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Les souscripteurs oublient souvent de se pencher sur les frais. Pourtant, ces derniers peuvent capter une très grosse partie de la performance générée par les fonds placés. Exemples…
Les gains générés par un contrat d’assurance-vie vont-ils réellement dans la poche de l’épargnant ? La question peut se poser au vu des frais engendrés par certains contrats. Il faut dire qu’entre les frais sur versements, les frais de souscription, les frais de gestion, voire les frais d’arbitrage, les strates de facturations peuvent s’accumuler, notamment sur les contrats multi-supports.
Les frais sur un contrat multi-support
Si la gratuité est devenue la norme sur Internet, beaucoup d’établissements facturent encore des frais sur les versements. Avant même de commencer à travailler, le capital est donc amputé. Et ce n’est pas tout puisque lorsque l’épargnant investit son capital (par exemple sur des fonds en actions), il doit encore payer des frais de souscription.
Une fois l’investissement mis en place, les frais restent de mise. Chaque année, l’assureur en prélève pour la gestion du contrat. Cela se traduit par une diminution du nombre d’unités de compte de l’épargnant. Quant aux OPCVM sur lesquels ont été engagés les fonds, ils facturent eux aussi des frais de gestion.
Enfin, même s’il peut être exonéré d’impôt à la sortie avec un contrat de plus de 8 ans, l’épargnant doit payer des prélèvements sociaux sur ses gains (au taux de 15,5%).
Exemple pour un contrat multi-support
Pour estimer ce que récupère réellement l’épargnant, nous avons pris l’exemple d’un contrat proposé actuellement par une banque. Les frais sur les versements sont de 2% et les frais de gestion de 0,68% par an.
Supposons que les fonds soient ensuite investis dans un fonds actions qui facture 2% à l’entrée, sert 6% bruts par an et prélève 1,4% de frais de gestion.
Selon nos calculs, pour 100 euros misés par l’épargnant, ce placement va générer sur 8 ans 54,24 euros d’intérêts. Mais l’épargnant sera loin de capter un tel gain.
Les frais prélevés au fil de l’eau (pour l’OPCVM et le contrat) vont coûter près de 20 euros (19,97 euros)… Sans compter les frais payés à l’entrée, pour 3,96 euros.
L’épargnant se retrouvera in fine avec un capital de 130,30 euros et devra régler des prélèvements sociaux sur ses gains (4,70 euros). Il lui restera donc 25,60 euros, soit moins de la moitié des intérêts générés par son placement.
L'Argent & Vous, frais d'entrée et de versement de 2%, frais de gestion de 0,68% sur le contrat et de 1,4% sur un OPCVM avec un rendement brut de 6% | ||
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en € | en % du rendement total | |
Rendement total | 54,24 | |
-Frais (gestion et entrée) | 23,93 | 44,1% |
-Prélèvements sociaux | 4,70 | 8,7% |
Gain net pour l'épargnant | 25,61 | 47,2% |
Les frais sur un contrat monosupport avec un fonds en euros
Le cas du contrat avec un unique fonds en euros est a priori plus simple à appréhender. Mais là aussi, il y a des frais à intégrer.
Certains établissements facturent encore des frais à l’entrée. Quant aux frais annuels de gestion, ils existent bien même s’ils sont transparents pour l’épargnant puisque les performances sont communiquées nettes de frais.
Exemple pour un contrat monosupport avec un fonds en euros
Là encore, nos calculs se basent sur les conditions réellement proposées par un établissement financier, avec 2% de frais de versement et 0,8% de frais de gestion (comme précisé dans le décompte envoyé aux assurés). Le rendement du fonds en euros net de frais est de 2%.
Ici, un capital de départ de 100 euros va générer 23,30 euros d’intérêts sur 8 ans. Les frais s’élèveront à 8,66 euros et les prélèvements sociaux (réglés au fil de l’eau) à 2,58 euros. L’épargnant récupèrera donc 12,06 euros de bénéfice net, soit à peine plus de la moitié du gain généré par son épargne.
L'Argent & Vous, frais de versement de 2%, frais de gestion de 0,8% avec un rendement net de 2% sur le fonds en euros | ||
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en € | en % du rendement total | |
Rendement total | 23,30 | |
-Frais (gestion et entrée) | 8,66 | 37,2% |
-Prélèvements sociaux | 2,58 | 11,1% |
Gain net pour l'épargnant | 12,06 | 51,7% |
Savoir interpréter les rendements
Ces deux exemples prouvent l’impact que peuvent avoir les frais sur la répartition de la valeur créée par un contrat d’assurance-vie. La concurrence ayant joué en faveur des épargnants ces dernières années, il est bien entendu possible d’investir dans l’assurance-vie avec des frais moins importants, voire de négocier.
En tout cas, s’il veut éviter d’entretenir de faux espoirs, l’épargnant doit être en mesure de décrypter les plaquettes des produits proposés. Rappelons par exemple que les performances des fonds sont données avant frais (sauf pour les fonds en euros). C’est notamment le cas pour les fonds à formule, très à la mode actuellement. Il est également important de ne pas négliger les frais attachés au contrat, que ce soit à l’entrée ou en cours de route.
Où vont les frais ?
Les ponctions opérées servent en premier lieu à rémunérer la société qui gère le contrat ou les fonds sélectionnés (coûts informatiques, coûts de personnel...). Mais les frais ont aussi pour objectif de couvrir les commissions versées aux intermédiaires ayant permis la signature du contrat (CGP, conseillers de réseaux...). Ces commissions peuvent être versées à l’entrée mais aussi chaque année sur les encours.