Assurance-vie : "Pourquoi vouloir appauvrir les fonds en euros pour sauver les 'euro-croissance' ?"

Assurance-vie : "Pourquoi vouloir appauvrir les fonds en euros pour sauver les 'euro-croissance' ?"

Cyrille Chartier-Kastler, Fondateur du site GoodValueforMoney.eu

Assurance-vie : "Pourquoi vouloir appauvrir les fonds en euros pour sauver les 'euro-croissance' ?"
Crédit photo © Facts & Figures

Les fonds euro-croissance étaient censés écrire une nouvelle page de l’assurance-vie avec a priori un triptyque gagnant.

Pour le client :

  • Un rendement financier potentiellement meilleur à un terme déterminé, dans un contexte où l’on sait que la baisse des taux des obligations va induire une poursuite de l’érosion du rendement des fonds en euros « classiques ».
  • Une garantie (partielle ou totale) du capital initialement investi, celle-ci n’étant toutefois plus quotidienne (comme pour les fonds en euros « classiques »), mais uniquement à l’échéance contractuelle prévue de l’investissement.

Pour l’assureur-vie :

  • Une limitation du besoin en marge de solvabilité dans le cadre des nouvelles normes prudentielles Solvabilité II applicables à compter du 1er janvier 2016, cette économie étant notamment induite par la suppression de la garantie au jour le jour du capital investi par le client.
  • Une limitation des investissements dans des obligations à trop faible rendement (comme l’OAT à 10 ans) pour lesquelles l’assureur-vie sait qu’il prend le risque de pertes financières futures en en acquérant des volumes significatifs.
A lire aussi...Comptage

Pour l’Etat français et l’économie :

  • Un volume potentiellement plus important investi par les assureurs-vie dans l’économie dite « réelle », par le biais de l’acquisition d’actions d’entreprises, du financement de projets d’infrastructures (lignes de TGV ou centres commerciaux, par exemple).
  • Une limitation des risques pris par les assureurs-vie dans leurs fonds en euros « classiques », dans un contexte où il devient très difficile de trouver des actifs financiers dans lesquels investir les flux de collecte.

Un contexte peu favorable

Mais la forte baisse des taux d’intérêts (avec une OAT à 10 ans à 0,77 % au 30 octobre 2015) rend le montage de fonds euro-croissance difficile. En effet, la prise de risque (en termes de diversification d’actifs) ne peut se faire qu’en fonction des coupons attendus sur la partie obligataire. Or à 0,77 %, on ne peut plus attendre grand-chose. D’autant plus que la gestion d’un fonds euro-croissance requiert des frais de gestion qui viennent réduire encore plus le piètre rendement prévu des obligations en portefeuille.

En faisant l’hypothèse que le coût de gestion financière d’un fonds euro-croissance est de l’ordre de 0,30 % par an, l’achat d’une obligation dont le rendement est de 0,77 % ne permet de diversifier l’actif qu’à hauteur de 10 x (0,77 % - 0,30 %) = 4,70 %.

Un projet de transfert des richesses

Afin de sauver ce dispositif (qui a été conçu à une époque où le taux des obligations n’était pas aussi bas), le gouvernement prévoit désormais d’autoriser les assureurs-vie à transférer une partie des obligations (antérieures et acquises dans le cadre de leurs fonds en euro « classiques ») doté d’un rendement supérieur vers leurs fonds euro-croissance.

Concrètement, cela revient à prendre une partie de la richesse constituée grâce aux épargnants (d’hier) sur les fonds en Euro pour la transférer sur des fonds euro-croissance. L’objectif du gouvernement est à la fois de faire chuter le rendement des fonds en euro « classiques » et de donner une « petite » chance de développement aux fonds euro-croissance.

Si un effet « vitamine » ponctuel est possible, la manœuvre ne changera rien au fait que les fonds euro-croissance sont totalement inadaptés à la configuration actuelle des taux d’intérêts.

Des solutions plus simples

A nouveau, notre recommandation est de faire simple et concret. Rien ne vaut une « bonne » allocation d’actifs sur son contrat d’assurance-vie avec 70 % de fonds en euros et 30 % d’unités de compte investis dans des supports lisibles et de qualité.

Les fonds euro-croissance pourront être relancés le jour où les taux d’intérêt remonteront, ce qui permettra leur montage « naturel » et « sans dopant ».

GoodValueforMoney.eu

©2015-2024
L'Argent & Vous
Cyrille Chartier-Kastler

Le parcours de Cyrille Chartier-Kastler

Fondateur, GoodValueforMoney.eu

Cyrille Chartier-Kastler travaille dans le secteur de l’assurance depuis 25 années. En 2007, il a créé le cabinet de conseil en stratégie et en management Facts & Figures spécialisé sur l’assurance et la protection sociale. Souhaitant répondre au besoin d’information à valeur ajoutée des internautes, il a fondé en 2012 le site GoodValueforMoney qui apporte de l’information concrète et originale sur l’assurance-vie.

Plus d'actualités Epargne

Chargement en cours...

Toute l'actualité