Pourquoi ces placements – pourtant bien moins liquides que l’assurance vie – séduisent de plus en plus d’épargnants…
1,3 million de nouveaux souscripteurs, 18,7 milliards d’euros versés et une collecte nette (versements moins retraits) de 7,4 milliards d’euros, en hausse de 1,7 milliard d’euros sur un an. Contrairement à l’assurance vie – dont les cotisations ont baissé après une année 2021 euphorique – les PER ont continué de progresser fortement en 2022, comme le rapportent les chiffres de France Assureurs, publiés jeudi.
A l’origine de ce succès : un dispositif plus lisible, qui a remplacé une demi-douzaine d’anciens contrats, un avantage fiscal immédiat indéniable, et, bien sûr, l’actualité de la réforme des retraites…
Comment fonctionne le PER ?
Le PER est un produit d’épargne qu’il est possible de souscrire à titre individuel ou par l’intermédiaire de son employeur au titre de l’épargne salariale. Il peut être alimenté par des versements volontaires, des primes de l’employeur (intéressement, participation, abondement) et des versements obligatoires (ex-dispositif « article 83).
Il existe deux formes de PER sur le marché : les PER dits "assurantiels" - calqués sur le modèle des contrats d’assurance-vie – et les PER dits "bancaires" - dont les enveloppes sont des comptes-titres, et dont la principale différence en termes d’investissement financier est de ne pas proposer de fonds en euros.
La majorité des contrats souscrits sont des PER assurances : la fédération France Assureurs a comptabilisé à fin décembre 2022 3,8 millions de titulaires de PER assurantiels sur un total de 6,5 millions de contrats en France (à fin septembre 2022). En termes d’encours, les PER assurances représentaient à fin septembre 2022 59% des encours, transferts d’anciens contrats inclus, et 91% hors transfert.
Comme leur nom l’indique, le principal objectif de ces placements est de se constituer un complément financier pour la retraite. Le capital investi par les épargnants, et les intérêts, sont récupérables au moment de la retraite, soit sous forme de capital (en une ou plusieurs fois), soit sous forme de rente viagère.
Quelle est la fiscalité du PER ?
La fiscalité du PER s’applique en deux temps : pendant la constitution de son épargne (avec les versements) et au dénouement du contrat (versement d’un capital ou d’une rente).
Le PER a une particularité fiscale avantageuse, qui explique en grande partie son succès : ses versements volontaires sont déductibles du revenu imposable de l’épargnant, jusqu’à un certain plafond, mais qui reste toutefois généreux, et qui n’entre pas dans le plafonnement des niches fiscales.
Mais il est aussi possible de ne pas déduire les versements du PER de ses revenus : dans ce dernier cas, la fiscalité appliquée au moment de la retraite sera plus douce.
Comment baisser ses impôts avec le PER ?
Il faut donc bien considérer laquelle des deux solutions sera la plus avantageuse à titre personnel. Si vous êtes en tout début de carrière, et que vous vous attendez à une augmentation substantielle de vos revenus d’ici à votre retraite par exemple, il peut être pertinent de faire jouer cet avantage fiscal à la sortie. Dans beaucoup de cas de figure toutefois, l’imposition à la retraite sera plus faible qu’au cours de la vie active, et l’option de la défiscalisation à l’entrée sera plus pertinente si vous baissez d’une, voire de deux tranches à la retraite.
La bonne décision n’est pas forcément un résultat mathématique : des besoins de trésorerie, un projet particulier ou une hausse générale de vos dépenses dans les mois à venir peuvent aussi justifier une défiscalisation à l’entrée.
Est-il possible de débloquer un PER avant la retraite ?
Oui, c’est possible, mais de façon beaucoup plus limitée qu’avec l’assurance vie par exemple, qui peut être débloquée quand on le souhaite. En dehors de cas "malheureux" (décès du conjoint, invalidité, liquidation judiciaire…), seul l’achat de la résidence principale permet un déblocage anticipé du PER.
A noter toutefois que vous pouvez ouvrir un PER pour votre enfant, à la condition qu’il soit rattaché à votre foyer fiscal : de la même façon que pour les "adultes", cette épargne pourra faire office d'apport pour son futur projet immobilier en pouvant être débloquée au moment de l'achat de son logement.
Combien ont rapporté ces placements en 2022 ?
Pour l’essentiel, les PER n’ont pas rapporté grand-chose l’année dernière, en raison du décrochage des marchés financier qui a pénalisé les unités de compte en actions. Du côté du fonds en euros, toutefois, les résultats sont meilleurs qu’en 2021 : les assureurs, qui ont puisé dans les réserves pour rendre les rendements de l’assurance vie plus attractifs, ont également relevé majoritairement ceux de leurs PER.
Ces produits récents, sur lesquels des parts de marché restent à prendre, ont fait l’objet de bonnes revalorisations. Plusieurs acteurs, qui avaient servi des rendements inférieurs à ceux de l’assurance vie en 2021, se sont évertués à aligner la performances des fonds en euros de leurs PER sur celles des fonds de leurs contrats d'assurance vie. Comme Garance par exemple, qui a relevé le fonds de son PER de 50 points de base à 2,5%.
Assurance vie : la remontée des rendements des fonds en euros est générale
Attention toutefois : les distributeurs sont particulièrement gourmands en matière de frais pour les PER, à tel point que le ministère de l’Economie a récemment tapé du poing sur la table pour que la profession allège globalement facture. Les frais des contrats doivent être regardés avec la même attention que les performances affichées : actuellement, ces frais sont tellement élevés qu’à long terme, ces derniers peuvent facilement vous priver de plus la moitié du rendement de votre placement !
