L’épargne solidaire continue de progresser, mais doit gagner en notoriété

L’épargne solidaire continue de progresser, mais doit gagner en notoriété

La majorité des épargnants s'estiment encore mal informés sur cette branche de l'investissement durable, dont les encours, encore faibles, progressent de plus de 25% chaque année.

L’épargne solidaire continue de progresser, mais doit gagner en notoriété
Crédit photo © iStock

En croissance à deux chiffres depuis plusieurs années, l’épargne solidaire n’a pas à rougir du rythme de son développement, mais elle demeure encore peu connue du grand public.

En témoigne un récent sondage OpinionWay pour France Active réalisé il y a quelques semaines, rapportant que plus des deux tiers des épargnants Français s’estiment insuffisamment informés sur ce type de placements, leur rentabilité et leur finalité.

L’épargne solidaire, qui représentait en 2021 24,5 milliards d’euros d’encours, ne représente toujours qu’une goutte d’eau dans l’océan de l’investissement responsable (l’encours des seuls fonds labellisés ISR était estimé à la fin 2021 à 777 milliards d’euros), mais elle a pourtant de quoi séduire beaucoup de ménages.

La finalité solidaire plébiscitée par un épargnant sur quatre

Car depuis la crise sanitaire, l’importance que les Français accordent à la destination durable et solidaire de leurs placements s’est particulièrement accentuée. Chez les plus jeunes, la finalité responsable de leurs investissements est même devenue une priorité.

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En dépit de l’inflation, qui devrait rogner leur pouvoir d’achat en 2023, un Français sur deux déclare souhaiter épargner l’année prochaine : 17% des sondés prévoient même de mettre plus d’argent de côté que cette année, et 25% aimeraient que cette épargne ait une finalité solidaire, « c’est-à-dire qu’elle puisse soutenir le développement économique et contribuer à la réussite de projets solidaires sur le territoire », rapporte l’enquête de France Active.

Les thématiques sociales en bonne place

Interrogés sur les thématiques solidaires dans lesquelles ils préfèreraient investir, les Français donnent la priorité aux thématiques sociales - 20% privilégieraient des projets favorisant le lien social, une même proportion orienteraient leur épargne dans des projets se concentrant sur l’emploi de personnes les plus éloignées de l’emploi, et 32% dans des projets environnementaux.

Un peu moins d’un sondé sur deux (44%) se déclare par ailleurs prêt à se montrer patient et à investir sur des projets rentables à moyen ou long terme, un chiffre qui grimpe à 56% chez les 18-34 ans. Des attentes relativement à-propos pour ce type d’épargne.

Car si les fonds d’investissement responsable ont en général des objectifs de rendement, lesquels peuvent même être plutôt ambitieux (en ligne, voire supérieurs aux placements équivalents "classiques"), la finance solidaire répond à une logique différente.

Davantage que la performance financière, l’objectif de ces placements est de soutenir des projets solidaires, dont une partie est d’ailleurs portée par des structures à but non lucratif, plutôt que de poursuivre un objectif financier, si ce n’est celui de trouver sa viabilité et sa durabilité.

La finance solidaire, de l'impact mais pas forcément du rendement

Les livrets d’épargne solidaire, par exemple, ne délivrent pratiquement aucun rendement : 0,05% brut pour celui de la Nef, qui fait office de référence dans le secteur.

Idem pour les investissements dans les foncières solidaires qui peuvent offrir une réduction d’impôt sur le revenu* mais ne versent pas de dividendes, comme celle d’Habitat & Humanisme par exemple, et dont l’impact social des investissement comporte un effet de levier de 3 à 4 : 1€ investi permet de mobiliser 3 à 4€ de financement dans le logement solidaire.

En pratique, cependant, la majorité des encours placés en finance solidaire combinent ces deux objectifs d’impact et de performance financière, à travers des fonds dénommés "90/10", des supports investissant entre 5% et 10% de leurs actifs dans des organismes agréés "entreprise solidaire", et le reste en actions et obligations.

Les fonds 90/10 représentent aujourd’hui près de 60% des encours de la finance solidaire, par l’intermédiaire des plans d’épargne entreprise (PEE), qui sont obligés d’en proposer dans leur offre d’investissement.

Mais on les retrouve aussi dans d’autres enveloppes, comme l’assurance vie, les distributeurs étant aussi tenus de proposer au moins un fonds solidaire dans leurs offres de contrats.

*Avantage IR-SIEG, réduction d’impôt sur le revenu de 25% plafonné à 50.000€ pour un célibataire et 100.000€ pour un couple.

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