact immobilier

Le secteur de l’immobilier et de la construction est en France à l’origine de 25% des émissions de gaz à effet de serre. Par conséquent, le secteur de l’immobilier a une responsabilité majeure et la question de l'ISR est centrale. Dans un marché très concurrentiel et face à une demande forte des investisseurs institutionnels et particuliers, les gestionnaires immobiliers élaborent leurs programmes immobiliers en intégrant des critères environnementaux, sociétaux et de gouvernance. D’ailleurs, depuis le 1er janvier 2020 la loi PACTE oblige les investisseurs institutionnels à proposer au moins une unité de compte labellisée ISR dans les contrats d'assurance vie multisupports, illustrant ainsi l’importance croissante de l’investissement « propre ».

ISR : La finance de demain sera responsable

D’abord considéré comme une mode, puis comme un mouvement marketing et alternatif, l’ISR s’impose dorénavant comme le modèle prioritaire à adopter par les différents investisseurs. Son impact financier pèse désormais sur la balance avec 2.000 milliards d'euros en Europe. L’encours des fonds durables a lui aussi augmenté de 65% sur le premier semestre 2021 avec 119 milliards d'euros collectés sur les six premiers mois de l'année, contre 90 milliards d'euros pour les fonds non ISR. Cette forte croissance pousse désormais les acteurs financiers à se professionnaliser et à structurer l’offre de leurs produits responsables et les placements durables deviennent aujourd’hui le nouveau Graal des investisseurs.

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Jérôme Rusak

Le parcours de Jérôme Rusak

Président, L&A Finance

Associé fondateur du cabinet L&A Finance en 2004, Jérôme Rusak en a été le directeur général jusqu'en 2018 pour ensuite en prendre la Présidence afin d'accompagner une phase de transition et de croissance. Précédemment, il avait fait ses classes au sein de directions financières de grands groupes Immobiliers tel que Marignan, Foncia et Primonial.

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