« Investir dès 18 ans : oui, mais comment ? »

« Investir dès 18 ans : oui, mais comment ? »
  • 1

Tribune d'Emmanuel Sackmann, directeur régional France d'eToro.

« Investir dès 18 ans : oui, mais comment ? »
Crédit photo © eToro

"Je mets de côté". C’est ce que beaucoup de jeunes majeurs affirment en recevant leur premier salaire. Pourtant, la plupart laissent dormir leurs économies ; résultat, celles-ci perdent de leur valeur. Comment résoudre cela ? Une solution : investir.

À en croire certains, ne pourrait-être jeune investisseur que celui ou celle qui a au moins passé la trentaine. Or, si les montants investis et les stratégies d’investissement sont nécessairement spécifiques, il n’y a pas de raison à ce que les jeunes majeurs soient exclus de ce nouveau monde qui s’ouvre à eux. Bien au contraire dès lors que le temps est le meilleur allié de tout investisseur !

Dans son enquête sur l’éducation financière, la Banque de France révèle que 59% des 18-24 ans et 63% des 25-34 ans s’intéressent à l’actualité et aux sujets financiers ; ce qui est bien au-delà des autres catégories d’âge comme de la moyenne générale de 52%. Mais de l’intérêt à l’action, il reste un cap à franchir.

Investir ? Pour quoi faire ?

La première question qui peut se poser est celle de l’intérêt d’investir aussi jeune, quand de nombreux projets nous attendent. Qu’il s’agisse d’un achat immobilier, de l’acquisition d’une première voiture, ou de velléités entrepreneuriales, les jeunes majeurs ont sans l’ombre d’un doute besoin de liquidités à court terme. À ce titre, investir peut de prime abord sembler contre-intuitif.

A lire aussi...Comptage

Pourtant, à nouveau, le temps est notre ami. Commencer à vraiment "mettre de côté", petite somme par petite somme, permet de se constituer de solides économies, mobilisables à moyen ou long terme. Bien sûr, si vous comptez acheter un appartement dans le mois qui suit, investir est peut-être baroque.

Cela étant, une seule année d’investissement peut déjà mériter de se poser la question. Parce que laisser dormir son argent sur un livret jeune ou un livret A revient surtout à dissiper la valeur que l’on peut mobiliser, dans la mesure où l'inflation est sans commune mesure supérieure aux taux d’intérêts de ces mêmes livrets. Somme toute, c’est justement la perspective d’un projet à venir qui incite à investir.

Et puis, à l’ère de la structuration de la génération climat, qui oblige l’ensemble des acteurs économiques à se renouveler, faire ses propres choix d’investissement est un moyen d’action complémentaire. C’est d’ailleurs sans aucun doute pour cela qu’on observe un intérêt plus important des jeunes sur les questions financières. Après tout, qui sait avec précision quels financements sont réalisés avec son épargne bancaire ? Devenir maître de son patrimoine, c’est lui donner du sens.

Par où commencer ?

L’investissement à moins de 30 ans peut donc servir à consolider son apport pour un projet à court terme. Cela requiert de limiter l'immobilisation de son capital. Auquel cas, un contrat d’assurance vie peut être avantageux. Bien que globalement peu rémunérateur, c’est un placement peu risqué qui garantit - contrairement aux idées reçues - une bonne liquidité de ses économies.

D’ailleurs, bien que ne permettant pas de facilement retirer son argent pendant les cinq premières années, il peut être intéressant d’envisager l’ouverture d’un plan d’épargne en actions (PEA), quitte à n’y verser qu’une petite somme. En effet - encore une fois - le temps étant notre allié, un PEA de plus de cinq ans offre une fiscalité avantageuse. En pratique, le PEA permet une exposition aux actions comme aux parts d’organismes de placements collectifs.

Cela étant, le meilleur moyen d’investir dans ces mêmes produits financiers tout en bénéficiant de la possibilité de retirer ses fonds à tout instant consiste à passer par un courtier. Plus spécifiquement, les courtiers en ligne semblent tout à propos pour les jeunes majeurs, permettant de découvrir cet univers d’investissement tout en bénéficiant de frais d’utilisation parmi les plus abordables.

Quoi qu’il en soit, la règle d’or en matière d’investissement reste la diversification, et aucun de ces supports n’exclut les autres. La diversification s’inscrit dans un ensemble de connaissances et de précepts en matière d’investissement qui devrait s'acquérir dès l’école - en tous cas c’est ce à quoi j’aspire, au même titre que 84% des Français d’après la Banque de France. Cependant, ces skills peuvent aussi s'acquérir par la pratique.

Investir pour apprendre à investir

Après tout, pourquoi s’ennuyer à investir quand on a encore peu de patrimoine ? Un élément de réponse est donc celui de l’éducation financière par la pratique. Tout en conservant une partie conséquente de ses économies sur des livrets réglementés, investir tôt, même (et surtout) s’il s’agit de petites sommes, c’est avant tout un moyen de prendre la main, de découvrir les logiques de l’investissement, de se confronter à son rapport aux risques, de faire des erreurs… Bref, d’apprendre.

Bien que, toujours d’après la Banque de France, 84% des Français aspirent à ce que l’éducation financière et budgétaire soit enseignée à l’école, ce n’est pas encore le cas. Et si l’on veut démocratiser l’accès à l’investissement, on ne peut pas attendre que tous les investisseurs soient issus d’études supérieures dans la finance.

Serious Game

Face à cela, de nombreuses initiatives sont proposées pour accompagner les investisseurs néophytes. Certains courtiers et organismes de formation proposent notamment des supports permettant de découvrir les bases de l’investissement sous forme de MOOC. Mais la méthode d’apprentissage qui me semble la plus prometteuse est le serious game.

Plusieurs acteurs proposent, en effet, des portefeuilles d’investissement virtuels, permettant de simuler des investissements en condition réelle sans dépenser aucun euro. Je ne saurais que trop recommander aux jeunes majeurs de s’orienter dans cette direction pour maîtriser une compétence qui leur sera utile toute leur vie.

©2023-2024
L'Argent & Vous
Emmanuel Sackmann

Le parcours d'Emmanuel Sackmann

Directeur régional France, eToro

Diplômé en informatique et mathématiques de l’Université d’Aix-Marseille, puis en assurance et finance à l’École nationale d’assurances, Emmanuel Sackmann évolue depuis 10 ans dans le secteur de l’investissement. Passionné par les technologies, la cybersécurité et le Web3, c’est tout naturellement qu’en 2018, après être passé par Markets.com et AvaTrade, il rejoint eToro, le réseau d’investissement social. Depuis 2020, il en est le directeur régional France.

Plus d'actualités Epargne

Chargement en cours...

Toute l'actualité