Sur le plan fiscal, 2018 sera assimilable à une « année blanche ». Avec l’arrivée du prélèvement obligatoire en 2019, les revenus récurrents perçus en 2018 ne feront en effet l’objet d’aucune imposition.
Dans ces conditions, depuis plusieurs mois, nombre d’épargnants se demandent s’il sera utile d’alimenter son épargne retraite en 2018 (par exemple un Perp). Pourquoi en effet chercher à diminuer le revenu imposable d’une année finalement exonérée d’impôt ?
Un dispositif spécifique
Conscient du risque induit pour le secteur et pour les finances publiques (en cas de report des versements en 2019), le gouvernement a fait adopter en décembre un dispositif.
Le principe est simple. En cas de baisse de ses cotisations en 2018 (par rapport à 2017 et 2019), l’épargnant ne pourra pas déduire fiscalement l’intégralité de son versement de 2019. La déduction autorisée au titre des revenus de 2019 ne sera égale qu’à la moyenne des cotisations de 2018 et 2019.
En revanche, en cas de maintien du versement en 2018, 100% de la cotisation de 2019 sera déductible. Certains y ont vu un signe positif pour l’épargne retraite. Mais quelles sont les conséquences réelles pour le particulier ?
Pas d’intérêt à cotiser en 2018
Pour répondre, prenons l’exemple d’un épargnant ayant versé 2.000 euros en 2017 sur son Perp. Si cet épargnant verse encore 2.000 euros en 2018 et 2.000 euros en 2019, l’intégralité de son versement de 2019 sera déductible, soit 2.000 euros.
Si en revanche, cet épargnant décide de suspendre son versement en 2018 et de compenser en cotisant deux fois plus en 2019 (soit 4.000 euros), il déduira alors 2.000 euros (moyenne des versements des deux années).
Dans les deux cas, quel que soit le rythme choisi, notre épargnant ne pourra donc déduire que la moitié de ce qu’il aura versé en 2018 et 2019 (voir tableau). Cotiser en 2018 et en 2019 permettra a priori à l’épargnant de générer plus d’intérêts sur son contrat. En revanche, sur le plan fiscal, le fait de lisser ses cotisations ne sera pas plus avantageux que de les verser en une seule fois en 2019 (à condition bien entendu de ne pas crever les plafonds).
*Pour une personne n'ayant pas de revenus exceptionnels en 2018, Données en €, L'Argent & Vous d'après LFR 2017 | |||
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Versement maintenu en 2018 | Versement de 2018 décalé à 2019 | Versement accru en 2018 | |
Cotisation 2018 | 2.000 | 0 | 3.000 |
Cotisation 2019 | 2.000 | 4.000 | 1.000 |
Total de cotisations pour 2018 et 2019 | 4.000 | 4.000 | 4.000 |
Déduction fiscale sur les revenus de 2019 | 2.000 (100% de la cotisation de 2019) | 2.000 (moyenne des cotisations 2018 et 2019) | 1.000 (100% de la cotisation 2019) |
Pourcentage de cotisations 2018 et 2019 déduites | 50% | 50% | 25% |
Des effets pervers ?
Ce dispositif ne change donc pas fondamentalement les choses pour l’épargnant. Il pourrait même avoir des effets pervers.
En effet, aucun épargnant ne sera incité à cotiser plus en 2018 car les versements de 2018 ne seront pas déductibles (sauf en cas de revenus exceptionnels). Le cadre adopté pourrait même conduire à ne verser ni en 2018 ni en 2019 et à regrouper trois ans de cotisations sur 2020... du moins pour les épargnants dont les cotisations sont bien inférieures aux plafonds. L’intégralité de la cotisation serait alors déductible.
Notre avis
Bâti pour éviter une chute des cotisations d’épargne retraite en 2018, ce dispositif n’apporte pas vraiment de solution. Du seul point de vue fiscal, maintenir ses versements ne sera pas plus avantageux que de les décaler à 2019. Dans les deux cas, une partie des cotisations ne sera pas déductible. En revanche, un épargnant ayant la possibilité d’attendre 2020 pour verser en une seule fois trois ans de cotisations bénéficiera d’une déduction à 100% (s’il ne dépasse pas les plafonds).