Non, la distribution de dividendes n’enrichit pas l’actionnaire

Non, la distribution de dividendes n’enrichit pas l’actionnaire
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Contrairement aux idées reçues, le versement d’un dividende n’accroît pas le patrimoine économique d’un actionnaire. Explications en chiffres…

Non, la distribution de dividendes n’enrichit pas l’actionnaire
Crédit photo © Reuters

Au troisième trimestre, plus de 328 milliards de dollars de dividendes ont été comptabilisés dans le monde. Le chiffre a de quoi impressionner… et faire réagir. Pourtant, un dividende n’enrichit en rien un actionnaire. Cette affirmation est loin d’être une provocation. Il s’agit bel et bien de la réalité comptable.

Pour le comprendre, le plus simple est de prendre un exemple. Imaginons une société de portefeuille sans dette ayant 5.000 euros de placements et 5.000 euros de liquidités. Son capital vaut donc 10.000 euros. Si ce capital est réparti entre 100 actions, chaque action vaut en théorie 100 euros.

Hypothèse de versement d’un dividende

Simulons maintenant le versement d’un dividende de 2 euros par action (2% de rendement). La société va s’alléger de 200 euros de cash. Son bilan ne sera plus composé que de 5.000 euros de placements et de 4.800 euros de cash, soit un total de 9.800 euros.

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Ainsi, après versement du dividende, chaque action ne vaudra plus que 98 euros (9.800/100), ce qui est logique la société étant alors « moins riche » qu’avant.

Du point de vue de l’actionnaire, le calcul est simple. Il aura certes perçu 2 euros en cash, mais son action ne valant plus que 98 euros, son patrimoine restera de 100 euros, comme auparavant. L’actionnaire ne se sera donc pas enrichi.

En fait, le versement du dividende n’est qu’une monétisation du patrimoine économique de l’actionnaire (on lui rend en cash une partie de ce qui lui appartient déjà au travers de sa quote-part dans la société). On parle d’ailleurs traditionnellement de détachement de coupon…

Hypothèse de rachats d’actions

La distribution peut aussi prendre la forme d’un rachat d’actions. Et ici, le résultat est le même. Imaginons que la société rachète pour 200 euros de ses propres actions (2% de son capital), soit 2 actions à 100 euros. Elle va perdre 200 euros de cash, mais accroître ses placements à 5.200 euros grâce aux actions rachetées. Son total de bilan restera donc de 10.000 euros.

Pour ce qui est des actionnaires, ils percevront ensemble 200 euros de cash, mais n’auront plus que 98 actions (d’une valeur de 100 euros). Leur patrimoine cumulé restera donc de 10.000 euros. Ils ne se seront pas non plus enrichis.

Simulation de distribution pour une société ayant 10.000 € de capitaux propres
L'Argent & Vous
Avant distributionAprès dividende (2€/action)Après rachat d'actions (2 actions)
Capitaux propres de la société10.0009.80010.000
Patrimoine des actionnaires
-Nombre d'action10010098
-Valeur de l'action10098100
-Valeur totale des actions10.0009.8009.800
-Détention en cash0200200
Patrimoine total des actionnaires10.00010.00010.000

Un enrichissement en amont

Si contrairement aux idées reçues la distribution n’enrichit pas l’actionnaire, comment ce dernier peut-il alors accroître son patrimoine ? En fait, tout se joue en amont de la distribution. L’actionnaire s’enrichit quand l’entreprise améliore ses fonds propres, donc quand elle dégage du résultat.

Imaginons que notre société prise en exemple dégage 1.000 euros de résultat l’année suivante (N+1). Elle va augmenter ses liquidités d’autant et son capital va grimper à 11.000 euros. Chaque action vaudra alors 110 euros (au lieu de 100 euros).

D’un point de vue économique, l’actionnaire se sera enrichi de 10 euros (+10%) au cours de l’année N+1 puisque son patrimoine sera passé de 100 à 110 euros. Ensuite, on pourra reprendre le même raisonnement que ci-dessus. Que l’entreprise décide ou non de distribuer une partie de cet enrichissement ne changera rien. L’actionnaire ne gagnera pas plus. Il sera toujours à la tête de 110 euros, soit en actions, soit en actions et pour partie en cash…

De la théorie à la pratique

Dans la pratique, il est rare que les cours de bourse s’ajustent parfaitement en cas de distribution. Cela tient notamment au fait que le marché ne peut jamais raisonner « toutes choses égales par ailleurs ». Entre le détachement d’un dividende et la séance suivante, plusieurs éléments nouveaux peuvent en effet jouer sur l’évolution du cours. Ceci se vérifie aussi lors du détachement d’un droit de souscription (qui peut être assimilé à un super dividende). Notons enfin que le marché étant la résultante de l’offre et de la demande, il a aussi une part de subjectivité.

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