Décryptage : qu’est-ce que le spread OAT-Bund ?

Décryptage : qu’est-ce que le spread OAT-Bund ?

Il mesure l’écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes et constitue ainsi un indicateur de choix pour mesurer la confiance accordée à notre économie et à ses perspectives

Décryptage : qu’est-ce que le spread OAT-Bund ?
Crédit photo © Reuters

A l’approche de l’élection présidentielle, nombre d’analyses ont scruté l’évolution du spread entre l’OAT et le Bund. De quoi dérouter les non-spécialistes. Pour comprendre ce jargon, il convient de revenir un instant sur la notion de taux obligataires.

Les obligations

Comme toutes les obligations, les obligations d’Etat (ou souveraines) sont des prêts. Les investisseurs prêtent de l’argent à un pays en échange d’une rémunération. De manière schématique, on peut donc dire que plus la confiance est grande, plus le taux est faible. A l’inverse, en cas de risque élevé, les investisseurs vont réclamer une rémunération plus importante.

Les obligations étant par ailleurs négociables, leur prix et leur taux évoluent au fil du temps sur le marché en fonction de l’offre et de la demande, autrement dit de l’appétit des investisseurs pour le titre en question. A titre d’exemple, le marché exige actuellement 0,8% environ pour prêter à l’Etat français à 10 ans (OAT).

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La nécessité d’aller plus loin

Ceci étant, analyser uniquement le taux d’une obligation souveraine ne donne qu’une vue partielle de la situation. De fait, ce taux peut évoluer en fonction de nombreux facteurs, pas tous spécifiques au pays en question (tendances internationales, arbitrages entre classes d’actifs…). En période de reprise économique, les investisseurs ont par exemple tendance à vendre des obligations d’Etat pour se reporter sur les actions.

Pour mesurer le risque spécifique d’un pays, un autre indicateur est donc nécessaire. C’est ici qu’intervient le spread, c’est-à-dire l’écart de taux.

Une sorte de prime de risque

Le principe est simple et se rapproche de la notion de prime de risque. A partir d’une référence considérée comme la plus sûre (voire sans risque), le spread permet de mesurer le surplus de rendement exigé pour prêter à un pays donné.

Cet indicateur étant relatif, il offre une vue plus précise du risque spécifique accordé à un pays.

La référence allemande

En Europe, l’Allemagne sert de référence, le pays ayant les taux les plus bas de la zone euro (0,23% à 10 ans actuellement). Le spread entre l’OAT française et le Bund allemand mesure donc la confiance accordée à l’économie française par rapport à un placement quasiment sans risque (les obligations allemandes).

Les opérateurs comparent le plus souvent les taux à 10 ans et mesurent les écarts en points de base (100 points de base = 1 point). Actuellement, le spread OAT Bund est légèrement inférieur à 60 points de base.

Un spread qui s’écarte (qui s’accroît) va témoigner de craintes accrues vis-à-vis de la France. A l’opposé, un spread qui se resserre est un signe de confiance pour l’économie française et ses perspectives.

Plusieurs éléments peuvent influencer un spread : le risque de crédit (la probabilité que le pays ne rembourse pas sa dette), le risque de liquidité (la difficulté de revente des titres sur le marché) et surtout l’aversion générale pour le risque (le repli vers les titres des pays jugés les plus sûrs en cas de turbulences économiques). C’est la raison pour laquelle les spreads sont sensibles aux évolutions politiques et peuvent connaître des variations assez violentes en période électorale…

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