Marc Touati : « Notre système de retraite s’effondre, les Français doivent investir dans les actions »

Marc Touati : « Notre système de retraite s’effondre, les Français doivent investir dans les actions »
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Une étude du cabinet ACDEFI commandée par Trade Republic alerte sur la baisse progressive des pensions de retraite. Pour compenser ces pertes, il conseille aux Français d'épargner dans des produits financiers rémunérateurs.

Marc Touati : « Notre système de retraite s’effondre, les Français doivent investir dans les actions »
Crédit photo © Reuters

Le système actuel de retraite par répartition est structurellement défaillant et se soldera inévitablement par une baisse des pensions des futurs retraités : si ce constat ne date pas d'hier, un rapport du Conseil d’orientations des retraites (COR) a révélé cet été de nouvelles projections chiffrées quelque peu alarmantes.

Avec de moins en moins de cotisants (1,5 actif pour un retraité actuellement contre encore trois pour un jusqu’au début des années 70), une espérance de vie en hausse, et, mécaniquement, une augmentation de la durée moyenne du temps passé à la retraite (23 ans aujourd’hui, près de 30 ans pour la génération 2000), le financement de la retraite coûte de plus en plus cher (14% du PIB), le déficit se creuse (18 Md€ en 2020), et les pensions nettes des retraités vont s'amenuiser fortement.

Un taux de remplacement en chute libre

Le "taux de remplacement", qui désigne le niveau de couverture d’une pension par rapport à celui de la moyenne du salaire net des cinq années précédant le départ en retraite, est aujourd’hui de 74,7% contre 80% il y a douze ans, rappelle le cabinet ACDEFI dans une étude commandée par l’appli de trading mobile Trade Republic. « Il pourrait ainsi tomber à 63% pour les générations nées dans les années 80, à 62% pour celles des années 1990 et à quasiment 61% pour celles des années 2000 », alerte-t-il.

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Pour l’économiste Marc Touati, président d’ACDEFI, les projections du COR montrent que le système actuel de financement des retraites par répartition court à la catastrophe, « alors même qu'elles se basent sur des prévisions de taux de chômage et de productivité optimistes ».

Remontée des taux obligataires

Ombre supplémentaire au tableau : l’augmentation des taux d’intérêt des obligations d’Etat, à terme « inévitable », devrait plomber la valeur des actifs des caisses de retraite – qui en possèdent énormément – « et compromettre davantage leur capacité de paiement des pensions », souligne-t-il.

Afin de s’assurer de disposer de suffisamment de revenus lors de son départ en retraite, ACDEFI recommande donc d’épargner le plus tôt possible, en passant par des dispositifs d’investissement privés, complémentaires des cotisations salariales.

Investir dès 30 ans ?

Mais le financement de plusieurs dizaines d’année d’une retraite constitue de fait un effort financier loin d’être négligeable : « Un Français de 30 ans qui souhaite prendre sa retraite à 63 ans en maintenant son dernier salaire pendant 18 ans doit épargner 5% de son salaire et compter sur un retour annuel moyen de 6% de son épargne », assure Matthias Baccino, directeur France de Trade Republic. Un niveau de rendement que sont loin d’assurer les livrets d’épargne réglementés (0,5%) que les Français ont particulièrement abondés pendant la crise sanitaire.

Dans ces conditions, ACDEFI conseille d’orienter son épargne de long terme vers des solutions bien plus rémunératrices, mais aussi plus risquées car sans capital garanti, que sont les actions, l’or et les obligations.

Actions : des performances imbattables

Selon ses calculs, de janvier 2010 à juin 2021, l’indice mondial MSCI World, par exemple, qui agrège les performances de 1.600 valeurs de grande et moyenne capitalisation de plus d’une vingtaine de pays, a progressé de 169,5%, et de 259,8% avec les dividendes réinvestis.

Côté actions américaines, le S&P 500 a grimpé de plus de 300%. L’or s’est apprécié de 63,6% - et le FTSE Bond Index, indice de référence des obligations d’Etat de long terme, a progressé de 45,9%.

Les performances sont impressionnantes mais elles restent à relativiser : il n'est bien sûr pas possible de les garantir pour les années suivantes, et ces rendements sont donnés bruts de frais de gestion et de fiscalité.

Frais et fiscalité

Les frais sont loin d'être un détail, puisqu'ils peuvent être particulièrement élevés chez les intermédiaires traditionnels du secteur financier (banques, assureurs, et in fine les sociétés de gestion) et pour certains contrats en assurance vie et PER. Mais ils demeurent très abordables pour les ETF, et auprès de nouveaux acteurs de la fintech.

Quant à la fiscalité, il ne faut pas non plus l’oublier. Celle-ci dépendra du type de support choisi (compte-titre, PEA, assurance vie, PER, détention physique pour l’or…) et du mode de sortie (rente ou capital).

Demeurant risqué, ce type d’épargne ne peut cependant s’envisager que sur une période relativement longue, souligne Marc Touati : « Le problème est qu’aujourd’hui, ces trois vecteurs d’investissement sont très chers. Ils risquent donc de subir une correction baissière à court terme qui sera néanmoins contrecarrée sur plus longue période. D’où l’intérêt d’investir sur au moins huit à dix ans ». L’or, par exemple, qui s’est révélé payant depuis 2001, a décroché de près de 8% ces douze derniers mois.

Epargner n'est pas spéculer

« La meilleure façon de minimiser ce risque est de diversifier son épargne, d’investir progressivement, et à long terme », abonde en ce sens Matthias Baccino. « Acheter au plus bas et vendre au plus haut, ce n’est pas épargner, cela s’appelle spéculer. »

En somme, une épargne à des fins de financement d’une retraite ne doit pas du tout s’envisager comme une opération de court terme à haut rendement. Et d’autant plus en ce moment, où les indices américains battent record sur record dans un contexte économique où continue de planer la menace sanitaire...

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