L’assurance vie fait le plein de réserves

L’assurance vie fait le plein de réserves

Les titulaires d’une assurance-vie recevront bientôt le rendement dû pour l’année 2021 sur leur contrat. Mais, une petite partie des gains est mise chaque année de côté par les compagnies et elle représente aujourd’hui une somme colossale.

L’assurance vie fait le plein de réserves
Crédit photo © Reuters

Les épargnants soucieux de faire fructifier leurs économies ont généralement souscrit une assurance-vie. Dans le petit monde des produits sécurisés (Livret A, LDDS, PEL, etc.), celle-ci a l’avantage d’offrir aujourd’hui le meilleur rendement : les fonds en euros qui y sont disponibles – ceux dont le capital est garanti – ont servi 1,3% en 2020, selon la Banque de France. Cependant, ce chiffre aurait pu être plus élevé si les compagnies avaient reversé l’intégralité des gains à leurs assurés.

Outre une rémunération qu’elles peuvent soustraire (15% maximum) de cette plus-value, elles sont autorisées à mettre de côté chaque année une partie du rendement dans ce que l’on appelle la "Provision pour participation aux bénéfices" (PPB aussi désignée par "Provision pour participation aux excédents"). « Très souple d’utilisation, la PPB est la véritable variable d’ajustement des taux de rendement, car elle permet de lisser dans le temps les taux de rémunération servis aux assurés au titre des contrats et fonds en euros », explique Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Good Value for Money, dans un récent communiqué.

Un rendement potentiel supérieur à 4%

Il a calculé que le montant de cette PPB s’élève pour l’année 2020 à 65 milliards d’euros, en hausse de 3 milliards par rapport à 2019. Autrement dit, si les assureurs décidaient du jour au lendemain de distribuer ce butin, ils pourraient offrir un taux de 4,52% en une seule fois à leurs assurés. Scénario hautement improbable, car ces réserves ont bien vocation à être rendues au goutte à goutte, dans un délai de huit ans maximum. Elles peuvent en plus être comptabilisée, depuis fin 2019, en fonds propres de l’assureur (alors que, oui, cet argent est censé revenir aux épargnants). Cela offre aux compagnies un coussin de sécurité afin de répondre aux exigences réglementaires de solvabilité.

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« Le secteur a de quoi absorber des chocs éventuels sur les marchés et faire face à une possible remontée progressive des taux d’intérêts », remarque Cyrille Chartier-Kastler pour signifier que les taux ne vont pas s’effondrer. La CNP, Predica, les Assurances du Crédit Mutuel, Cardif et la Sogécap, qui figurent parmi celles qui détiennent le plus grand nombre de contrats, disposent aussi des plus importantes PPB. « A titre d’illustration, le reversement de cette réserve permettrait à ces assureurs de soutenir les taux servis sur les fonds en euros de leurs clients de 0,73 % par an sur une période de 8 années », indique encore Cyrille Chartier-Kastler.

S’il a précédemment pronostiqué dans une interview à la Tribune de l'assurance un rendement moyen à 0,90% en 2021 (avec une méthode de calcul légèrement différente de celle de La Banque de France), soit « le point bas du niveau des taux servis », ses analyses sur la PPB laissent entrevoir la capacité des assureurs à supporter la rémunération des fonds en euros que ce soit pour l’année qui vient de s’écouler ou à moyen terme.

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