Ils étaient présentés comme une innovation permettant aux épargnants d’allier le dynamisme des unités de compte à la sécurité des fonds en euros. Mais trois ans après leur lancement, force est de constater que les « euro-croissance » n’ont toujours pas décollé.
0,11% des encours
Selon les chiffres obtenus par L’Argent & Vous auprès de la Fédération française de l’assurance (FFA), seuls 141.000 contrats étaient ouverts fin 2016, contre 123.000 fin 2015. Par rapport à un marché de l’assurance-vie qui compte 54 millions de contrats, cela représente environ 1 contrat sur 380.
Le bilan est tout aussi modeste du côté des encours. Certes, ils ont progressé entre 2015 et 2016, passant de 1,7 milliard à 1,9 milliard d’euros. Toutefois, cela pèse bien peu à l’échelle du marché de l’assurance-vie : 0,11% d’un total d’encours évalué à 1.632 milliards d’euros à la fin de l’année dernière.
Le gouvernement a bien eu l’idée de réagir l’année dernière en autorisant des transferts de plus-value au profit des euro-croissance, pour dynamiser le marché. Mais les professionnels sont loin d’en faire une promotion active. Il faut dire que le contexte actuel n’est guère porteur pour ces produits.
Fonctionnement des euro-croissance
Le principe des euro-croissance est simple. Contrairement à un contrat en euros qui garantit le capital à tout moment, la garantie de l’euro-croissance n’est valable qu’au terme d’une échéance convenue (au minimum 8 ans).
L’assureur peut donc investir une proportion du capital sur des actifs dynamiques. De fait, il n’a besoin de placer qu’une partie des fonds à un taux sécurisé pour être certain de retrouver à terme le capital de départ.
En supposant par exemple un investissement de 10.000 euros à un horizon de 8 ans, il suffit de placer 8.535 euros à 2% pour retrouver 10.000 euros au bout de 8 ans. On peut alors engager la différence (1.465 euros) sur des actifs plus rémunérateurs.
Des taux bas qui n’aident pas
Pour que cette stratégie fonctionne, encore faut-il que les taux sans risque ne soit pas proches de 0. Car plus les taux sont bas, plus la poche à attribuer aux actifs risqués est faible. En prenant cette fois un taux de 0,5%, il faudrait sécuriser 9.608 euros (soit presque la totalité du capital) pour être certain de retrouver ses 10.000 euros après 8 ans.
En résumé, les euro-croissance sont avant tout pénalisés par l’environnement actuel de taux bas, qui ne les aident pas à afficher un différentiel de performances suffisamment attractif par rapport aux fonds en euros.
Enfin, un autre facteur peut expliquer leur échec. Nombre d’experts ont rappelé depuis 3 ans que chaque épargnant pouvait créer son propre contrat euro-croissance, via un contrat multi-support mêlant fonds en euros et unités de compte. Dès lors pourquoi prendre du prêt-à-porter quand on peut faire du sur-mesure ?
Source : FFA | ||||
---|---|---|---|---|
Fin 2016 | Fin 2015 | Evolution | Evolution en % | |
Nombre de contrats | 141.000 | 123.000 | + 18.000 | +15% |
Encours | 1,9 Md€ | 1,7 Md€ | + 200 M€ | +11% |