« Faut-il définitivement tourner le dos aux cryptomonnaies ? »

« Faut-il définitivement tourner le dos aux cryptomonnaies ? »

Tribune de Jérôme Rusak, président de L&A Finance.

« Faut-il définitivement tourner le dos aux cryptomonnaies ? »
Crédit photo © L&A Finance

Après une année 2022 marquée par le retour de la guerre en Europe ainsi qu’une grande inflation, l’année 2023 se veut optimiste en prônant un retour à la stabilité sur les marchés. Néanmoins, depuis janvier, les marchés sont sujets à de profonds changements micro et macro-économiques pouvant modifier cette espérance.

En effet, nul jour ne se ressemble puisque de nombreux chocs endogènes et exogènes se sont manifestés, fragilisant ainsi la confiance de certains acteurs sur les marchés. Parmi eux, les plus récents sont la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank, connue dans le secteur de la tech mais aussi celle du Crédit Suisse menant à sa reprise par sa concurrente rivale suisse UBS.

En dépit des projections se voulant optimistes sur la stabilisation de l’inflammation au cours de cette année, l’intervention des organismes monétaires internationaux fragilise l’économie sous tous ses aspects. En effet, la lutte contre l’hyperinflation via les hausses des taux directeurs érige des barrières à la consommation pour tous.

Au lendemain de scandales ayant touchés la crypto-sphère, une chute globale des valeurs cryptos ainsi qu’une volonté de régulation exacerbée sont apparues. Dans ce contexte, est-il toujours pertinent de se positionner sur ce marché ?

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Qu’est-ce qu’une cryptomonnaie ?

Une cryptomonnaie est un actif numérique émis de pair à pair sans nécessiter l’intervention d’une banque centrale ou d’un quelconque organisme centralisé. Autrement dit, c’est une monnaie qui se crée et s’échange sans intermédiaire à travers le monde comme le souhaitait Satoshi Nakamoto, créateur du Bitcoin.

Pour certains, l’un des problèmes de ces actifs est sa décentralisation, car elle assure un anonymat quasi total, pourtant c’est là l’essence de cette devise numérique. C’est pourquoi pour s’assurer d’une plus grande transparence sur la circulation des fonds, plusieurs états délibèrent actuellement sur l’institution d’une règlementation visant à réguler ce système pour apporter plus de clarté aux gouvernements et autres acteurs institutionnels.

Par ailleurs, l’idée de sa conception repose sur la volonté d’enrayer la nature inflationniste d’une monnaie en circulation dès sa création. Cependant, cet actif n’est adossé à aucun bien tangible et repose sur une loi d’offre et de demande liée à la confiance des utilisateurs. C’est là que le bât blesse : au cours de l’année 2022 ce fut la traversée du désert pour ces valeurs puisque la confiance des néophytes et autres utilisateurs s’en est trouvée chahutée.

Après la faillite de Celsius, puis de FTX l’une des principales plateformes d’échanges centralisés de cryptomonnaie, on a observé une chute spectaculaire du cours du Bitcoin. Malgré cette perte de valeur durant cette dernière année, les spécialistes optent pour un scénario vert concernant 2023. Depuis le 1er janvier, on observe une tendance haussière sur le cours du Bitcoin, passant d’environ 16.000$ au plus bas à environ 30.000$ aujourd’hui. Du côté des marchés boursiers, c’est la même dynamique qui s’opère avec un indice du CAC40 qui enchaîne même des records au-dessus de 7.500 points.

Cryptomonnaies : pur produit spéculatif ou valeur refuge ?

Globalement depuis sa création, on s’aperçoit que le Bitcoin est corrélé aux performances des indices de marchés traditionnels tel que le S&P 500. Initialement vu comme un pur produit spéculatif sans grand intérêt, on remarque que depuis les différents chocs énoncés précédemment, la notion de décentralisation apparaît de nouveau comme une alternative viable. En effet, lors d’une ruée bancaire c’est-à-dire une demande de retrait des dépôts extrêmement élevée liée à une crainte d’insolvabilité d’une banque, votre argent n’est garanti que partiellement. Ce n’est pas le cas des cryptomonnaies à condition que vous ne les achetiez pas sur une plateforme centralisée telle que Binance, Coinbase ou Kraken. Le fait d’être l’unique détenteur de son patrimoine pourrait expliquer en partie ce regain d’intérêt.

Comme tous les marchés financiers, ces actifs restent soumis à un risque ainsi qu’une volatilité plus ou moins importante. Sur les marchés traditionnels, celle-ci est généralement plus faible. Mécaniquement, le potentiel de plus-value est plus élevé sur les marchés cryptos mais il faut aussi faire attention au potentiel de perte que vous êtes prêts à prendre. De plus, de bonnes connaissances sont nécessaires avant de se positionner sur ces valeurs tout comme la finance classique. Même si ces valeurs apportent leur lot d’innovations, d’autres valeurs défensives plus classiques restent aussi intéressantes. Pour cela, il faut se tourner vers des valeurs boursières ayant une activité défensive ne dépendant pas spécialement des cycles économiques, le luxe apparaît comme l’un de ces secteurs. Lors de crise celui-ci a tendance à réagir différemment des autres secteurs en absorbant les changements sans pour autant perdre une trop grosse valeur.

En définitive, tourner le dos aux cryptomonnaies serait dommage alors que nous n’en sommes encore qu’à l’aube, néanmoins dans un but de diversification de votre patrimoine d’autres solutions peuvent être priorisées.

©2023-2024
L'Argent & Vous
Jérôme Rusak

Le parcours de Jérôme Rusak

Président, L&A Finance

Associé fondateur du cabinet L&A Finance en 2004, Jérôme Rusak en a été le directeur général jusqu'en 2018 pour ensuite en prendre la Présidence afin d'accompagner une phase de transition et de croissance. Précédemment, il avait fait ses classes au sein de directions financières de grands groupes Immobiliers tel que Marignan, Foncia et Primonial.

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