Stellane Cohen, directrice générale d’Altaprofits
La crise de la Covid 19 a mis en exergue un phénomène majeur : les Français s’interrogent ou se réinterrogent fortement sur leur consommation et même leur mode de vie. De nombreux citoyens ont décidé de devenir des « épargnants responsables », en orientant notamment leurs investissements vers des supports en harmonie avec leurs valeurs. Le monde de la finance s’est adapté au besoin grandissant et une nouvelle finance responsable a fait son apparition. Mais une question essentielle demeure : au-delà de l’éthique, les placements responsables sont-ils performants ?
L’empreinte écologique et sociale
Les promesses sont fortes : en épargnant 5.000 €sur les supports à vocation « ISR » (Investissement Socialement Responsable), l’épargnant responsable peut économiser 41 m3 d’eau, soit l’équivalent de la consommation régulière de 275 personnes, ou plus de 1.000 kg de déchets, c’est-à-dire l’équivalent des déchets quotidiens de 778 personnes ! (Source : Pictet Asset Management).
Si l’investisseur particulier d’aujourd’hui contribue à protéger la planète en investissant dans des sociétés qui mettent au point des solutions pour parer aux problèmes environnementaux les plus urgents ou encore dans celles qui cherchent à réduire leur empreinte environnementale, avant tout, il doit clarifier son éthique : “Quelle est ma quête à travers mon placement ?” Préserver la planète, soutenir des populations, obtenir une bonne rentabilité… La réponse à cette question orientera déjà ses choix d’investissement.
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Label ISR
L’éthique financière étudie comment différents produits financiers (actions, Trackers, SCPI, OPCI, produits dérivés) ou institutions financières (banques, agences de notation) affectent la justice sociale et les inégalités sociales.
Crée en 2016 à l’initiative du Ministère des Finances, le label ISR définit un équilibre entre quête éthique et rentabilité financière. Dans son développement et son institutionnalisation au sein des marchés financiers, il intègre les mêmes objectifs financiers que la gestion traditionnelle comme l’optimisation du couple rendement /risque. Pour le particulier, le mieux est de préférer les supports d’investissements qui portent ce label car ils sont déterminés selon une méthode dite « de filtrage » : elle sélectionne les entreprises avec une approche de « best pratice » (durables, éthiques, écologiques).
Des placements responsables mais pour quels rendements ?
Prenons le cas de deux supports d’investissement aux ambitions différentes et étudions leurs performances financières et en matière de durabilité. Cette note de durabilité mesure la manière dont les sociétés en portefeuille gèrent les risques ISR/ESG (Environnement, Social et Gouvernance : autant de critères extra-financiers par rapport aux portefeuilles de la catégorie correspondante).
Pictet Global Environmental Opportunities P Eur (LU0503631714) investit principalement dans les actions d’entreprises internationales privilégiant les secteurs de l’énergie renouvelable, le contrôle de la pollution, le traitement des déchets et du recyclage. Son approche active permet à l’équipe de gestion de sélectionner environ 50 à 60 valeurs les plus prometteuses au sein d’un univers d’investissement d’environ 400 entreprises liées à l’environnement sur les marchés développés et émergents. Au-delà de ses performances financières remarquables depuis plus de 10 ans (10,38% annualisées), son approche responsable et durable est une référence.
BGF Sustainable Energy Fund E2 Eur Acc (LU0171290074) investit en actions de grandes sociétés internationales spécialisées dans les énergies alternatives et les technologies de l´énergie, notamment les énergies renouvelables, les combustibles de substitution, la technologie des matériaux, le stockage et le développement de l´énergie. La gestion des risques ESG au sein du fonds est qualifié d’excellente d’après la note de durabilité donnée par Morningstar (1er de sa catégorie). Le fonds a su exploiter ces critères extra-financiers pour créer de la surperformance : 22,78% depuis le 1er janvier et 73,21% sur 5 ans (arrêtées au 22/10/2020).
Gestion pilotée
L’épargnant, qui manque de temps et/ou d’information pour gérer son épargne, peut se tourner vers des gestions pilotées thématiques basées sur la santé, les énergies renouvelables, la biotechnologie.. Le principe de la gestion pilotée est assez simple : après avoir défini son profil investisseur, son projet et son horizon, l’épargnant laissera le soin à un expert de la finance de placer et de gérer son épargne. La gestion pilotée sous mandat thématique, destinée à donner plus de sens à son épargne, est une alternative à la gestion par simple profil de risque.
En conclusion, ce sont quelques idées d’investissement pour allier rentabilité et durabilité ! Souhaitons par ailleurs que la pandémie soit porteuse de transformations durables.