Pourquoi le PEA-PME peine à séduire les épargnants

Pourquoi le PEA-PME peine à séduire les épargnants

Depuis son lancement en mars, le PEA-PME ne fait pas vraiment recette. Tour d’horizon des raisons de ce semi-échec

Pourquoi le PEA-PME peine à séduire les épargnants
Crédit photo © Reuters

Les espoirs des pouvoirs publics étaient grands. Mais la réalité est bien différente. Depuis son lancement officiel en mars dernier, le PEA-PME ne décolle pas. Certes, François Hollande a parlé en septembre de 80.000 comptes déjà ouverts (l’objectif initial).

Ceci étant, les sommes investies ne sont pas à la hauteur des attentes. PME Finance estimait la collecte au maximum à 400 millions d’euros fin septembre (en direct et via des fonds)... encore loin des 750 millions d’euros à 1,5 milliard d’euros attendus initialement la première année.

Pire encore, les fonds éligibles (1,43 milliard d’euros d’encours) ont subi une décollecte de 56 millions d’euros en octobre d’après Arkeon Finance. Ainsi, la collecte des fonds éligibles au PEA-PME se limiterait à 210 millions d’euros depuis mars. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce démarrage poussif.

Les marchés mal orientés

L’évolution des indices n’a bien évidemment pas facilité la promotion du PEA-PME. Entre le mois de mars et la mi-octobre, le CAC PME a cédé 12,7% soit 5,5 points de plus que le CAC 40. Ainsi, même si certains fonds éligibles ont fait mieux, ils n’ont pu dans l’ensemble que sauver les meubles. D’après Arkeon Finance, les fonds PEA-PME ont dégagé une performance moyenne de -9,8% sur la période (-4,2% pour les 5 fonds les plus performants). Difficile dans ces conditions d’attirer les investisseurs, d’autant que les Français sont traditionnellement hésitants face à l’investissement dans des PME.

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Une promotion insuffisante

Les banques ont elles joué le jeu ? Plusieurs experts en doutent et pointent du doigt une implication insuffisante de certains établissements financiers dans la mise en avant de ce support d’épargne. Le manque de suivi des titres éligibles par les analystes a aussi été évoqué pour expliquer le peu d’appétit des investisseurs.

Des clients qui ne constituent pas tous la cible initiale

Le nombre de compte déjà ouverts a beau correspondre aux objectifs, un grand nombre d’épargnants semblent surtout avoir signé un PEA-PME pour prendre date. On peut estimer l’encours moyen autour de 4.000 à 5.000 euros. Soit bien moins que le plafond autorisé de 75.000 euros.

Il faut dire que ceux qui ont un PEA non rempli (plafond de 150.000 euros) n’ont pas la nécessité de passer par le PEA-PME.

Comme le rappelle un spécialiste du secteur, la cible initiale de 80.000 comptes concernait surtout les investisseurs aisés ayant déjà un PEA au plafond. Or, ces investisseurs ne semblent pas encore avoir totalement répondu à l’appel.

Un cadre à améliorer

Les règles du PEA-PME ont aussi été accusées de freiner son essor. Pour beaucoup, les critères d’éligibilité des sociétés ont manqué de clarté au départ, d’autant que Bercy a tâtonné.

Mais c’est surtout sur le manque d’ouverture aux produits obligataires que les observateurs se rejoignent. Actuellement, les fonds doivent investir au moins à 75% dans des titres de sociétés éligibles (via 50% d’actions au minimum).

Lever ce verrou en autorisant les fonds à investir sans contraintes dans des obligations convertibles permettrait selon les professionnels d’offrir plus de sécurité aux particuliers (via le rendement obligataire)... et de donner un coup d’accélérateur au PEA-PME.

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