Séduits par l'épargne digitale, les Français ont du mal à sauter le pas

Séduits par l'épargne digitale, les Français ont du mal à sauter le pas
  • 1

Les plateformes en ligne de solutions d’investissement sont encore peu utilisées par les épargnants. Reconnues pour leurs prix compétitifs et la simplicité de leurs services, elles doivent combler un grand vide : celui du conseil personnalisé.

Séduits par l'épargne digitale, les Français ont du mal à sauter le pas

Les solutions d’épargne en ligne font couler beaucoup d’encre dans la presse financière, mais force est de constater que cette exposition médiatique apparaît comme un miroir déformé : selon une étude approfondie d’OpinionWay réalisée pour les sociétés de gestion Amplegest, Insight AM et le spécialiste de l’assurance vie Spirica, le nombre d’épargnants français privilégiant le canal digital pour la gestion de leurs placements à long terme reste très minoritaire : seulement 11% des sondés font en effet aujourd’hui appel à ces solutions en priorité.

Une solution complémentaire

Et pour ceux qui épargnent en ligne, « le canal numérique intervient plutôt comme un support complémentaire, seuls 28% y placent plus de la moitié de leur épargne de longue durée », rapporte Pascal Koenig président d’Insight AM.

Les placements "digitaux" sont pourtant plutôt bien appréhendés par les investisseurs particuliers, si l’on s’en tient aux résultats de ce panel réalisé auprès de personnes comptant un minimum de 10.000€ d’épargne, plus de 80% d’entre elles se déclarant "familières" avec ces solutions.

A lire aussi...Comptage

« Mais cette bonne connaissance repose principalement sur celle des banques en ligne, et dans une moindre mesure sur celle des assureurs, les plateformes de l’épargne en ligne n’arrivant qu’en troisième position des acteurs bien appréhendés par les épargnants », souligne Pascal Koenig.

Le potentiel de marché est aussi là : l’étude montre que près de 60 % de ceux qui disposent de plus de 50.000€ et 70 % de ceux qui ont dégagé plus de 20 % de surcroît d’épargne sont prêts à placer une part de leur épargne longue auprès d’acteurs digitaux. L'appétence est d'autant plus remarquable chez les jeunes (25-34 ans), la moitié se déclarant prêts à y investir leur épargne longue.

Un marché peu mature

Si aujourd’hui, l’épargne digitale « plafonne et ne décolle pas » (ses acteurs ne capteraient aujourd’hui environ que 5 à 7% du marché français), c’est d’abord parce qu’il existe un problème de structuration du marché : dans un secteur encore peu mature, l’offre y est encore très atomisée.

Entre spécialistes de l’assurance vie, de la retraite, des fonds, du day trading etc., la myriade d’acteurs et la multiplicité des modèles tendent à perdre les consommateurs, « y compris la génération du digital, qui peine à savoir à qui s’adresser pour placer son épargne de long terme, ou être conseillé pour arbitrer entre des investissements sécurisés et plaisir du gaming boursier », témoigne Arnaud de Langautier, président d’Amplegest. La méconnaissance de ses acteurs est ainsi le premier frein invoqué par les épargnants à recourir aux prestataires digitaux.

Mais à la lumière de ce sondage, il apparaît aussi que le marché de l’épargne en ligne souffre d’un décalage certain entre les attentes et les solutions proposées.

Les épargnants retiennent trois principaux critères dans le choix de leur intermédiaire financier : la qualité du conseil (29%), la confiance vis-à-vis de la structure et sa notoriété (20%), ainsi que la simplicité d’utilisation (16%).

La priorité donnée à la qualité du conseil se retrouve à peu près chez tous les profils d’épargnants (clients de "pure players", des CGP, des agences bancaires…), et toutes les générations, même si au sein de la population la plus jeune (25-34 ans), ce critère passe après celui du prix.

Taux de satisfaction

Or, le premier reproche adressé par les épargnants à leur prestataire actuel est justement cette carence en conseil financier : défaut de pédagogie financière, d’adéquation aux besoins ou d’accompagnement représentent l’essentiel des griefs adressés par les épargnants à leur intermédiaire financier.

Ces critiques visent d’ailleurs tous les acteurs, des établissements bancaires traditionnels aux pure players. Simplement, elles sont beaucoup plus prégnantes vis-à-vis des banques et des plateformes en ligne, dont le taux de satisfaction général des épargnants, de respectivement 20% et 28%, est bien inférieur à celui des clients des acteurs traditionnels, où il s’élève à 43% pour les banques traditionnelles et à 48% pour les CGP et les banques privées.

L'atout prix

Pour les investisseurs, les atouts de l’épargne digitale sont à chercher ailleurs : du côté du prix (53%), de l’accessibilité du service à tout moment (49%), et de l’ergonomie (ou « la capacité à consulter ses positions de façon plus simple » (27%)).

Mais lorsqu’on les interroge sur les types de services qu’ils souhaiteraient s’ils devaient confier leur épargne de longue durée à ces plateformes, les sondés sont la moitié à citer en premier lieu la possibilité d’obtenir un rendez-vous avec un conseiller (physique ou virtuel).

Du côté des "fonctionnalités techniques", ils plébiscitent aussi les simulateurs de rendement (32%), la possibilité de faire des arbitrages sur leur portefeuille tout en identifiant « les impacts à terme », et des propositions de gestion calibrées au regard de leur projet.

Smartphone et ISR, priorité des plus jeunes

Tous âges confondus, l’utilisation de ces services via un smartphone, ainsi que l’offre de finance responsable n’arrivent qu’en sixième et septième position des services cités. Sur ces deux derniers critères, le gouffre générationnel entre les 25-34 ans et les épargnants plus âgés saute aux yeux : pour les plus jeunes, l’accès depuis un mobile et les investissements RSE arrivent à la 2e et à la 3e place des "fonctionnalités" après le simulateur de rendement.

©2021-2024
L'Argent & Vous

Plus d'actualités Epargne

Chargement en cours...

Toute l'actualité