« De la monnaie de singe : la France est-elle concernée ? »

« De la monnaie de singe : la France est-elle concernée ? »

Grégory Lecler, Président de Prudentia Patrimoine.

« De la monnaie de singe : la France est-elle concernée ? »
Crédit photo © Prudentia Patrimoine

La France, à l’égard de la plupart des pays, est-elle en train de payer ses dépenses en « monnaie de singe » ? Cette situation est-elle durable ? Quelles peuvent être les conséquences à long terme pour votre épargne ? Tentatives de réponses…

La dette de la France explose et atteint désormais près de 120 % du PIB, ce qui représente une augmentation de près de 20 points sur l’année 2020 (près de 500 milliards d’euros). Pour autant, notre pays n’a jamais emprunté à des taux aussi bas. Grâce à l’action de la Banque Centrale Européenne (BCE), les taux d’intérêts sont même passés en territoire négatif, ce qui signifie que, plus notre pays emprunte, plus il s’enrichit… tant que tout va bien ! Cette situation est-elle saine, et surtout durable, et quelles peuvent être les conséquences pour votre épargne ?

Planche à billets

Évidemment, la crise sanitaire a poussé notre gouvernement à agir et à intervenir massivement pour éviter une catastrophe économique et sociale. C’était nécessaire. Ces dettes ont jusqu’à présent été « monétisées » par la BCE. C’est ce que l’on entend par « faire tourner la planche à billets ». Cette dernière a vu le total de son bilan exploser. Pour simplifier, la France émet de la dette qui est achetée par la BCE.

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Heureusement pour nous, en la matière, la France n’est pas la seule, la quasi-totalité des pays ayant été confrontée à la pandémie. L’enveloppe que la BCE a décidé de consacrer à cet effet atteint désormais 1.850 milliards d’euros, avec des rachats de dettes devant se poursuivre au moins jusqu’en mars 2022. Même l’Allemagne, louée pour ses finances saines, a vu son endettement passer de 60% à plus de 70% du PIB. Toutefois, l’écart avec notre voisin, et la plupart des pays, ne cesse de se creuser.

Une dette publique incontrôlable

Alors que la France et l’Allemagne affichaient des niveaux d’endettement similaires au milieu des années 2000, l’écart s’est creusé à 46 points à fin 2020. Et c’est en cela qu’il faut s’inquiéter. En effet, il parait impossible de faire le pari que les taux d’intérêt resteront à des niveaux si bas pendant des années. Or, si la charge de la dette (le coût des intérêts payés par la France chaque année) a diminué malgré la hausse de l’endettement, elle pourrait connaître une hausse vertigineuse en cas de retournement de tendance et pourrait alors devenir incontrôlable.

Décollecte de l’assurance vie

Ces dettes seront-t-elles un jour remboursées, deviendront-t-elles « perpétuelles », ou bien encore seront-elles tout bonnement « annulées » ? Nous ne rentrerons pas dans ces discussions qui seraient interminables. Mais, force est de constater que les choses bougent et que les investisseurs sont de plus en plus méfiants. Or, le système actuel repose sur la confiance que les investisseurs ont envers la monnaie. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un œil aux cours de l’or, des actions, de l’immobilier, des matières premières ou bien encore des crypto-monnaies telles que le bitcoin. Tous, sont à des niveaux historiques, voire « stratosphériques » pour certains. A l’inverse, nous constatons depuis plusieurs mois un mouvement de décollecte sur les contrats d’assurance vie (plus de 7 milliards d’euros pour l’année 2020).

Crise de confiance

Ne faut-il pas y voir autant de signes précurseurs de la perte de confiance des investisseurs envers leur monnaie ? Loin d’être irrationnels, ces phénomènes peuvent paraître au contraire très cohérents. Rappelons qu’investir au sein d’un contrat d’assurance vie consiste à devenir créancier d’une compagnie d’assurance et de l’Etat Français (les fonds euros).

A l’inverse, détenir de l’or, des actions, ou de l’immobilier confère un titre de propriété. Que la monnaie nationale s’écroule ou pas, il en restera toujours quelque chose. Leurs valorisations pourraient même grimper en flèche pour certaines d’entre elles. Quant aux crypto-monnaies, tous les cas de figures semblent envisageables… Il s’agit peut-être d’un scénario choc, espérons-le. Toutefois, les investisseurs doivent se préparer à toutes les éventualités, comme est venue nous le rappeler cette année 2020 exceptionnelle.

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Grégory Lecler

Le parcours de Grégory Lecler

Président Fondateur, Prudentia Patrimoine

Grégory Lecler est diplômé du DESS de Droit du Patrimoine Professionnel de l’Université Paris-Dauphine, titulaire du Titre d’Ingénieur-Maître spécialisé en Gestion de Patrimoine décerné par l’Université Paris-Dauphine. Après une expérience réussie au sein d’un grand établissement bancaire parisien en qualité de Gérant de Fortune Senior, Grégory Lecler a fondé son cabinet, Prudentia Patrimoine en 2006 et développé une expertise reconnue dans le conseil et la gestion de patrimoine en plaçant l’écoute, la rigueur professionnelle et l’éthique au cœur de son activité.

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