Le prochain taux du Livret A et du LDDS : 3,5% ou 4% ?

Le prochain taux du Livret A et du LDDS : 3,5% ou 4% ?
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D’après nos calculs, sur la base d’une moyenne inflation toujours proche de 6% sur les 4 premiers mois de l’année et qui pourrait légèrement diminuer en mai-juin, on pourrait arriver à un taux théorique de 4,30%.

Le prochain taux du Livret A et du LDDS : 3,5% ou 4% ?
Crédit photo © Boursier.com

Il n’a peut-être jamais été aussi difficile de prédire le prochain taux du Livret A car c’est un véritable casse-tête pour les autorités publiques qui devront prendre la décision à la mi-juillet. C’est à dire arbitrer entre la préservation du rendement réel du support d’épargne préféré des Français dans le contexte inflationniste que nous connaissons et le coût induit pour les établissements financiers et le logement social dont les taux d’emprunt dépendent de celui du Livret A.

Une formule de calcul détournée

Il y a pourtant bien une formule de calcul qui répercute enfin le pic d’inflation et conduit donc à une nouvelle forte hausse du taux de rémunération du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) à partir du 1er août. Mais comme toujours, le résultat de ce calcul sera analysé par la Banque de France à la mi-juillet avec la possibilité d’arrondir ou d'ajuster le taux final qui est ensuite soumis à la décision définitive du gouvernement.

C’est dans ce contexte que le lobby bancaire se fait beaucoup entendre actuellement, jusqu’au directeur général de la Caisse des Dépôts, Eric Lombard, qui plaide pour une stabilité du taux du Livret A à 3%. Les banques ne supportent en fait qu’une partie de la charge des intérêts du Livret A, c’est-à-dire à hauteur des fonds qu’elles centralisent, la Caisse des dépôts en prenant la majorité à sa charge (59,5% du total) pour financer le logement social.

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Décision politique

Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a assuré cette semaine sur France Info qu’il retiendra la proposition de la Banque de France comme il l’a toujours fait, tout en insistant sur sa responsabilité de « protéger l'épargne des Français, surtout dans cette période de crise ». Des propos assez ambigus car si le ministre voulait vraiment protéger l'épargne des Français de l’inflation, le plus simple serait de laisser la formule de calcul le faire. Or, on se doute bien que le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, proposera d’y déroger comme il l’a fait en janvier dernier : il avait alors choisi d’arrondir à la baisse, de 3,30% à 3%, le taux de rémunération théorique du Livret A et du LDDS, invoquant notamment le coût pour le logement social.

Que dit la formule de calcul ?

Pour revenir à la formule de calcul qui dépend de la moyenne semestrielle du taux d’inflation des six derniers mois (hors tabac) et des taux interbancaires à court terme de la zone Euro (€STR), avec un arrondi calculé au dixième de point le plus proche, elle penche désormais vers un taux supérieur à 4%. D’après nos calculs, sur la base d’une moyenne inflation toujours proche de 6% sur les 4 premiers mois de l’année et qui pourrait légèrement diminuer en mai-juin, on pourrait arriver à un taux théorique de 4,30% avec une moyenne semestrielle de l’€STR que nous évaluons toujours entre 2,60% et 2,70% après la confirmation d’une nouvelle hausse des taux directeurs de la BCE ce jeudi.

Deux scénarios principaux

Dans ce contexte, plusieurs scénarios peuvent être envisageables pour la proposition de la Banque de France. Le premier, le plus souhaitable pour les épargnants Français, serait d’arrondir à 4% le prochain taux du Livret A et du LDDS. Le deuxième serait de minorer davantage le taux théorique à 3,50%, sachant que François Villeroy de Galhau avait jugé souhaitable en février dernier que les mouvements de taux du Livret A et du LDDS restent « progressifs plutôt que trop volatils, et ceci à la hausse comme un jour potentiellement à la baisse ».

Car il ne faut pas oublier que le prochain taux des deux livrets sera à nouveau réévalué 6 mois plus tard, en février 2024. Avec une inflation qui pourrait rester autour de 5% au deuxième semestre 2023 et des taux interbancaires qui vont continuer à répercuter avec retard la remontée des taux directeurs, il y aurait même la place à pousser le taux des deux livrets à 4% début 2024 dans ce deuxième scénario. Car après, c’est-à-dire à l’été 2024, l’inflation aura certainement décéléré ce qui permettra peut-être d’alléger les taux directeurs. Le taux du Livret A et du LDDS sera alors diminué : à voir si nos décideurs jouent alors le jeu de minorer cette baisse…

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