L’origine sociale, source prégnante des écarts de revenus en France

L’origine sociale, source prégnante des écarts de revenus en France
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D'après une enquête de France Stratégie, l'origine sociale serait une caractéristique beaucoup plus importante des écarts de revenus que l'origine migratoire, le sexe ou l'endroit où l'on a grandi.

L’origine sociale, source prégnante des écarts de revenus en France
Crédit photo © iStock

Selon une vaste enquête de France Stratégie, réalisées à partir d’un échantillon de population établie dans l’Hexagone (cf. encadré en fin d’article), l’origine sociale est une caractéristique fortement déterminante dans les écarts de revenus d’activité constatés entre les personnes.

Elle est en tout cas bien plus importante que la différence de sexe, le lieu de résidence à l’adolescence, et surtout l’origine migratoire, montre cette étude qui a retenu ces quatre "caractéristiques individuelles et familiales" pour tenter de déterminer leur influence respective sur les revenus des personnes.

"L’origine sociale" a été déterminée par l'enquête à partir de la position sociale des deux parents. Ont été considérées comme issues de milieux favorisés, les personnes dont au moins l’un des parents est cadre ou profession intermédiaire et l’autre également ou "petit indépendant" (22,5 % des personnes de l’échantillon). Ont été considérées comme d’origine modeste les individus dont seul un parent est actif, ouvrier ou employé (25 % de l’échantillon)

1.100€ d’écart de revenus nets en moyenne entre milieux favorisé et modeste

Cette méthodologie inédite constate ainsi un écart de 1.100€ nets par mois de revenus entre le quart des personnes d’origine favorisées du quart des personnes d’origine modeste, les trois autres caractéristiques égales par ailleurs (sexe, territoire d’origine et ascendance migratoire).

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Soit presque deux fois plus, à autres caractéristiques égales, que l’écart entre hommes et femmes, estimé à 620€, cette caractéristique étant elle-même plus déterminante que le territoire de jeunesse (440€ entre la région la plus riche et les deux régions les plus pauvres, 250€ entre urbain hors et zone urbaine sensible), et surtout que l’ascendance migratoire (170€ entre les "natifs" et les descendants d’immigrés d’Afrique).

Les experts de France Stratégie constatent qu’en matière d’origine sociale – facteur le plus déterminant relevé par l’enquête - les écarts de revenus sont liés principalement au parcours éducatif, qui serait à la source de 70% de ces écarts, et plus précisément au niveau de diplôme.

L’accès à une grande école et la spécialité du diplôme ne jouent qu’à la marge (entre 4 % et 2 %). Environ 14 % de l’écart de revenus s’explique par des différences de poste occupé (une fois pris en compte le temps de travail et le taux d’emploi), tandis que « les autres variables sont négligeables ».

Ecart hommes-femmes

Concernant les différences de revenus d’activité entre les hommes et les femmes, elles n’apparaissent pas liées au parcours scolaire mais principalement, à 45%, par des situations différentes sur le marché du travail. Observation remarquable, surtout, selon France Stratégies, 68% des écarts de revenus entre les deux sexes « restent inexpliqués » par son modèle d’observation.

« Cela signifie que les écarts transitent par d’autres effets, inobservables dans les données, comme les caractéristiques des entreprises où les hommes et les femmes travaillent, ou des comportements différenciés des employeurs et des salariés, liés notamment à la maternité », avancent les auteurs de l’enquête.

A poste identique, les hommes « sont beaucoup mieux rémunérés. Cela traduit en partie l’hétérogénéité de rémunération des emplois à haute qualification, dont le présent modèle ne peut pas tenir compte. Tout comme les écarts d’accès à l’emploi, de temps de travail et de poste occupé, les écarts inexpliqués de revenus entre hommes et femmes sont en partie dus à des discriminations (directes ou indirectes) et à l’effet de la naissance des enfants. » L’enquête estime que l’arrivée des enfants fait baisser le revenu d’activité des femmes de l’ordre de 20 % cinq ans après leur naissance Pour les hommes, on ne trouve pas d’effet significatif ».

Etude : lnégalités des chances : ce qui compte le plus. Note d’analyse de France Stratégies, n°120, avril 2023, Clément Dherbécourt (département Société et politique sociales), Jean Flamand (département Travail, emploi, compétences).

échantillon de l'étude

Echantillon d’environ 100.000 individus âgés de 31 à 46 ans en 2018, pour une moyenne de 38,5 ans, soit un âge où la position sur le marché du travail est relativement stabilisée. Les individus sont observés à la fois en tant qu’enfant de 10 à 18 ans dans le recensement de population de France métropolitaine de 1990 ou 1999 et en tant qu’adulte dans les données de l’impôt sur le revenu pour l’année 2018, pour les individus résidant en France métropolitaine (DOM exclus, les recensements de la population ne couvrant pas les territoires ultramarins dans l'"échantillon démographique permanent" de l'Insee).

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