Livret A, joli mois de mai

Livret A, joli mois de mai

L'épargne réglementée des ménages n'a pas désempli au printemps.

Livret A, joli mois de mai
Crédit photo © Boursier.com

Le rendement de l’épargne réglementée – qui a été fixé à 3% au mois de février – assure toujours au Livret A et au Livret de Développement durable et solidaire (LDDS) un bon rythme de croisière. La Caisse des Dépôts rapporte ce mercredi que la collecte nette sur ces deux supports a atteint 3,52 milliards d’euros en mai, après 3,48 milliards d’euros en avril.

Dans le détail, 2,47 Md€ nets supplémentaires ont été placés sur les Livrets A le mois dernier, en progression de 130 millions d’euros par rapport au mois précédent (2,33 Md€), faisant porter l’encours total de ces livrets à une marche des 400 milliards d’euros (399,9 milliards d’euros).

Les flux nets placés sur les LDDS ont pour leur part légèrement fléchi à 1,05 milliard d’euros, après 1,15 Md€ en avril, faisant porter l’encours total de ces livrets à 7,87 milliards d’euros.

Contre la tendance saisonnière

Le niveau de cette collecte est d’autant plus remarquable que la période de mai est en règle générale plutôt défavorable au Livret A.

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« Quatre décollectes ont été enregistrées depuis 2009 (2009, 2010, 2014, 2015), rapporte Philippe Crevel du Cercle de l’Epargne. « Jusqu’à maintenant, les résultats décevants du mois de mai s’expliquaient par la présence de jours fériés et par l’absence de versements de primes. En mai, logiquement, l’effet actualisation du taux de rémunération, quatre mois après son annonce, s’estompe. Or, ce n’est pas le cas en 2023 », note-t-il.

« Les déclarations du ministre de l’Économie, au début du mois (le 3 mai) confirmant qu’une hausse du taux pourrait intervenir le 1er août prochain, ont pu conduire les ménages à poursuivre leur effort d’épargne. Par ailleurs, ces derniers, [qui] restent inquiets face à l’évolution de la situation économique, persistent à privilégier l’épargne à la consommation qui est en baisse constante depuis le début de l’année. »

Sur les cinq premiers mois de l’année, la collecte des deux livrets en cumulé s’élève ainsi à +32,38 milliards d’euros. L’encours total sur les deux produits atteint 542,1 milliards d’euros à fin mai 2023.

Les livrets A et LDDS avaient atteint des records de collecte cet hiver depuis l’annonce du relèvement de leur taux d’intérêt à 3%. Avec l’inflation toujours élevée constatée ces derniers mois, et, surtout, la remontée des taux interbancaires de la zone euro, le taux de ces livrets augmentera à nouveau au 1er août.

Quel taux pour le Livret A au 1er août ?

Le niveau de cette hausse devrait être connu au courant du mois prochain. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait indiqué le mois dernier qu’il retiendrait la proposition de la Banque de France. Mais quelle sera-t-elle ? Entre préserver un élément différenciant de pouvoir d’achat très apprécié des ménages – dans une période économique morose et un climat social tendu – et limiter le coût induit par un rendement élevé pour les banques et le logement social, prédire le prochain rendement du Livret A n'est pas chose aisée.

En théorie, « compte tenu des éléments de la formule, le taux du Livret A pourrait se situer au 1er août 2023 autour de 4 % », anticipe Phillipe Crevel. Mais il ne serait pas étonnant que le Gouverneur de la Banque de France propose un relèvement moins généreux, de 3,5%, prédit le président du Cercle de l’Epargne. Un rendement de l’épargne réglementée élevé pourrait d’une part, amener les banques à répercuter son surcoût sur les emprunts, et d’autre part, « conforter les Français à privilégier l’épargne au détriment de la consommation, ce qui nuirait à la croissance ».

A 4%, l’épargne réglementée ferait par ailleurs « un pic dans la hiérarchie des taux. Un produit d’épargne de court terme comme le Livret A serait ainsi beaucoup mieux rémunéré que des produits de long terme »

Dernier élément qui plaide en faveur d’un taux plus limité que la formule, selon l’économiste : « L’inflation étant orientée à la baisse*, une hausse importante pourrait apparaître en décalage par rapport à la tendance à venir. Le gouvernement pourrait être contraint d’opérer une baisse significative du taux de rendement d’ici quelques mois, ce qui serait impopulaire. »

*Hors tabac, l’inflation est passée à 5% en mai, en chute de 80 points de base par rapport à avril, et devrait encore flancher à 4,6% en juin, d’après les projections de l’Insee.

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