Tribune de Valérie Batigne, dirigeante-fondatrice de Sapiendo Retraite.
Tous les retraités ne vont pas profiter de la même manière de la revalorisation de 4% des régimes de base votée dans le cadre des mesures contre l’inflation. L’application de la revalorisation anticipée au 1er juillet et versée début septembre, illustre une nouvelle fois la différence de traitement entre les régimes. L’inflation risque d’être un nouveau révélateur des différences entre les régimes. Démonstration par l’exemple.
La revalorisation ne s’applique que sur la retraite de base
La pension globale d’un retraité se compose en partie d’une pension servie par le régime de base (par exemple pour les salariés, la Carsat) et d’une pension servie par le régime complémentaire (par exemple pour les salariés l’Agirc - Arrco). Chacune a ses propres règles de revalorisation.
La revalorisation anticipée de 4% décidée par le gouvernement s’applique aux seules pensions des régimes de base (à l’exception du régime autonome des avocats). Ainsi les retraités affiliés au régime général des salariés du privé (CNAV), de l’agricole (MSA), les commerçants et artisans (SSI), les professions libérales (CNAVPL), les fonctionnaires (SRE et CNRACL) et les régimes spéciaux font voir leur pension de base augmentée.
A lire aussi...
En revanche, la revalorisation ne s’applique pas aux régimes de retraite complémentaire, dont la plupart sont des régimes autonomes et/ ou pilotés par les partenaires sociaux. Ils ont leurs propres règles de revalorisation. Le plus important d’entre eux, l’Agirc-Arrco, régime complémentaire des salariés du secteur privé, a d’ailleurs fait savoir qu’il n’anticiperait pas la revalorisation annuelle avant la date habituelle du 1er novembre.
La revalorisation de 4% ne concerne donc qu’une partie de ce que touchent les retraités.
Des différences de traitement entre les régimes et les statuts
Dans la mesure où la revalorisation de 4% s’applique uniquement sur la pension de base et non sur la retraite complémentaire, le gain sur le pouvoir d’achat sera plus au moins proche des 4% selon l’importance de la part de la retraite de base dans la pension totale du retraité. Et sur ce point, la répartition entre base et complémentaire peut fortement varier selon les régimes, les statuts et la composition de la rémunération.
Par exemple, pour les salariés du privé, la part de la complémentaire « grossit » au fur à mesure que la rémunération augmente, diminuant d’autant la part de la retraite de base. Ainsi, pour un salarié non cadre, la pension de base représente souvent autour de 70% de sa pension globale. Alors que pour un salarié cadre supérieur, la part de la retraite de base se situe plutôt autour de 50%. Cette différence a un impact direct sur le gain réel de pouvoir d’achat. Le salarié non cadre verra son pouvoir d’achat amélioré de 2,8% contre 2% pour le cadre supérieur.
Autre exemple, pour un fonctionnaire, la part de la retraite de base est très importante. Elle représente autour de 95% de sa pension globale. Il verra ainsi son pouvoir d’achat augmenter de 3,9%. Ne pas oublier cependant que les régimes complémentaires seront revalorisés, mais peut-être pas au même niveau car ils ont l’obligation de ratios financiers que n’ont pas les régimes gérés par l’État. C’est la vraie source d’inégalités entre les régimes, qui touche à la fois les retraités et les futurs retraités.