Augmenter ou pas le taux du Livret A : le gouvernement va devoir trancher en janvier

Augmenter ou pas le taux du Livret A : le gouvernement va devoir trancher en janvier
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La formule de calcul actuelle rend théoriquement probable un taux de 0,80% à partir du 1er février 2022.

Augmenter ou pas le taux du Livret A : le gouvernement va devoir trancher en janvier
Crédit photo © Boursier.com

Le gouvernement va devoir décider le mois prochain si oui ou non il valide une augmentation du taux de rémunération du Livret A. Une décision pas facile à prendre car les enjeux politiques sont toujours importants autour de ce support d’épargne de précaution préféré des Français, en particulier aujourd’hui, à quelques mois de l’élection présidentielle. Cette décision de relever ou pas le taux du Livret A, reste « éminemment politique » rappelait ainsi la semaine dernière Eric Buffandeau, directeur adjoint Etudes et Prospectives du groupe bancaire BPCE.

Réponse mi-janvier

La rémunération du Livret A est révisée deux fois par an, en février et en août, sur proposition du gouverneur de la Banque de France qui doit être acceptée par le ministre de l’Economie. La formule de calcul en vigueur du taux correspond à la moyenne semestrielle du taux d’inflation des six derniers mois et des taux interbancaires à court terme à 6 mois (Euribor), avec un arrondi calculé au dixième de point le plus proche, sans pouvoir être inférieur à 0,5%.

Avec la récente accélération de l’inflation (2,6% en octobre et 2,8% en novembre) liée à la flambée des prix de l’énergie et un taux interbancaire de référence restant autour de -0,5% (-0,54% aujourd'hui pour l'Euribor 6 mois), cette formule rend très probable un taux de 0,80% pour le Livret A, même si le taux d’inflation de décembre s'atténue. C’est donc ce taux que proposera le gouverneur de la Banque de France au ministre de l’Economie à la mi-janvier, pour une éventuelle application au 1er février.

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Pouvoir d’achat

D’un côté, une décision négative serait très impopulaire : le gouvernement aura du mal à priver les épargnants de ce petit surplus de rémunération qui ne compense que partiellement l’augmentation de l’inflation. De l’autre côté, une telle hausse aurait un coût important pour les banques et pour la Caisse des Dépôts qui centralise une grande partie des avoirs pour financer le logement social. D’autant que cette hausse s’appliquerait automatiquement pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) qui passerait lui aussi de 0,50% à 0,75% ou 0,80%. Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne, souligne qu’une hausse du taux du Livret A augmenterait par ailleurs les coûts des banques car ce taux sert de référence pour les autres placements liquides comme les livrets bancaires ou le Livret Jeune.

Hiérarchie des taux

Philippe Crevel soulève aussi un problème de hiérarchie des taux et de cohérence au niveau de la politique de l’épargne. « Les rendements de certains produits longs passeraient en-dessous de celui du Livret A. Après fiscalité, le rendement des fonds euros en 2021 devrait être proche de 0,7%, or ces derniers sont censés être des produits de moyen et long terme. La hausse du taux du Livret A irait à l’encontre de la politique du Gouvernement de réorienter l’épargne des ménages vers des placements longs comme les actions, les unités de compte ou le Plan d’Epargne Retraite afin de faciliter le financement des entreprises par fonds propres », explique le Directeur du Cercle de l’Épargne.

Quel surplus de rémunération ?

Pour les quelque 55 millions de détenteurs de Livret A, un taux de 0,80% contre 0,50% aujourd'hui ne révolutionnerait pas le pouvoir d’achat. Même en prenant l’exemple de ceux dont le Livret A est rempli au plafond maximum de 22.950 €, les intérêts annuels passeraient d’environ 115 € à près de 184 €, soit un surplus de 69 €.

Une solution populaire ?

À défaut d’augmenter le taux du Livret A, Philippe Crevel cite la piste du Livret d’Epargne Populaire qui est réservé aux épargnants les plus modestes (essentiellement les non imposables à l’impôt sur le revenu soit la moitié des ménages) avec un plafond limité à 7.700 €. « Le Gouvernement pourrait décider de placer sa rémunération au niveau de l’inflation, c’est-à-dire 2% contre 1% actuellement. L’épargne populaire serait ainsi protégée de l’inflation pour un coût relativement réduit. Cela permettrait de rendre plus attractif ce produit qui a été souscrit seulement par la moitié des bénéficiaires potentiels », analyse Philippe Crevel.

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