Assurance-vie : quelle marge de manoeuvre sur les frais ?

Assurance-vie : quelle marge de manoeuvre sur les frais ?

Les épargnants oublient souvent de s'intéresser aux frais liés à leur assurance-vie. Dans certains cas, ils peuvent pourtant être élevés. Mais une négociation est toujours envisageable

Assurance-vie : quelle marge de manoeuvre sur les frais ?
Crédit photo © Reuters

Le rendement et la fiscalité sont généralement regardés de près par les souscripteurs d'un contrat d'assurance-vie. Mais ils ne sont pas les seuls critères à surveiller. Les frais jouent également un rôle important sur la performance réelle des fonds investis. Les réactions des lecteurs aux sujets sur l'assurance-vie le prouvent.

Les frais liés au contrat

Les premiers frais auxquels sont confrontés les épargnants concernent les versements. Si la tendance sur ce plan est de se rapprocher de zéro (plusieurs contrats exonèrent les clients sur les versements), la majorité des contrats établissent encore une facturation à l'entrée, avec un taux théorique de 1% à 5%. Concrètement, ces frais viennent réduire le montant investi.

Les frais de gestion prélevés annuellement constituent l'autre grande catégorie. Destinés à couvrir les frais d'infrastructure de la société de gestion (avec éventuellement une rétrocession à l'intermédiaire), ils oscillent entre 0,3% et 1%, avec une moyenne de 0,5 à 0,6%. Ils sont généralement un peu plus élevés sur les unités de comptes que sur les fonds en euros.

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Enfin si les prélèvements à la sortie ne sont plus de mise, l'arbitrage est lui aussi facturé. Lorsqu'un client souhaite changer de supports au sein d'un contrat, il est redevable d'une commission qui fluctue entre 0,1% et 1% ou qui peut être forfaitaire (15 euros la plupart du temps).

Les autres frais

Tandis que la question des frais liés au contrat est souvent abordée, le public s'intéresse beaucoup moins aux frais qui concernent le support sur lequel sont investis les capitaux du contrat. Or c'est là que se situe la plus grande opacité, bien que la réglementation oblige le commercialisateur à remettre les notices d'informations des supports d'investissements préconisés, avertit Eric Wallez, conseiller en gestion de patrimoine indépendant et président du Club des Epargnants. Il faut dire que le client, noyé dans une masse de documents, ne prête pas toujours attention à chaque détail. Et ces frais apparaissent d'autant moins identifiables que les fonds en euros logés dans les contrats d'assurance-vie communiquent sur des performances nettes de frais.Il peut même arriver qu'un seul et même OPCVM se décline en plusieurs compartiments avec des performances différentes selon la tarifications appliquée, poursuit Eric Wallez.

La négociation

S'il paraît difficile pour un client d'aller négocier les frais d'un fonds avec lequel il ne traite pas directement, il peut tout de même prendre soin de regarder de près la tarification affichée par les fonds proposés... et l'intégrer dans sa décision.

Concernant les frais directement attachés au contrat, le client a en revanche plus de latitude, surtout en ce qui concerne les frais de versement.

Par exemple, le témoignage d'un client ayant souscrit un contrat auprès d'une banque montre qu'il a pu obtenir un taux de 0,8% sur ses versements contre un tarif dégressif théorique compris entre 2,5% et 4%.

Il faut savoir qu'en général, les assureurs-vie ont un taux incompressible de 0,5% sur les droits d'entrée, le reste allant à la rémunération des intermédiaires. Sous la pression des contrats 'en ligne' qui affichent des frais d'entrée à zéro au regard de la simplicité de saisie et de traitement, cet incompressible tend à être discutable, précise Eric Wallez. Un engagement sur des versements réguliers dans le temps pourra en tout cas être un atout dans la négociation.

Concernant les frais de gestion, la marge est plus réduite mais ils ont leur importance car ils sont appliqués chaque année. Certains experts recommandent si possible de les limiter à 0,6% pour préserver la performance.Il est envisageable aujourd'hui de trouver des compagnies à la gestion transparente avec un niveau de frais de gestion incompressibles de seulement 0,40-0,45%, dans ce cas, le commercialisateur ne perçoit aucune commission d'encours, explique Eric Wallez.

Avoir une vue d'ensemble

Pour obtenir des frais adaptés, mieux vaut avoir une vision large et ne pas se cantonner à un seul élément. Par exemple, des frais très réduits à l'entrée risquent d'être compensés par des frais de gestion supérieurs à la moyenne. Or si la négociation sur les frais d'entrée peut-être spectaculaire, il ne faut pas négliger les frais de gestion qui peuvent devenir pénalisant du fait de leur récurrence.

Prenons l'exemple d'un client plaçant 100.000 euros en une fois avec la perspective d'obtenir 3% de rendement annuel capitalisé pendant 10 ans. Un rapide calcul prouve que son patrimoine final sera plus élevé s'il accepte 3% de frais d'entrée avec 0,5% de frais de gestion plutôt que s'il négocie 1% à l'entrée avec en contrepartie 0,8% de frais de gestion.

Bref, une bonne négociation dépend avant tout des contraintes et objectifs de chacun. Sans compter que le tarif ne fait pas tout. Pour Eric Wallez,l'important est d'obtenir un prix adapté au service apporté, surtout pour les clients qui n'ont pas les compétences pour gérer directement leur patrimoine. Contrairement à l'idée préconçue, la démarche juridique et patrimoniale est complexe lors de la mise en oeuvre d'un contrat, comme dans son suivi. De plus le contrat n'est qu'une enveloppe, comme peuvent l'être un compte titre ou un PEA. A contrat équivalent, le résultat sera bien différent à terme selon la qualité de la gestion financière apportée par le conseiller. Autrement dit, mieux vaut parfois payer une commission raisonnable à un établissement qui offrira une vraie valeur ajoutée (via ses conseils, les arbitrages proposés...) que de viser le moindre coût et d'avoir un contrat qui s'enlise et rapporte peu.

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