A quel point un livret A à 3% va-t-il séduire les épargnants ?

A quel point un livret A à 3% va-t-il séduire les épargnants ?
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Le ministre de l'Economie a annoncé ce vendredi sur France 2 que le taux du Livret A passera à 3% au 1er février. Quels effets cette augmentation devrait avoir sur les arbitrages financiers des ménages ?

A quel point un livret A à 3% va-t-il séduire les épargnants ?
Crédit photo © iStock

D’après le dernier baromètre "épargne et placements" BPCE/Audirep – une enquête approfondie sur le comportement des Français en matière financière que le groupe réalise trois fois par an – si le taux du livret A et du livret de développement durable et solidaire (LDDS) passait à 3%*, la moitié des Français envisageraient dans les mois suivants d’augmenter leurs versements sur ces livrets. 47% effectueraient des transferts d’un autre support vers ces livrets, et 58% réaliseraient au moins l’une de ces deux opérations (transfert et/ou versement).

Dans sept cas sur dix, les arbitrages se feraient depuis un compte courant. Seulement 12% puiseraient dans un Plan épargne logement ou une assurance vie.

Hausse du "seuil psychologique" de la rémunération du livret A

Dans le contexte actuel de forte inflation et de remontée des rendements obligataires, la "sensibilité" des épargnants aux taux gagne logiquement du terrain.

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Interrogés sur le niveau de rémunération à partir duquel il devient intéressant de transférer les sommes restantes de leur compte courant vers un livret A, les ménages interrogés en novembre 2022 citent dans la majorité des cas un taux "incitatif" compris entre 3% et 5% alors que cette fourchette était plutôt comprise entre 2,5% et 4% l’année dernière. Le "seuil psychologique" de rémunération du livret A pour les ménages passe ainsi en moyenne de 2,5% à 3,5%.

Profils des détenteurs du livret A

Plus précisément, les intentions des Français sur la gestion de leurs livrets A en prévision d’une nouvelle hausse de leur rendement varient selon les usages. D’après BPCE, on peut distinguer cinq profils-type de détenteurs du livret A :

  • Les épargnants "moyens", dont l’encours du livret A est élevé et/ou en hausse (27% des détenteurs de livrets) : pour ces profils, la hausse du taux est très incitative. 72% prévoient d’alimenter leurs livrets davantage en cas de hausse de rendement ;
  • Les épargnants au compte au plafond, ou très bien alimenté (24%) : la hausse de taux devrait convaincre un peu moins de la moitié de ces profils à augmenter leurs versements, logique puisque ce groupe d’épargnants a déjà, pour une grande partie, un compte au plafond ;
  • Ceux "attachés au livret A", qui l’alimentent régulièrement, notamment les jeunes (17%), mais dont le compte est moyennement alimenté (de 5.000€ à 15.000€ environ). Pour ce groupe, la hausse du taux sera aussi fortement incitative, à 67%.
  • Les utilisateurs dont les comptes sont dormants ou sans mouvement (12%) qui effectuent rarement des versements : la hausse du livret A devrait convaincre un peu plus de la moitié de ces profils à augmenter leurs versements ;
  • Enfin, les ménages "désépargnants", aux faibles revenus, dont l’utilisation du livret A est réduite en raison de capacités d’épargne très limitées (14%). Pour ces derniers, et en dépit de leurs difficultés financières, la hausse du taux représente une opportunité que 59% comptent saisir en alimentant davantage leurs livrets.

Une hausse du taux salutaire pour l’ensemble des livrets…

En observant l’impact sur trois mois de l’évolution de l’épargne des ménages lors des deux dernières hausses de taux du livret A, en février 2022 (rendement passé à 1%), et en août dernier (passé à 2%), et en prenant en compte l’évolution du contexte économique et financier (inflation, ampleur des hausses de taux réglementés, impact du taux élevé du Livret d’épargne populaire…), les économistes de BPCE ont tenté de mesurer les potentiels effets d’une nouvelle hausse du taux du livret A ces prochains mois.

D’après leurs simulations, celle-ci devrait être très positive sur l’ensemble des livrets, considérant qu’une hausse de 30 points de base du livret A s’accompagne en moyenne de 11,2 milliards d’euros supplémentaires par an sur ces placements. Considérant que la hausse, en février, devrait être environ de 130 points de base, ce sont ainsi plus de 48,5 milliards d’euros supplémentaires qui pourraient être déposés sur l’ensemble de l’épargne réglementée.

… au détriment de l’assurance vie ?

Des flux qui pourraient se faire davantage aux dépens de l’assurance vie, notamment des fonds en euros, que des dépôts à vue, voire des comptes à terme, d’autant que ces derniers, profitant eux aussi de la hausse des taux, ont repris des couleurs depuis le 3e trimestre 2022.

L’inconnue du livret d’épargne populaire

La grande inconnue dans l’équation reste les livrets d’épargne populaire (LEP) : avec une rémunération qui passera à 6,1% le mois prochain, soit à un niveau légèrement supérieur à l’inflation actuelle, les LEP pourraient attirer une partie de l’épargne placée sur les livrets A et LDDS. BPCE évalue un impact a priori de 750 millions supplémentaires déposés sur les LEP pour 30 points de base de hausse de taux. Si le taux du LEP passe de 4,6% à 6,1% en février, le scénario actuel, cet impact serait donc multiplié par cinq (3,75 milliards d’euros).

Des prévisions qui sont toutefois difficiles alors que ces placements, qui restent réservés aux ménages modestes, sont encore sous-utilisés : selon des estimations de la Banque de France, seuls 37% des 18,7 millions de Français éligibles détenaient un LEP au courant de l’année 2022.

Pour autant, la hausse de rémunération a été un moteur fort pour le taux d’adoption de ces livrets en 2022, la Banque de France enregistrant un nombre record d’ouvertures sur les cinq premiers mois de l’année (824.000). Un rendement à plus de 6% devrait évidemment lui être encore très profitable.

*Le sondage a été réalisé en novembre 2022.

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