La crise sanitaire, cure de jouvence de la bourse parisienne

La crise sanitaire, cure de jouvence de la bourse parisienne

Une nouvelle génération d'investisseurs est arrivée sur les marchés avec le krach boursier de mars 2020. Apanage des neo-brokers, cette jeune clientèle est davantage attirée par le risque et les produits financiers complexes.

La crise sanitaire, cure de jouvence de la bourse parisienne
Crédit photo © Reuters

Une analyse approfondie de l’Autorité des marchés financiers portant sur 218 millions de transactions (actions, produits dérivés, ETF…) montre que depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de particuliers actifs sur les marchés a été multiplié par 2,5, et que leur profil s’est nettement rajeuni.

La chute des marchés en mars 2020 a constitué un point d’entrée pour de nombreux nouveaux investisseurs (qui n’avaient jamais réalisé de transaction ou pas depuis janvier 2018), qui sont restés depuis.

« Alors que leur nombre par trimestre évoluait autour de 1 million jusqu’au troisième trimestre 2019, il a atteint les 2,5 millions et se maintient au-dessus de ce niveau depuis trois trimestres, et ce malgré la reprise du travail en présentiel », note l’AMF.

Cet afflux d’investisseurs a profité aux grands acteurs "traditionnels" bancaires, à leurs concurrents en ligne (Boursorama, IG, Bourse Direct, BinckBank…), mais aussi et surtout aux "neo-brokers", de jeunes sociétés de courtage digital, toutes immatriculées hors de France, et ayant pour particularité d’offrir la gratuité ou quasi-gratuité des frais à leur clientèle.

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+500% de clients actifs chez les neo-brokers

Chez ces dernières – parmi lesquelles on peut citer deGiro, eToro ou encore Trade Republic – la clientèle active est passée de 68.000 à plus de 409.400 entre le 3e trimestre 2019 et le 3e trimestre 2021, soit une augmentation de plus de 500%. A titre de comparaison, les banques classiques n’ont pour leur part enregistré une hausse plus "modeste" de 68% du nombre de leurs clients actifs (passés de 712.600 à plus de 1,2M), tandis que les banques/courtiers en ligne ont profité d’une situation intermédiaire, avec une croissance de leur clientèle active de 142% (de 214.600 à 520.500 clients).

Les acteurs traditionnels continuent de capter la majorité des transactions, mais cette part tend à s'amenuiser au profit de ces jeunes fintechs. Au 3e trimestre 2021, les banques traditionnelles ont ainsi drainé 44,9% des 21,59 millions de transactions financière réalisées sur cette période, les banques et courtiers en ligne 33,3% et les néo-brokers 21,8%, alors que ces derniers représentaient moins de 10% des transactions il y a trois ans.

L'âge moyen des investisseurs désormais inférieur à 50 ans

La vague d'arrivants observée avec le Covid a par ailleurs fait chuter assez drastiquement l'âge moyen des boursicoteurs : celle-ci sa baissé de 8 ans en trois ans (!) pour la faire tomber aujourd’hui sous la barre des 50 ans (49,8) contre 58,1 ans en octobre 2018.

Plus exactement, chacune des trois grandes familles de l’activité du trading chez les particuliers (les banques, les courtiers en ligne, les néo-brokers) dispose de sa propre "génération-type", liée logiquement à leur maturité respective : chez les banques, intermédiaires "historiques", la moyenne d’âge est la plus élevée, d’un peu plus de 55 ans – en baisse tout de même de plus de cinq ans depuis octobre 2018.

Chez les courtiers en ligne, qui sont arrivés sur le marché dans le courant des années 2000, elle est un peu plus jeune, de moins de 48 ans.

Enfin, chez les neo-brokers, apparus beaucoup plus récemment, la clientèle représente une nouvelle génération tout juste arrivée sur les marchés - pour l'essentiel avec la crise sanitaire : l’âge moyen ne dépasse pas 37 ans.

Produits dérivés

Les produits financiers sollicités par cette jeune clientèle y sont aussi différents que ceux de leurs aînées : même si l’achat et la ventes d’actions en direct restent prédominants (87,2%), les transactions sur des instruments complexes du type CFD ou warrants y sont plus représentées que chez les autres intermédiaires.

L’AMF note toutefois que la proportion de produits dérivés a décliné dans le temps, passée de près de 35% au 2e trimestre 2020 à moins de 13% au T2 2021). « Ce recul peut s’expliquer par deux tendances, explique l’AMF. Après avoir été choisis par des investisseurs plus orientés vers les produits complexes, les neo-brokers conquièrent désormais une clientèle nouvelle s’orientant vers des produits simples. »

Les actions les plus tradées : d'Airbus à Mcphy

Davantage adepte de la stratégie de "Trend Following", la clientèle des neo-brokers est aussi la plus encline à se positionner sur des titres moins liquides et in fine plus risqués.

Dans le top 10 des actions les plus tradées chez les banques classiques et les banques en ligne, on retrouve quasi-uniquement des acteurs du CAC et du DAX (TotalEnergies, Airbus, LVMH, Société Générale...).

Ces titres sont aussi majoritaires dans le top 10 des néo-brokers, mais ils partagent l’affiche avec des biotechs telles que Novacyt et Valneva, ou encore le spécialiste de l’hydrogène Mcphy Energy.

Enfin, cette clientèle trade plus fréquemment, et pour des montants notoirement inférieurs que celle des banques et autres courtiers en ligne. En moyenne, les clients actifs des neo-brokers ont réalisé 26 opérations au 3e trimestre 2021, contre 23 pour les courtiers en ligne, et 11 pour les banques traditionnelles. Le montant moyen de leurs transactions était de 689€, contre 2.651€ pour les courtiers en ligne, et 2.689€ pour les banques classiques.

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