PER : la défiscalisation à l’entrée est-elle toujours pertinente ?

PER : la défiscalisation à l’entrée est-elle toujours pertinente ?

Une enquête du conseil en gestion de patrimoine Altaprofits révèle que la quasi-intégralité des épargnants ayant ouvert un PER individuel ont opté pour la défiscalisation de leurs versements à l'entrée. Cette option n'est pourtant pas obligatoire.

PER : la défiscalisation à l’entrée est-elle toujours pertinente ?
Crédit photo © iStock

Son succès auprès des épargnants est indiscutable : en à peine un peu plus d’un an d’existence, le nouveau Plan d’Epargne Retraite s’est hissé au podium des placements préférés des Français. Selon les chiffres de la Fédération française de l’Assurance, plus d’1,2 million de personnes ont déjà ouvert un PER auprès d’un organisme d’assurance ou par l’intermédiaire de leur entreprise.

Le remplaçant des Perp, Madelin et autres articles 83 possède plusieurs cordes à son arc : plus lisible en ce qu’il se substitue à tous les anciens dispositifs d’épargne retraite existants ; plus facilement transférable afin de concentrer les encours de ses différents véhicules sur un support unique ; plus flexible à la sortie, puisqu’il est possible de récupérer son épargne en rente, en capital, ou en combinant les deux options ; plus liquide car l’achat d’une résidence principale compte parmi ses possibilités de rachat anticipé ; mais aussi fiscalement séduisant, car ses versements sont déductibles du revenu imposable à hauteur de 10% de ses revenus professionnels dans une limite de 32.909€ - ou à hauteur de 4.114€ si ce dernier montant est supérieur à celui correspondant à 10% des revenus professionnels.

La déduction fiscale des versements n’est cependant pas obligatoire. L’épargnant peut écarter cette option lors de sa déclaration d’impôt afin de bénéficier d’une fiscalité potentiellement plus avantageuse à la sortie.

Une défiscalisation à l’entrée systématique

En attendant, une étude du CGP en ligne Altaprofits réalisée sur une base de 1.200 clients montre que quasiment toutes les ouvertures de son PER individuel (Titres&PER géré par SwissLife Assurance et Patrimoine) au sein de son réseau ont opté pour la défiscalisation de leurs versements à l’entrée (99,9% !).

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L’enquête d’Altaprofits révèle aussi que ces profils ont porté leur choix, dans 76% des cas, sur des fonds risqués mais rémunérateurs, en optant pour des unités de compte au détriment des fonds en euros.

« Avec ces unités de compte, ces adhérents se sont positionnés sur les marchés financiers (actions), privilégiant une stratégie de diversification sectorielle (technologie, santé, industriels…), sectorielle thématique (technologie, eau, écologie) et géographique (Europe, Etats-Unis) ainsi que sur une OPCI Grand Public principalement constituée d’actifs immobilier de bureaux », précise la société.

Si chez les adhérents d’Altaprofits, le PER semble avoir joué à plein-régime son rôle d’outil de défiscalisation, cette option n’est pas toujours la plus intéressante.

Tranches de 30-45%

Sauf dans le cas d’une sortie en capital de l’épargne salariale (les versements sont alors exonérés d’impôt), et pour simplifier à l’extrême, les professionnels de la gestion patrimoniale considèrent que l’avantage fiscal du PER est surtout intéressant pour les ménages les plus fortement imposés, dont les revenus correspondent aux tranches de 30% à 45% - ce qui correspond a priori aux profils d’épargnants relevés par l’enquête d’Altaprofits : des investisseurs âgés d’en moyenne 50 ans, en majorité des hommes, de catégorie CSP+ (ingénieurs, cadres, fonctionnaires…).

La logique patrimoniale est assez simple : les revenus des épargnants sont dans leur grande majorité moins élevés à la retraite qu’au cours de la vie active, il est donc pertinent d’alléger l’assiette de l’impôt au moment où ils sont le plus élevés, donc à la constitution de la rente – en particulier quand elle permet de faire passer les revenus du ménage à une tranche d’imposition inférieure.

Et avec une condition si possible : que la réduction d’impôt alors obtenue ne soit pas « liquidée » mais réinvestie en parallèle dans des placements rémunérés.

Tranches inférieures

A l’inverse, les ménages se situant dans la tranche de 11% ne gagneraient pas à déduire de leur déclaration de revenus les versements d’un PER, à supposer qu’ils conservent la même tranche d’imposition lors de leur retraite, ou soient exonérés d’IR.

D’un point de vue strictement fiscal, ils auront davantage intérêt soit à se tourner vers d'autres produits tels que l’assurance vie, soit à se passer de la défiscalisation à l'entrée afin d’être seulement imposés sur les plus-values à la sortie, les versements étant le cas échéant exonérés (capital) ou soumis au régime des rentes viagères à titre onéreux (rente).

Sans compter que d’autres paramètres sont à considérer dans l’équation : les frais du PER – qui peuvent s’avérer particulièrement élevés – la possibilité de combiner rente et capital à la sortie – qui va donc moduler ces simulations - la probabilité d’un rachat anticipé pour le rachat de sa résidence principale (si les versements ont été déduits de l’impôt sur le revenu, leur déblocage sera alors soumis au barème progressif de l’IR)… En somme, l’intérêt fiscal d’un PER peut avoir du potentiel, mais pas pour tout le monde, et son évaluation n’est pas forcément aisée.

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