Les paiements en espèces font de la résistance

Les paiements en espèces font de la résistance
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Un sondage Ifop pour la Monnaie de Paris montre un fort attachement des Français à l'utilisation de l'argent liquide.

Les paiements en espèces font de la résistance
Crédit photo © Reuters

Si la crise sanitaire a donné un coup de fouet au paiement sans contact, les Français sont restés très attachés aux espèces pour payer leurs achats, montre un sondage Ifop réalisé pour la Monnaie de Paris entre février et avril 2021 : plus de 90% déclarent en effet avoir recours à l'argent liquide régulièrement, et 70% quotidiennement.

D'après l'enquête, le cash reste le mode de paiement privilégié des Français pour les transactions du quotidien, mais aussi pour les donations, un niveau d’attachement qui se retrouve quel que soit le profil des répondants.

Gratuit, anonyme et fiable

Les avantages que les Français attribuent aux espèces sont multiples : ils mettent d’abord en avant la gratuité de son usage (94%), son caractère universel (93%), la protection de la vie privée qui y est associée (92%) et la sécurité (91%).

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Outre ces aspects fonctionnels, leur matérialité en fait un moyen de transmission de la valeur de l’argent aux plus jeunes (92%) mais aussi d’une culture, d’un pays, d’un patrimoine et de valeurs communes (80%).

« L’analyse de corrélation conduite dans l’étude montre que ce sont ces dimensions symboliques qu’incarnent les espèces qui nourrissent le plus le sentiment d’attachement à celles-ci », décrypte l’Ifop.

Comparées aux autres modes de paiement, elles apparaissent comme celui en lequel les Français ont le plus confiance (61%) devant les virements bancaires (51%), la CB (47%), les chèques déjeuner, cartes prépayées et chèques cadeaux (41%) et les chèques (29%).

Les paiements dématérialisés suscitent un sentiment "ambivalent"

Quant à l’utilisation des solutions dématérialisées, seuls 19% des Français se déclarent "très confiants" dans les services du type Paypal, et 8% pour les paiements par smartphone.

Ces nouveaux usages « provoquent une réaction ambivalente », observe l’étude. « On leur prête des avantages fonctionnels (gain de temps, simplicité) dans les mêmes proportions qu’ils inquiètent par leur caractère discriminant (exclut une partie de la population – 90%) et le manque de transparence de leur écosystème (83%). »

In fine, la portée symbolique du cash – garantie d’une certaine liberté et vecteur de transmission de richesse entre les générations – ressort clairement dans cette étude : « La projection dans un monde dans lequel les espèces auraient disparu entraîne clairement plus de craintes qu’elle ne suscite d’enthousiasme : 86% estiment que leurs vies privées y seraient davantage contrôlées, 80% que ce serait un monde avec moins de solidarité. »

La thésaurisation, un phénomène amplifié par la crise

L’attachement des ménages aux espèces en temps de crise – déjà observé en 2008 – s’est confirmé avec la pandémie de coronavirus, avait relevé la BCE dans une note publiée il y a quelques mois.

Paradoxe du contexte sanitaire : les paiements en cash ont fortement diminué depuis l’année dernière au bénéfice du paiement sans contact, tandis qu’en parallèle, le nombre de billets en circulation dans la zone euro a atteint des records (+11% par rapport à une moyenne annuelle de 5% environ).

D’après la BCE – outre la forte surépargne abondée sur les comptes courants, livrets et autres placements financiers – les Européens ont également conservé une part importante de cash sous leur matelas, comme valeur de réserve.

L’institution estime qu’entre un quart et la moitié de la valeur des billets en euros serait actuellement ainsi mise à l’abri chez particuliers, mais aussi les entreprises et les commerçants.

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