Tribune de Valérie Batigne, dirigeante-fondatrice de Sapiendo Retraite.
Le Plan d'épargne retraite (PER) et avant lui, le plan d’épargne populaire (PERP), sont des supports d’épargne spécifiquement dédiés pour procurer un complément de revenus à la retraite. A ce titre, l’épargne investie est bloquée jusqu’à cette dernière, sauf cas de sortie anticipée spécifiques. En contrepartie, l’épargnant peut bénéficier d’un avantage fiscal non négligeable : la déductibilité des versements du revenu imposable. Cet avantage permet de se constituer une épargne pour sa retraite tout en bénéficiant d’une économie d’impôt pendant sa vie active. Or, ces atouts ne sont pas toujours bien connus, ni bien utilisés. Voici 4 conseils permettant de mieux gérer cet avantage fiscal.
1/ Vérifiez le plafond dont vous pouvez bénéficier
Les sommes investies sur le PER sont déductibles de votre revenu d’activité imposable dans une certaine limite. Ce plafond correspond, pour les salariés, à 10% des revenus professionnels de l’année précédente, nets de cotisations sociales et de frais professionnels, avec une déduction maximale de 32.909 €, ou bien à un minimum de 4.114 €. A ces montants, sont à soustraire les sommes versées sur d'autres produits d'épargne pour la retraite (Article 83, PERCO, PERECO). Le calcul est un peu différent pour les indépendants.
Plus simplement, reportez-vous à la dernière page de votre dernier avis d’imposition à la rubrique « plafond épargne retraite ». Le montant maximum de versements déductibles que vous pouvez effectuer sur un PER est mentionné.
L’intérêt de connaître ce montant maximum est d’ajuster vos versements à l’avantage fiscal qu’il vous procure. En effet, si votre enveloppe de déductibilité est de 3.000 €, cela ne vous apportera rien de plus de verser 4.000 € d’un point de vie fiscal, sauf à épargner davantage.
2 / Demandez-vous si la déductibilité fiscale à l’entrée est le choix le plus judicieux pour votre situation
Quand on parle de l’avantage fiscal du PER, on ne parle généralement que de l’option visant à déduire les versements du revenu imposable. Or l’impôt que vous n’aurez pas payé sur les versements à l’entrée du contrat, vous le paierez à la sortie, au moment de la liquidation du PER. Il s’agit d’un différé dans le temps.
Il existe une autre option, qui consiste à renoncer à la déductibilité à l’entrée pour profiter de la non-imposition de la partie correspondant aux versements au dénouement du contrat, au moment de la retraite. Certes, cette option n’est pas la plus courante, puisque en général, les ressources pendant la vie active sont supérieures à celles escomptées à la retraite. Mais prenons le cas d’une personne qui souhaite placer les sommes issues de la vente d’un bien immobilier ou d’un héritage alors qu’elle est par ailleurs faiblement imposée sur les revenus, la déductibilité à l’entrée ne lui apportait qu’un gain modéré sur son imposition au regard de son investissement.
Autre exemple, une personne qui profite déjà de réductions fiscales à d’autres titres pourrait aussi voir dans la déductibilité à l’entrée un intérêt modéré. Dans ces situations, certes particulières, mais pour autant pas si marginales, les personnes pourraient préférer profiter de l’avantage fiscal au moment de la retraite.
3 / Profitez du report des plafonds non utilisés sur 3 ans
Si vous ne versez pas chaque année sur un PER ou si vous n’utilisez pas systématiquement toute l’enveloppe de déductibilité disponible, vous pouvez bénéficier de plafonds plus importants, grâce au report des plafonds non utilisés des années précédentes. Sur une même année, vous pouvez ainsi cumuler le plafond de versements déductibles de l’année en cours avec les enveloppes ou leur part non utilisée des trois dernières années.
Là encore, les enveloppes restant disponibles sont indiquées sur votre dernier avis d’imposition à la rubrique « plafond épargne retraite ».
4 / Mutualisez les plafonds au sein du couple
Au sein du même foyer fiscal, les contribuables mariés ou pacsés peuvent utiliser le plafond non utilisé de l’autre conjoint, c’est ce que l’on appelle la mutualisation des plafonds.
Pour en profiter, il suffit de cocher, au moment de la déclaration de revenus la case 6QR libellée « Vous souhaitez bénéficier du plafond de votre conjoint ». Cette option est annuelle.